"Harmonisation" européenne des dispositifs de renseignement et de sécurité:une menace pour les libertés démocratiques
26 juil. 2009
UE: Attaque contre la liberté et la démocratie
de Mauricio Miguel
Traduction MA pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/
On ne trouve pas aujourd'hui un document important dans l'Union Européenne qui ne fasse pas référence à la « démocratie », à la « liberté », à la « justice » et aux « droits de l'Homme » comme des « valeurs communes » qui unissent ses pays membres. La pratique est, toutefois, bien différente de la propagande.
La pratique de l'UE, c'est la négation des « valeurs » qu'elle affirme défendre dans bien des domaines. C'est leur négation, quand elle bafoue la volonté du peuple irlandais et quand on lui impose un nouveau référendum sur un Traité (de Lisbonne) qui a déjà été rejeté par ce peuple et par les peuples français et hollandais. C'est leur négation, quand elle cherche à s'attaquer aux droits des travailleurs avec la flexsécurité, avec la privatisation des services publics de la santé, de l'énergie, des transports. C'est leur négation, quand l'UE participe à l'attaque contre les droits, les libertés et les garanties des citoyens, comme dans le cas des « vols de la CIA », avec séquestrions et tortures, ou dans la croissante sélection et criminalisation des immigrés.
C'est au nom de ces « valeurs communes » que l'on a créé, en 1993, avec le Traité de Maastricht, l' « Espace commun de liberté, de sécurité et de justice », dans le cadre du pilier Justice et Affaires Internes (JAI) de l'UE, en collaboration avec les Etats-Unis et l'OTAN. Les attentats de New York (Etats-Unis), en septembre 2001 ont mené à l'adoption de fortes mesures d' « exception », étendues par la suite, dans une large mesure, à l'UE. Les attentats de Madrid en mars 2004 et plus tard, à Londres, en juillet 2005, ont engendré un état de peur grâce auquel on a pu « justifier » l'importation de ces mesures dites de combat contre le terrorisme.
Dans le cadre de la présidence suèdoise du Conseil de l'UE, est prévue l'adoption d'un plan d'action pour la JAI durant la période 2009-2014, le programme de Stockholm, qui, une fois mis en oeuvre, constituerait une attaque profonde contre la liberté et la démocratie. Le but de ce programme est de rendre permanent quasiment tout ce qui est considéré jusqu'à présent comme répondant de la coopération au cas par cas, surtout dans ce qui a trait à l'harmonisation des mesures entre les pays et le transfert à l'UE de compétences qui était exclusives aux Etats, dès que le fameux Traité de Lisbonne entrerait en vigueur.
De nouvelles formes d'autoritarisme
A travers l'application du « principe de convergence » entre les mesures de sécurité intérieure et de sécurité extérieure, justifiées au nom du combat contre le terrorisme et contre l'immigration, l'UE cherche à légitimer une série d'initiatives qui la consolident comme bloc impérialiste, partenaire des Etats-Unis. Tout en attaquant frontalement la souveraineté nationale, le programme définira des principes communs en ce qui concerne la détention et le transfert de données personnelles, la création d'entités issues de la fusion d'organismes de contrôle frontalier des personnes et des biens, et de nouvelles compétences pour l'agence qui coordonne le contrôle des frontières des pays de l'UE avec les pays tiers, la FRONTEX.
Le « principe de convergence » sera, de la même manière, étendu à des missions dans des pays tiers, ce qui pourra signifier que des militaires, des para-militaires, des forces de la Police et de la protection civile ainsi que d'autres organismes et leurs personnels seront mis au service des agences européennes, et mis sous leur commandement. On vise aussi, à travers l'application de ce principe, à ce que les données personnelles recueillies par les agences de renseignement et de sécurité qui agissent à l'intérieur et à l'extérieur de l'UE soit harmonisées à travers des systèmes de renseignement compatibles entre eux, pour que tous puissent accéder à l'information de manière automatique. Ce qui se faisait jusqu'à maintenant sur la base de la coopération au cas par cas, sera désormais fait automatiquement et sans qu'il soit nécessaire d'avoir l'autorisation du pays en question. Des systèmes sont en train d'être mis en place (software et hardware) qui permettront cette harmonisation dans la collecte et le stockage des données, la surveillance des voyages et des communications, ainsi que des systèmes de partage des données, d'analyse du comportement, de collecte d'indicateurs biométriques (ex: photographie, empreintes digitales, taille etc.)
Le complexe militaro-industriel pourrait gagner des millions d'euros avec ce programme, ainsi qu'une concentration de moyens colossaux pour mener à bien ses programmes de recherche. La technologie n'est pas neutre, son usage au service d'un capitalisme toujours plus oppressif et agressif peut constituer un danger sérieux pas seulement pour les peuples et les pays de l'UE, mais aussi pour les autres pays et les autres régions, à travers un effet de contagion, qui sont par ailleurs aussi visés par ces projets.
Les mesures qui sont prises par l'UE et par les centres de décision du système capitaliste pour combattre la crise économique et financière ne constituent pas des solutions aux problèmes des travailleurs et des peuples. La crise du capitalisme va engendrer de nouvelles explosions sociales, avec l'intensification conséquente de la lutte des classes. Et de nouvelles formes d'autoritarisme, menaçantes, pointent déjà leur nez.
Numéro 1860 du 23 juillet 2009 d'Avante, journal du Parti Communiste Portugais: http://www.avante.pt/
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