Le PCP dans la lutte des travailleurs d'Autoeuropa: illustration du rôle et de l'importance des cellules d'entreprise
07 juil. 2009
Le PCP dans la lutte des travailleurs d'Autoeuropa: illustration du rôle et de l'importance des cellules d'entreprise
En contraste avec l'article précédant, reprenant les propos d'un député du Bloc de Gauche sur la lutte à Autoeuropa, cet article d'Avante retranscrit les différentes expressions de la cellule du PCP à Autoeuropa à travers son bulletin L'Etincelle (O Faisca), et démontre le rôle que celle-ci joue pour animer la lutte et lui donner une perspective politique. La fin de l'article révèle, une fois de plus, le clivage entre une scène publique, médiatique, politique dominée par un anti-communisme visant à légitimer une politique de régression sociale et la lutte, résolue, que mène le PCP aux côtés des travailleurs. AC
Traduction AC pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/
Le PCP contre le chantage à Autoeuropa
Dignité de classe
A Autoeuropa se déroule une intense lutte de classes, accompagnée d'une non moins violente pression idéologique pour forcer les travailleurs à abandonner leurs droits. Le PCP est à sa place, au côté des travailleurs.
La majorité des travailleurs d'Autoeuropa « a rejeté, plus d'une fois, le fait que ses droits soient attaqués et entend bien les défendre face à l'offensive que la direction mène, en ayant recours au chantage, avec l'aide des médias et de tout un ensemble de faiseurs d'opinion convoqués à cette fin ». Voilà l'analyse que fait la cellule du parti d'Autoeuropa du rejet, par un réferendum interne, du pré-accord proposé conjointement par la direction et par la Commission des Travailleurs.
Dans le numéro de Juin de L'étincelle (O Faisca), sorti le 24 juin, les communistes considéraient que les justifications présentées pour cette tentative d'imposer cette régression sociale « n'ont pas la moindre crédibilité ». Selon le PCP, « cela n'a pas de sens de réduire le paiement des heures supplémentaires quand, à Autoeuropa, les salariés ne représentent que 5% des coûts de production. »
Une fois cela dit, les mesures mises en avant dans le pré-accord permettraient des « économies dérisoires ». Dans la même idée, demandent les communistes, « pourquoi exiger le travail extraordinaire le samedi quand ils disent devoir réduire la production? »
Dans le même texte, la cellule communiste mettait en garde: « le résultat de ce réferendum n'écarte pas définitivement le danger de régression sociale. La direction reviendra à la charge, de nouveau accompagnée par le choeur des commentateurs, du gouvernement et des associations patronales ».
Curieusement, le jour même où a est sorti ce numéro de l'Etincelle, le PDG d'Autoeuropa, Andreas Heinrichs, a envoyé une carte aux « collaborateurs » de l'entreprise, où il annonçait de nouvelles mesures, entre autres, la réduction de la production, le maintien des termes du pré-accord et l'application des 10 jours de lay-off jusqu'à la fin 2009.
Respecter les travailleurs
Depuis, la cellule du Parti a publié un nouveau communiqué où elle conteste cette décision de la direction. Pour les communistes, il s'agit d'une « attaque contre les intérêts des travailleurs ». Avec cette déclaration, ajoutent-ils, la direction « fait tomber le masque de la « libre négociation » et montre son véritable visage, celui, encore une fois, du chantage gratuit ». Réaffirmant que la « volonté des travailleurs doit être respectée », le PCP défend que, face au résultat du réferendum, la solution devra être trouvée « entre les parties ».
La proposition de la direction révèle une contradiction flagrante, montrant le caractère purement politique des mesures proposées. Si, d'un côté, elle maintient les termes du pré-accord qui prévoit, encore pour cette année, que deux samedis soient travaillés et qu'un seul soit payé (ce qui supposerait la nécessité d'augmenter la production), de l'autre, elle avance, avec le lay-off, dans la direction totalement opposée.
Pour la cellule du Parti (s'exprimant dans le numéro de Juin de l'Etincelle), les travailleurs doivent exiger que la direction respecte et tienne en compte « tous les sacrifices que les travailleurs ont déjà fait dans le passé, avec les concessions pour défendre l'emploi, créer de nouveaux postes de travail et permettre la vente de nouveaux produits ». Mais aussi qu'elle respecte « l'impact que ces concessions ont eu sur les résultats de l'entreprise tout au long de ces dernières années, notamment en termes de bénéfices obtenus ».
Quelque soit la solution trouvée, elle doit assurer le « maintien des postes de travail existants (que ce soient ceux qui sont actuellement en CDI ou en CDD), en tenant en compte et en se rappelant l'accord signé pour la création de mille nouveaux postes de travail avec l'arrivée de la nouvelle Sharan ». C'est en respectant les droits et les protections des travailleurs que se poursuivra le fonctionnement normal de la production.
La crise pour qui?
Les communistes d'Autoeuropa rejètent l'idée que la direction puisse justifier les mesures proposées par la situation difficile de l'entreprise. Dans le numéro de Mai d'O Faisca, le PCP propose que les profits gagnés dans le passé servent à « surmonter la crise actuelle ». Et c'est possible de le faire, comme le prouvent les conclusions de la réunion annuelle des actionnaires de Volkswagen, où il a été décidé d'augmenter les dividendes par rapport à l'année précédente – de plus de 700 millions d'euros. A cela s'ajoutent les près de 900 millions mises en disposition par le gouvernement dans le cadre du Programme d'appui au secteur automobile.
Mais ce n'est pas la « crise » pour tout le monde. La revue allemande Der Spiegel a révélé, en Mars 2009, les revenus des dirigeants du groupe Volkswagen. En voici quelques exemples, rendus publics par les communistes de l'entreprise en Avril dernier: Martin Winterkorn a augmenté ses revenus annuels de 5,1 à 12,7 millions d'euros en 2008; Hans Dieter Potsch de 2,7 à 9,5 millions; Francisco Garcia passe de 2,9 à 9,5 millions d'euros, pendant que Jochem Heizmann a vu ses revenus annuels passer de 2,6 à 6,9 millions d'euros. Horst Neumann gagne autour de 6,8 millions d'euros, contre 2,7 auparavant. En somme, la rémunération des cinq principaux responsables est passé de près de 16,5 millions d'euros en 2007 à 45,5 millions l'année suivante.
Anti-communisme pour attaquer les droits des travailleurs
Le rejet du pré-accord par les travailleurs, a eu un grand écho dans les médias nationaux, tous parlant d'une seule voix sur la nécessité que les travailleurs cédent leurs droits au nom de « la lutte contre la crise ». Se sont inscrits dans la même veine le premier ministre José Socrates, le ministre du Travail, Vieira da Silva, et bien d'autres, tel que Belmiro de Azevedo.
Dans quelqu'uns des journaux à grand tirage, on accuse le PCP d'avoir « conduit » au rejet de l'accord, et d'avoir « manipulé » les travailleurs. Cela pourrait aboutir, répètent-ils jusqu'à épuisement, sur la suppression de plusieurs postes de travail.
Le secrétaire-général du PCP a justement répondu à ces accusations, le 23 juin, dans la déclaration suivante: « Nous n'admettons pas ni n'autorisons personne à affirmer cela », a déclaré Jéronimo de Sousa, rappelant que « les travailleurs ne sont pas manipulables ». Selon lui, le rejet du pré-accord a été un acte prouvant la « dignité de classe » des travailleurs d'Autoeuropa.
Numéro 1857, du 2 juillet 2009 d'Avante: http://www.avante.pt/
Site du journal de la cellule d'entreprise du PCP à Autoeuropa, L'Etincelle: http://www.ofaisca.pcp.pt/
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