La duperie des vérités évidentes

 


Par Aurélio Santos, membre du Comité Central du PCP


 

Traduit par AC pour Solidarité-Internationale-PCF


 

Il y a toujours eu des pauvres, et il y en aura toujours. S'il n'y avait pas de patron, nous n'aurions pas de gagne-pain. Les entreprises sont les seules à créer de la richesse.

 

Il y en a qui défendent, encore aujourd'hui, des vérités comme celles-ci, tellement évidentes, qu'elles ne nécessitent pas de démonstrations, se justifiant par elles-mêmes. L'idée est rassurante, puisque elle dispense du travail de la pensée. Mais d'un autre côté, si l'on ne pouvait mettre en doute de telles vérités, nous courrions le risque, encore aujourd'hui de croire que c'est le Soleil qui tourne autour de la Terre.

 

Les vérités évidentes sont fréquemment une duperie qui, en tant qu'outil de propagande, est utilisé pour par ceux qui veulent imposer une idée. Facile à assimiler, ces vérités deviennent chez les plus crédules des faits indiscutables pour lesquels toute démonstration est naturellement inutile.

 

Elles sont là, ces vérités, pour offrir la certitude absolue de l'inéluctabilité du capitalisme, qui connaît une crise dont la responsabilité est à attribuer à une poignée de spéculateurs malhonnêtes et non au système lui-même. Parce qu'elles rejettent un capitalisme sauvage et irresponsable.

 

Et elles en appellent maintenant à un capitalisme à visage humain, sans écarts ni excès, qui mettrait en place un marché sain, avec plus de régulation et de contrôle, sans actifs toxiques, un capitalisme où les patrons respecteraient des principes moraux, finalement un capitalisme nouveau, qui prenne en considération le bien commun, empli de solidarité et d'humanisme.

 

Et la crise? Ils prétendent que l'on pourra seulement y mettre fin par la convergence de tous les efforts, si on sait se montrer coopératifs et confiants alors nous pourrons la surmonter, et ainsi porter assistance solidairement aux plus défavorisés.

 

Cette analyse psychologique de la crise laisse à penser que la crise du capitalisme n'a quasiment pas de racines et de conséquences économiques et sociales. Et elle est aussi fréquemment utilisée pour entretenir le vide idéologique et politique.

 

Cela fait penser au conseil d'une respectable dame anglaise au moment du départ de son jeu fils pour l'Inde en quête de fortune: « Bonne chance, mon fils! Deviens riche! Gagne de l'argent – honnêtement, si c'est possible ».

 

Numéro 1851 d'Avante, du 21 mai 2009: http://www.avante.pt/

 

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