La ligne de l'Union Européenne face à la crise? Business as usual...
22 juil. 2009 La ligne de l'Union Européenne face à la crise? Business as usual...
(Titre original: Business as usual…)
de Joao Ferreira, député européen du Parti Communiste Portugais
Traduction JC pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/
L'expression, au-delà de son sens littéral: « les affaires, comme d'habitude », traduit habituellement un scénario futur marqué par le maintien des (mêmes) conditions qui déterminent la situation présente.
On la retrouve à propos de la crise du capitalisme et de la manière dont le capital et ses représentants, devant les conséquences dramatiques de la crise pour les peuples, se place de manière à s'assurer que, dans le fond, ils pourront continuer sur la voie des politiques qu'ils ont mis en oeuvre jusque-là.
Et on la retrouve à propos de deux documents récents auxquels j'avais déjà fait référence dans cette rubrique: les conclusions du Conseil Européen de Juin (1) et le Programme de Travail de la Présidence Suèdoise pour le second semestre 2009 (2). Ils sont tous les deux éclairants sur les « solutions » que les dirigeants de l'UE désirent mettre en oeuvre, face à ce qu'ils reconnaissent être la « récession la plus profonde et la plus généralisée de l'après-guerre ». Récession qui est partie pour durer – contrairement à ce que Teixeira dos Santos, ministre des Finances et de l'Economie cherche à nous faire croire – comme vient de l'admettre maintenant le FMI qui prévoit, qu'en 2010, la Zone Euro (cette monnaie anti-crise qu'on nous promettait) « sera la seule grande économie du monde où on continuera à enregistrer une contraction de l'activité économique » (3).
Mis à part cette hypocrisie et ce double discours qui les emmènent à élaborer une « Déclaration solennelle sur les droits des travailleurs, la politique sociale et d'autres questions » et quelques autres discours fleuris (pour les Irlandais), il semble, que dans les deux documents programmatiques, les réelles intentions sur la ligne politique à suivre sont plus que claires: Business as usual...
On se déclare pour la construction d'un « nouvel ordre dans les marchés financiers », mais nous savons déjà que dans ce « nouvel ordre », les paradis fiscaux de toutes sortes, comme la libre circulation des capitaux qui les fait vivre, sont des choses trop importantes pour être remises en cause. La « régulation » et le « contrôle » (aujourd'hui comme hier...) mettront fin aux « excès »
Quant aux interventions étatiques dans le secteur financier, après les gigantesques opérations de recpaitalisation, avec des injections massives d'argent, ponctionné dans la sphère productive, pour éviter sa faillite, les dirigeants de l'UE ont mis en garde: « le cadre opérationnel dans lequel évoluent les institutions financières continue à être difficile (…). Les gouvernements, par conséquent, doivent rester vigilants au cas où de nouvelles mesures de recapitalisation ou d'assainissement des comptes seraient nécessaires. » Toutefois, la portée et les limites de cette intervention sont clairement définies: « toutes les mesures doivent être compatibles avec les principes du marché unique (…) et prendre en compte la nécessité d'un stratégie crédible de sortie de crise ».
Fuite en avant
Dans l'autre document, par rapport à « l'intensification des efforts dans le soutien à l'emploi » on affirme que « la lutte contre le chômage continue à être la grande priorité », en défendant l'adoption de mesures, coordonnées, et naturellement qui « sont en conformité avec les règles du marché unique ». Et de plus on affirme que « la flexsécurité est, dans la situation actuelle, un important moyen de modernisation ainsi qu'un moyen de favoriser l'adaptabilité des marchés du travail. »
Les exemples se succèdent, ils sont plus que nombreux, et tous ne rentreraient pas dans la place réservée à cette rubrique. Tous ces mots pour dire quoi? Business as usual...
Confronté aux limites imposées par les contradictions intrinsèques au développement du capitalisme, le capital européen essaie une fuite en avant, en cherchant à imposer un nouveau cyle, dans lequel les peuples seraient obligés de vivre avec (encore) moins de droits et sous des formes d'exploitation plus intense.
Si, dans l'Union Européenne, la crise trouve son origine dans les politiques néo-libérales prescrites dans les Traités et dans « la Stratégie de Lisbonne » - « la promotion de la libre circulation des capitaux et leur dérégulation, la libéralisation des marchés et la croissante financiarisation de l'économie; (…) l'intensification de l'exploitation à travers la déréglementation des relations de travail, la baisse des salaires et de sa compensation par la spirale de l'endettement; et la pression pour la libéralisation et la privatisation des services publics, essentiels au développement économique et social » (4) – donc, n'importe quelle stratégie de sortie de crise, sérieuse et conséquente, doit nécessairement passer par la voie de la rupture, et prendre le contre-pied des grandes lignes des politiques mises en oeuvre jusqu'à alors.
Dit autrement, toute sortie de crise doit passer, nécessairement, par la rupture avec le capitalisme, que les seigneurs de l'UE ne sont, naturellement, pas disposés à réaliser. C'est une tâche qu'il revient aux peuples de concrétiser.
(1)Conclusions de la Présidence du Conseil Européen de Bruxelles (18/19 Juin 2009)
(2) Programme de Travail pour la Présidence Suèdoise de l'UE (1 Juillet-31 Décembre 2009)
(3) « Jornal de Negócios » du 09 juillet 2009
(4) Déclaration programmatique du PCP pour les Elections Européennes de 2009
Numéro 1859, du 16 juillet, d'Avante, journal du Parti Communiste Portugais: http://www.avante.pt/
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