Parti Communiste Ouvrier Hongrois: A propos des élections européennes
21 juin 2009
Déclaration de la direction du Parti Communiste Ouvrier Hongrois
Traduction BL pour l'Idéologie Européenne – transmis pour publication sur Solidarité-Internationale-PCF
1. 36,29 % des électeurs ont participé aux élections. Cela indique que les gens sont insatisfaits de la situation actuelle. Au cours des derniers mois, 100 000 personnes ont perdu leur travail et dans les mois qui suivent 200 000 sont menacées de licenciement. Les gens ont épuisé leurs réserves et n’ont plus de quoi faire face à la nouvelle hausse des prix et à la baisse de leur revenu. La situation qui se dégrade est une source d’insécurité pour tout le monde. Chacun a désormais peur du lendemain et ne voit aucune issue.
Les gens sont insatisfaits de la place de la Hongrie dans l’Union européenne, de la « chambre de bonne » que nous occupons dans la « maison européenne ». Pour la majorité d’entre eux, l’appartenance à l’UE n’a rien apporté si ce n’est quelque chose de mauvais.
Les travailleurs ont été déçus par les partis parlementaires, particulièrement par le MSZP [Parti Socialiste Hongrois] au pouvoir depuis sept ans. Ils ne leur font pas confiance. Ils sont dégoûtés par le cirque ridicule de la politique, par le fait qu’on ne s’occupe pas des problèmes réels de la population au parlement. La conséquence de tout cela, c’est que très peu ont été voter.
2. Le Fidesz [Alliance des jeunes démocrates, principal parti d’opposition de droite NdT] a gagné les élections. La victoire du Fidesz était attendue et prévisible. Les gens sont à un tel point mécontents du gouvernement socialiste-libéral [alliance du MSZP et du SZDSZ, petit parti libéral NdT] qu’ils ont voté massivement pour le Fidesz.
3. Le MSZP a essuyé une grave défaite, ce qui était aussi prévisible. Le MSZP et le gouvernement socialiste-libéral a bradé le pays. Ils ont plongé des millions de personnes dans la misère. Ils ont poussé le pays dans le crime et ont fait de la corruption et de l’absence de scrupules un trait caractéristique de la politique hongroise. En se proclamant parti de gauche, ils ont discrédité les idées de gauche.
4. Le Jobbik [parti d’extrême-droite qui plafonne habituellement à 3-4 % NdT] a obtenu 17,77 % aux élections et entre ainsi au parlement européen comme troisième force politique. La progression du Jobbik a plusieurs causes. Dans la situation difficile actuelle, alors que des millions de personnes connaissent une grande incertitude dans leurs conditions d’existence et la misère, beaucoup se sont reconnus dans les slogans anticapitalistes, anti-juifs et anti-tsiganes du Jobbik. L’anticapitalisme du Jobbik n’est cependant qu’un mensonge et ne sert que les buts de sa propagande. Ils ne luttent pas contre le capitalisme mais imaginent uniquement une autre sorte de capitalisme.
Par ailleurs, le MSZP et le SZDSZ portent une lourde responsabilité dans la progression de l’extrême-droite. Le MSZP et le SZDSZ ont utilisé le Jobbik dans le but d’intimider les électeurs de gauche déçus par le gouvernement. Pour preuve – alors qu’on a fait taire le Munkáspárt [Parti ouvrier] dans les médias ces dernières années – on parlait continuellement du Jobbik et on leur laissait un espace.
5. Le Munkáspart a obtenu 27 829 voix, soit 0,96 %. En pourcentage, c’est le double des élections parlementaires de 2006 où il avait obtenu 0,41 %, mais il fait aussi plus en terme absolu car il avait alors rassemblé 22 000 voix. C’est la première fois depuis longtemps que le parti obtient un nombre de voix supérieur à celui des ‘fiches de soutien’ collectées [fiches de soutien nécessaires à un parti pour se présenter aux élections en Hongrie. Il en fallait 20 000 pour ces élections NdT]. Selon tous les indices, le Munkáspárt a surmonté la grave crise de 2005-2006 et commence à se relever.
Le Munkáspárt s’est investi dans les élections tout en sachant que les règles du jeu ne le favorisaient pas, les forces capitalistes nous écartant des médias et l’argent nous manquant. Dans le même temps, nous savions que les élections européennes nous donnaient une possibilité de diffuser nos positions politiques et de faire connaître nos candidats et nos nouveaux cadres. Nous avons utilisé ces possibilités dans une large mesure.
Le fait que le Munkáspárt ait obtenu suffisamment de bulletins au départ et ait ainsi pu se présenter aux élections européennes parmi 8 partis est un succès significatif. Il s’agit d’un résultat important et il doit nous donner de la force pour envisager l’avenir.
La rassemblement des ‘fiches de soutien’, la campagne, la discussion avec de très nombreuses personnes ont montré que l’appréciation du Munkáspárt était meilleure qu’auparavant. Les gens connaissent le Munkáspárt et apprécient que nous soyons honnêtes et conséquents. Ils venaient vers nous mais de manière encore incertaine. Beaucoup craignaient que nous ne soyons trop faibles, beaucoup se faisaient avoir par la propagande du capital qui suggérait qu’il ne valait pas la peine de voter pour les petits partis. Les slogans mensongers du MSZP ont porté comme celui selon lequel « la droite s’unit avec l’extrême-droite ».
Pour autant, il est vrai que la collecte des ‘fiches de soutien’ s’est faite lentement, et le danger de pas pouvoir en rassembler assez est resté présent jusqu’à la dernière semaine. L’expérience générale montre que le travail se déroule bien là où nous avions déjà travaillé les dernières années. Dans beaucoup de nos organisations, la collecte ne s’est pas faite sérieusement mais seulement de façon sporadique. Beaucoup de membres du parti – d’ailleurs aptes à travailler – n’ont pas pris part aux assemblées.
Il est vrai aussi que nous ne pouvons pas rassembler des milliers de fiches dans chaque district électoral. Les représentants de beaucoup de territoires n’existent que sur le papier et n’ont réalisé aucun travail. Mais il y a du bon dans cette expérience négative : nous savons désormais sur qui et sur quelles organisations nous pourrons construire dans la prochaine période.
La campagne des élections européennes a apporté de nombreux résultats et a été globalement une expérience positive. Les gens accueillent favorablement le discours du Munkáspárt sur les 20 dernières années ainsi que son programme. On l’a ainsi lu dans certains endroits où on ne l’avait pas fait auparavant. Les gens apprécient que le programme parle des travailleurs, soit de gauche et national tout à la fois et le fait que les revendications soient radicales. Le Munkáspárt s’adresse à un public relativement large et beaucoup apprennent à connaître notre programme. Nous avons appris de nouveau moyens de militer, nous sommes plus nombreux dans la rue, dans les marchés et nous nous rendons systématiquement dans les usines.
La campagne a aussi montré de nombreuses insuffisances et a représenté beaucoup d’expériences négatives. Nous ne pouvions imprimer notre programme qu’à un très petit nombre d’exemplaires sans pouvoir, de plus, les utiliser partout. Dans beaucoup d’endroits, le matériel n’a pas été donné de la main à la main mais déposé dans les boites aux lettres, ce qui n’est pas efficace. Dans la plupart des endroits, on s’est contenté de rassembler les ‘fiches de soutien’ pour la campagne des européennes, dans quelques endroits seulement ont été réalisés des porte-à-porte, dans peu d’endroits enfin a été menée une agitation efficace. Nous avons inventé des nouvelles méthodes efficaces pour militer mais nous les avons peu appliquées, le bon exemple se diffusant difficilement.
Les élections ont montré qu’il fallait corriger le travail de direction au centre. Tenir une réunion de la direction du comitat n’est pas suffisant, le fait que le président du parti parcourre le pays n’est pas suffisant non plus. Pour que le centre soit plus efficace, plus de personnes doivent aider les dirigeants du parti dans les comitats et à Budapest.
6. Les élections européennes ont montré que les partis communistes et ouvriers sont présents de manière active dans des circonstances extrêmement difficiles dans la plupart des pays européens. Les communistes grecs ont conservé les trois mandats qu’ils possédaient jusqu’à maintenant, le nombre de députés tchèques a baissé de six à quatre. Nos amis portugais ont augmenté de 2 à 5 leur nombre de députés. En Espagne, le nombre de députés communistes baisse de deux à un. En Slovaquie, ils obtiennent 2,1 % et ne sont donc pas représentés.
7. La présidence du Munkáspárt demande aux membres du parti, à ses organisations : continuons le travail, en nous appuyant sur ces premiers résultats modestes mais tangibles. La lutte n’a pas commencé hier et ne finit pas aujourd’hui. Nous devons continuer à lutter pour l’intérêt des travailleurs, contre le capital.
Budapest, le 8 juin 2009
Site du Parti Communiste Ouvrier Hongrois: http://www.munkaspart.hu/
Publié initialement sur: http://www.ideologie-europeenne.fr/
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