Comment faire face à la crise. Et mettre fin à la politique "d’expédients"

Parti Communiste Libanais, 8 mai 2009


« Le travail avant tout, votez pour nous ».

« L'économie avant tout, votez pour nous ».

Les mots « corruption », « dette » et « pauvreté » sont rayés, sans pour autant disparaître…. 


Voilà quelques spécimens de slogans, choisis parmi des centaines d’autres et à travers lesquels la majorité et l’opposition, réunies dans un même gouvernement, ont décidé d’attirer à eux l’attention des citoyens libanais durant ces jours électoraux. Et, tandis que les batailles battent leur plein entre les deux parties de l’alliance qui nous gouverne, les cris de l’argent qui nous vient des Orients nous disent : « Si vous votez, d’abord, pour moi et je vous ferais votre fortune ».

 

Ce qui attire l’attention dans ces slogans, c’est que les deux parties au pouvoir (entendre : les deux groupes du « 8 mars » et du « 14 mars ») parlent des soucis causés au peuple libanais (par qui ?) et essayent de miroiter des moyens pouvant diminuer le poids de la crise sous lequel il ploie. De même, si l’on croit les différents programmes électoraux bien détaillés, on se croirait en train de préparer l’avènement prochain de la «République» de Platon.

 

Ainsi, donc, tous ceux qui ont pressuré le peuple tentent, aujourd’hui, de le séduire en lui faisant les doux yeux, tandis qu’il est ailleurs, très loin des slogans qui envahissent les rues et les deux côtés des routes du pays. Ses travailleurs et ses paysans, ses employés et ses fonctionnaires vivent dans les impasses des problèmes quotidiens. Ils cherchent des solutions au chômage grandissant. Ils luttent pour leur pain quotidien, pour en finir avec la paralysie causée par la crise actuelle du capitalisme envenimée, encore plus, par les divisions entre les émirs des différents confessions politico-religieuses sur le partage du gâteau.

 

La crise prend des aspects de faillite ; elle ressemble de plus en plus à une bête féroce dont les mâchoires grandes ouvertes risquent de se refermer sur le Liban.

 

 

En effet, le rapport du Fonds monétaire international, paru il y a quelques semaines, montre clairement que le Liban traverse une période très difficile. Le même rapport ajoute que les difficultés vont grandissant et atteindront un stade très dangereux durant la seconde moitié de l’an 2009, tandis que le gouvernement ne fait rien pour lutter contre la récession galopante.

 

Quant aux études parues dernièrement, elles font, toutes, état des grands changements négatifs qui se sont opérés depuis la première moitié des années quatre-vingt-dix du siècle passé et qui concerne tous les domaines de la vie, contrairement aux bilans mensongers des deux gouvernements de Fouad Sanioura…

 

Le pays vit, aujourd’hui, « d’expédients », comme on disait à la veille de la Révolution française de la fin du XVIII° siècle.

 

Il vit parce des rentrées dues à la hausse hebdomadaire du  prix de l’essence et aux rentrées de la TVA. Parce que les secteurs productifs battent de l’aile et qu’il n’y a plus beaucoup  dans les caisses de l’Etat… On se demande, d’ailleurs, s’il reste encore quelque chose des retraites des pauvres dans les caisses de la Sécurité sociale.

 

Donnons quelques chiffres pour étayer nos dires :

 

-La dette nationale a dépassé 50 milliards de dollars.

 

-90% des rentrées provenant des taxes et des impôts sont engloutis par les intérêts de la dette.

 

-Le nombre des pauvres a augmenté de 400 000, entre 1995 et2005, atteignant le chiffre de deux millions, tandis qu’un tiers des Libanais vivent sous le seuil de la pauvreté (avec moins de trois euros par jour).

 

-Le taux du chômage a dépassé les 24%, même si le gouvernement déclare 14% seulement. Et les rapports d’ajouter que 35% des jeunes entre 20 et 30 ans sont des chômeurs. Mais le plus grand taux est réservé aux femmes qui ont, aussi, à subir la discrimination dans les salaires et les allocations sociales.

 

-120 000 familles ne possèdent aucune source d’eau potable ; elles n’ont pas, non plus, ni moyens pour se réchauffer ni égouts.

 

-52% de Libanais n’ont ni sécurité sociale ni sécurité médicale.

 

 

Ces chiffres expriment l’échec de l’alliance au gouvernement, la majorité qui détient les deux tiers du pouvoir aussi bien que l’opposition du groupe du 8 mars qui a le troisième tiers, à trouver les solutions capables de sortir le pays de la crise due, d’ailleurs, aux politiques économiques pratiquées depuis la fin de la guerre civile, et plus précisément depuis 1992 ; à commencer par le plan décennal pour arriver aux trois conférences de Paris et, enfin, à la conférence de Beyrouth… Et nous pensons que ceux qui parlent aujourd’hui d’une certaine issue à la crise, grâce à l’argent dispensé pour les élections législatives du 7 juin (on parle de deux milliards de dollars), tentent de nous leurrer une fois de plus afin que nous les laissions faire ce qu’ils veulent.

 

Ils ont peur de nous, même s’ils sont parvenus à paralyser, ou presque, le mouvement syndical et donner de l’élan au confessionnalisme. Cependant, les mouvements sociaux des derniers mois, surtout chez les enseignants et certaines fédérations syndicales, laisse prévoir des possibilités solides de lancer un large mouvement revendicatif dont les deux piliers sont :

 

 • L’imposition aux deux parties (même divisées) de l’alliance de la classe bourgeoise et des restes du féodalisme politique  de mettre fin aux dérives économiques et de prendre les mesures capable d’inverser la vapeur pour mettre le pays sur la voie conduisant à le sortir de la crise.

 

• La mise en route des réformes politiques et administratives nécessaires, en premier lieu la décentralisation, le développement équilibré des différentes régions ainsi que la réforme de la loi électorale dans le sens de la proportionnelle et de la suppression du confessionnalisme.

 

Est-ce notre dernière chance de sauver notre pays ? Prenons-la.

Site du Parti Communiste Libanais: http://test1.lcparty.org/

Lien vers un article d'Avante sur l'histoire et l'actualité du Parti Communiste Libanais: Quatre jours avec les communistes libanais

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