Le mouvement pour la paix aux Etats-Unis, interview de Judith le Blanc (PC USA)
03 août 2009Le mouvement pour la paix aux Etats-Unis
Interview de Judith Le Blanc par Anna Pha pour The Guardian, hebdomadaire du Parti Communiste d'Australie
Judith Le Blanc est la coordinatrice nationale de « United for Peace and Justice », la plus grande coalition états-unienne pour la paix, et vice-présidente du Parti Communiste des Etats-Unis.
Traduction MA pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/
Partie 1: Le mouvement pour la paix aux Etats-Unis: la portée de l'élection d'Obama
Partie 2:La lutte pendant la crise économique aux Etats-Unis: Pas de paix sans justice
Partie 3: Le Parti Communiste: S'organiser pour le changement
Partie 4: Militarisme et population amérindienne/lutte pour la couverture maladie universelle
Partie 1: Le mouvement pour la paix aux Etats-Unis
Cette semaine, Judith nous parle du mouvement pour la paux et de la portée de l'élection d'Obama
Guardian: Judith, pouvez-vous nous parler de « United for Peace and Justice? »
Judith le Blanc: United for Peace and Justice est née de la lutte contre la guerre en Irak, et du rassemblement de groupes pour la paix et le désarmement traditionnellement organisés sur un plan national, et d'une série de coalitions locales pour la paix et la justice ainsi que de groupes de base qui ont émergé de cette lutte contre la guerre. On a commencé avec 300 organisations et maintenant on en est à 1400.
Aujourd'hui, nous sommes au coeur d'une réorganisation du mouvement pour la paix, pour ainsi dire, en trouvant de nouvelles manières d'impliquer les gens dans la lutte contre la guerre en Afghanistan et en faisant des efforts pour se rapprocher d'un mouvement qui, à plus long-terme, permettra de mettre fin à la militarisation du pays et de notre budget national.
Guardian: Quelle est l'attitude des Etats-Uniens vis-à-vis de cette guerre?
JB: Je pense que le mouvement pour la paix a remporté une incroyable victoire avec l'élection de Barack Obama, et par le fait qu'il ait tenu sa promesse de fixer une date butoir, un calendrier pour le retrait des troupes américaines d'Irak. Bien sûr, le calendrier qui a été fixé par la nouvelle administration n'est pas tout à fait ce que nous aurions souhaité. Mais vous ne remportez jamais une victoire totale, vous remportez toujours des victoires partielles et vous continuez à lutter.
Nous ressentons à bien des égards que notre travail pour mettre fin à la guerre en Irak et à l'occupation de l'Afghanistan repose sur des bases solides. La majorité de l'opinion publique était opposée à la guerre [en Irak] et s'est mobilisée pour battre McCain.
Maintenant, nous essayons d'impliquer ce mouvement qui a émergé en faveur de l'élection d'Obama et dans l'opposition majoritaire à la guerre en Irak dans un nouveau dialogue national sur l'histoire et l'impact de la guerre et de l'occupation de l'Afghanistan.
La guerre en Afghanistan a commencé en 2001. Elle a fait partie de la guerre mondiale contre le terrorisme que Bush a déclenchée à ce moment-là pour maintenir la dominantion militaire états-unienne par sa politique de la frappe préventive et de la guerre perpétuelle.
A ce moment-là, après le 11 septembre, il y a avait des gens qui ont pu ressentir cela comme une déclaration de guerre. Nous, au sein du mouvement pour la paix, avons bien sûr élevé nos voix et dit que le 11 septembre n'était pas une déclaration de guerre mais en fait une occasion de discuter, au niveau national, de ce qui a pu donner lieu à de tels actes terroristes.
Un nouvel espace politique
Maintenant nous évoluons dans un nouvel environnement, dans un nouvel espace politique dans lequel nous pourrions parvenir à aider les gens à comprendre que l'on ne peut pas résoudre les questions de sécurité nationale par la guerre. Que la simple présence des troupes américaines dans des pays comme l'Irak et l'Afghanistan débouche sur l'insurrection. Donc nous voulons aider le peuple Américain pour qu'il commence à faire pression sur le Congrès et sur l'Administration Obama afin qu'ils fasse marche arrière et qu'ils nous disent quel est leur plan de retrait.
Nous voulons aussi mettre une grosse pression sur l'administration Obama pour qu'ils mettent en oeuvre sa promesse électorale, qui était que la pierre angulaire de sa poltique étrangère serait: la diplomatie d'abord.
Nous croyons, comme près de 80% des Afghans, que le seul moyen pour que la situation en Afghanistan soit stabilisée est l'ouverture de négociations et le retrait des troupes américaines. Nous voulons mobiliser les gens pour qu'ils comprennent l'impact que l'offensive militaire états-unienne en cours a sur la région. Elle a fortement déstabilisé le Pakistan et le Pakistan est un pays qui dispose de l'arme nucléaire. L'enjeu est considérable, et il y a des coûts économiques à prendre en compte, évidemment avec la crise. Il est encore temps d'arrêter cette spirale infernale.
Donc, le mouvement pour la paix, les mouvements sociaux dans notre pays, sont-ils prêts à occuper l'espace politique que l'élection d'Obama a ouvert? Pas totalement, mais je pense que le mouvement pour la paix a accumulé suffisamment d'expérience pendant ces six années de lutte contre la guerre en Irak pour savoir qu'il va falloir un mouvement fort, bien organisé, qui élève la voix pour réaliser les changements qui sont nécessaires.
G: Jusqu'ici, comment jugez-vous la politique étrangère d'Obama?
JB: Après six mois, certains à gauche et dans le mouvement pour la paix disent que peut-être Obama est pro-impérialiste alors qu'en fait après six moints, rien n'est clair sur les orientations de l'administration Obama en termes de politique étrangère. Mais nous savons qu'une chose est claire: que le pouvoir de la pression publique peut faire changer cette administration, que l'opinion publique peut les influencer.
L'administration Obama est mis sur la sellette à cause de ce qu'a fait l'administration Bush dans le monde. Elle est mise au défi de donner un nouveau rôle aux Etats-Unis dans le monde et de refonder les relations qu'ont les Etats-Unis avec les autres pays. Sans refondation de ces relations sur une autre base que celle de la diplomatie, du respect pour le droit international et la souveraineté nationale, sans changement dans cette direction, les dépenses militaires seront sans fin. Les seuls qui en profiteront seront le complexe militaro-industriel.
Je pense que l'administration Obama a fait des progrès et a initié des changements sur le plan de la politique étrangère. Elle a parlé d'un traitement différent dans sa relation à Cuba, de son rôle pour pousser à la conclusion d'une paix juste au Proche-Orient entre Palestine et Israel, de son rapport avec le monde Musulman. Mais la vérité, c'est que pour que ces mots deviennent réalité, nous avons besoin d'un mouvement pour la paix encore plus fort et qui puisse mettre en avant avec force et de manière significative le lien direct entre la paix et la justice, entre la politique intérieure et la politique extérieure.
Guerre contre le terrorisme
Je pense que l'administration Obama a fait un bon travail en pensant qu'en lançant ce que l'administration Bush a appelé la « guerre mondiale contre la terreur », elle a suscité des peurs considérables et causé la mort d'un nombre considérables de personnes, ainsi qu'une colère et un ressentiment généralisé, et en abandonnant ainsi cette terminologie. Malheureusement, elle n'a pas mis fin à la pratique militariste qui veut qu'on mène la guerre au nom de la sécurité nationale en Afghanistan.
Je pense que les objectifs de démantèlement, de désarmement, et de destruction d'Al-Qaeda sont purement et simplement une fausse route. C'est l'approche de l'administration Obama. Il y a de nombreux anciens dignitaires du Pentagone, du Département d'Etat qui disent que la menace de la terreur ne pourra pas être combattue par l'action militaire.
L'objectif général de lutte contre le terrorisme forme la base de l'escalade réalisée par l'administration Obama en envoyant 20 000 troupes supplémentaires en Afghanistan et en utilisant des drônes, ces bombardiers sans équipage. Des gens meurent, des civils meurent en masse. L'instabilité en Afghanistan s'est intensifiée et on assiste désormais à la déstabilisation du Pakistan où nous avons des millions de personnes, de réfugiés, déplacées en conséquence des attaques de drône et des violations par les Etats-Unis de la souveraineté nationale du Pakistan.
Désarmement nucléaire
Le rapport réalisé par Obama lorsqu'il était au Sénat sur la question, et il a maintenu cette position depuis qu'il est président, se basait sur la nécessité de la réduction des armes nucléaires, sur la nécessité de la ratification du Traité d'Interdiction des Essais Nucléaires. Il tient sa promesse en entamant des négociations avec la Russie sur la réduction des armements nucléaires. Nous espérons, comme il l'a déclaré dans un discours à Prague récemment, que cela ne soit pas seulement le responsabilitaté morale des Etats-Unis de réduire l'armement nucléaire mais que cela soit une nécessité d'aller vers l'abolition des armes nucléaires.
La lutte pour le désarmement nucléaire et l'abolition des armes nucléaires est une question cruciale pour le rassemblement et la réorganisation du mouvement pour la paix et pour la construction d'un mouvement de masse autour de cette question. Nous avons eu un mouvement très fort et passionné autour du désarmement nucléaire dans les années 1980.
Nous espérons que les promesses d'Obama [sur le désarmement nucléaire] se réaliseront et nous construisons un mouvement qui revendique l'abolition des armes nucléaires dès maintenant. Nous sommes occupés à plannifier la mise en route – avec nos partenaires internationaux – d'une pétition nationale qui circulera tout au long de l'année pour interpeller Obama et le pousser à abolir les armes nucléaires.
Nous la lançons pour l'anniversaire du bombardement d'Hiroshima et Nagasaki et pensons rendre cette pétition aux alentours de mai 2010, pour la Conférence aux Nations Unies sur le Traité de Non-Prolifération Nucléaire.
Nous espérons pouvoir faire pression massivement sur l'administration Obama pour qu'elle avance rapidement, pas seulement vers la signature de la déclaration commune avec la Russie pour réduire les têtes nucléaires, mais aussi vers la fin des essais pour les nouvelles armes nucléaires et la ratification du Traité d'Interdiction des Essais Nucléaires au Congrès et qu'elle fasse tout cela avant la Conférence de 2010 sur le Traité de Non-Prolifération Nucléaire.
Nous avons bon espoir de pouvoir construire ce mouvement de masse car les gens comprennent la nature de la guerre d'une manière différente à cause de l'Irak et à cause de ce qui se passe maintenant en Afghanistan. Ils savent aussi que l'administration Obama ne sera pas l'acteur du changement, mais le vecteur du changement. Nous pensons que la question des armes nucléaires est un bon point de départ.
Partie 2:La lutte pendant la crise économique aux Etats-Unis
Pas de justice sans paix, ni de paix sans justice
Cette semaine, elle continue avec la crise économique, les dépenses militaires et la construction du mouvement pour la paix et la justice.
Judith Le Blanc: Les conséquences de la crise économique se retrouvent dans la hausse du taux de pauvreté chez les communautés de couleur; Noirs-Américains, Indiens, Latino-Américains, qui ont toujours été les plus touchés, et qui maintenant s'enfoncent encore plus dans la pauvreté, avec la crise.
La vague de saisies immobilières, les millions de personnes qui ont perdu leurs maisons, ont vraiment eu un gros impact dans l'opinion car le Rêve Américain s'est toujours basé sur la propriété de sa maison, sur le fait d'avoir un jardin, une balançoire, un toboggan pour les enfants dans le jardin, et ce rêve est devenu un cauchemar. Ce sont ces personnes qui ont travaillé très dur et qui sont arrivés à devenir propriétaires de leur maison qui perdent leur maison aux quatre coins du pays.
Des millions et des millions d'emplois ont été supprimés, je pense que l'on parle de 14 millions d'emplois perdus. On vient juste d'annocer [le 3 Juillet], la plus grande perte d'emplois en un mois, au cours du mois de Juin, enregistrée dans l'histoire des Etats-Unis.
Cela touche tous les secteurs de travail. Ce n'est pas seulement une industrie mais toutes les industries, y compris les immigrés qui travaillent dans les emplois les moins bien payés dans notre pays. Tous ont été touchés par ce chômage de masse. Donc, les conséquences de la crise touchent toute la société, et donc, les solutions doivent être aussi massives que les conséquences de la crise.
Budget militaire
Le budget militaire Etats-Unien est plus important que celui de n'importe quel autre pays dans le monde. Le budget militare des Etats-Unis représente aujourd'hui 58% des dépenses fédérales discrétionnaires qu'on peut comparer au fait que 11% des dépenses discrétionnaires sont consacrées à la santé, l'éducation et à l'environnement. Donc on peut voir qu'il y a une disparité énorme et des priorités qui passent avant toutes les autres.
Les couts actuels de la guerre pourrait torpiller d'une certaine manière les plans de l'administration Obama en termes de politique intérieure.
En mettant fin aux guerres en Irak et en Afghanistan, on libérerait une masse d'argent incroyable qui pourrait être consacrée à la satisfaction des besoins humains.
L'intervention du gouvernement nécessaire
Les investissements privés sont au plus bas, le prix de l'immobilier chute, alors que les prix à la consommation augmentent. Donc, sans une nouvelle intervention massive du gouvernement, une seconde intervention, on ne mettra pas fin à la spirale. Cela signifie que l'administration Obama doit relever le défi de la restructuration et la démocratisation, en profondeur, de l'économie.
On aura fait un grand pas en avant dans le traitement de la crise économique mais nous savons bien que la crise cyclique du capitalisme interviendra de manière intermittente dans ce processus. Mais le premier pas vers le traitement de la paupérisation massive du peuple des Etats-Unis et dans le monde suppose l'intervention du gouvernement, le changement des priorités du budget fédéral afin que plus d'argent aille à la satisfaction des besoins humains et pacifiques. La guerre ne crée pas d'emplois, elle ne rend pas les gens en bonne santé, elle détruit l'environnement et mène à la perte de vies humaines.
Le fait est que la crise économique ne sera pas résolue aux Etats-Unis et dans la plupart des pays sans une intervention gouvernementale massive.
Un projet de relance qui redonne des emplois aux travailleurs fera beaucoup pour mettre fin aux déficits, fera beaucoup pour remédier à la chute des recettes constatée dans les budgeets locaux, c'est notre combat, c'est l'espace politique qui s'est ouvert [avec Obama].
Il y a deux grandes interventions dans les six derniers mois. Le premier a servi à renflouer les banques, 700 milliards. Le suivant a été un acte de relance qui a en fait créé des emplois et a permis de combler le manque à gagner pour les collectivités locales de façon à ce qu'il y ait moins de licenciements, moins de coupes dans les dépenses pour des services humains essentiels. Le prochain pack de relance devra nécessairement créer des emplois pour les gens.
Déjà, la droite fait entendre sa voix dans l'opposition. L'administration Obama n'a même pas commencé à parler d'une autre étape dans l'intervention du gouvernement ou dans le plan de relance que la droite affirme que le déficit va peser sur les épaules des générations futures et que l'administration Obama jette l'argent par les fenêtres. En réalité, l'essentiel de cet argent a servi à renflouer un système bancaire défaillant ainsi que des industries qui devaient être converties en un autre type de production.
Donc, nous avons du pain sur la planche, en proposant un type de plan qui pourrait permettre de répondre aux besoins des communautés et des gens qui souffrent le plus de la crise.
En somme, ce qu'il faut maintenant, c'est un énorme mouvement mené par les travailleurs pour lutter pour une relance qui soit rééllement une bonne relance pour la création d'emplois verts.
Mouvement pour le changement
Nous avons beaucoup à faire pour faire basculer l'opinion publique car la droite aux Etats-Unis a le dessus depuis près de 30 ans et qu'elle a contrôlé le gouvernement pendant presque toutes ces années. Cela les a aidé à être très, très efficaces dans la bataille d'idées.
Il y a un certain nombre de campagnes qui ont été lancées pour se battre pour le droit des travailleurs à s'organiser, une question cruciale si nous voulons élever les niveaux de vie dans l'ensemble du pays, de l'ensemble des travailleurs.
Il y a une loi appelée « the Employee Free Choice Act » qui a rencontré l'opposition violente du patronat et un accueil chalereux parmi les travailleurs,les syndicats et les associations communautaires dans tout le pays. En fait, il s'est passé un évenement assez émouvant à Los Angeles quand des vétérans des guerres d'Irak et d'Afghanistan se sont adressés publiquement à leur sénateur, le Sénateur Boxer, sur la nécessité d'avoir des « emplois protégés » – des emplois bien payés afin de commencer à reconstruire leurs vies après les horreurs de la guerre qu'ils ont eu à endurer.
Des mouvements locaux et communautaires voient le jour dans tout le pays et essaient de reprendre possession de la terre, les gens reprennent les maisons qui ont été saisies et abandonnées, avec l'espoir de sauver l'existence de leurs communautés. Dans une communauté, quand une maison est saisie et les gens chassés, cela se passe généralement par vagues, ce qui met en péril la valeur des propriétés et la sécurité de la communauté avoisinante dans son ensemble.
Il y a beaucoup de luttes au niveau local autour des budgets locaux et des Etats remaniés avec la crise économique.
Nous avons des défis à relever, notamment celui de mieux coordonner à l'échelle nationale nos efforts pour répondre à la crise économique. A bien des égards, le mouvement né de l'élection d'Obama n'est pas totalement prêt à prendre le dessus dans cette crise économie, car justement celle-ci a pris des proportions vraiment énormes.
D'une certaine manière, les gens sont sous le choc et le mouvement ouvrier subit des vagues de licenciements inimaginables. Il y a des luttes au sein du mouvement ouvrier autour de la question des programmes et de l'unité.
Nous n'allons jamais remettre sur pied les industries qui ont été détruites au cours des 30 dernières années. Ce qu'il faut, c'est une nouvelle restructuration industrielle de l'économie afin que l'on pose les bases d'une politique gouvernementale visant à inciter, à soutenir et à participer à la création d'une nouvelle base industrielle reposant sur des emplois et des nouvelles technologies vertes. Nous pouvons reconstruire une économique qui soit bien plus démocratique dans sa plannification, bien plus en accords avec les besoins du peuple et de l'environnement. Cela ne peut se passer qu'à travers l'action du gouvernement.
Un mouvment basé sur ce type de revendications est vraiment nécessaire, et il doit être mené par les travailleurs et accompagné par tous les mouvements sociaux. On constate que de nombreuses alliances stratégiques se nouent entre le mouvement ouvrier et le mouvement écologiste et il y a des initiatives visant à rassembler des deux mouvements.
Paix ET justice
Le mouvement pour la paix est confronté à la nécessité de former et de construire des relations plus étroites avec les mouvements visant une plus grande justice économique. Le mouvement « United for Peace and Justice » s'appelle bien justement « Unis pour la paix et la justice ». Le mot « Justice » a été rajouté de manière totalement consciente lors de notre fondation il y a six ans pour mettre en évidence le fait, qu'à plus long-terme, il ne peut y avoir de paix sans justice et qu'il ne peut y avoir de justice sans paix.
Nous sommes tous d'accord qu'il y a une nécessité pressante de créer des emplois mais il y a une nécessité pressante aussi d'arrêter de donner de l'argent au budget militaire.
Par conséquent, cette idée que la paix et la justice sont fortement liées et interdépendentes doit être portée de manière plus conséquente. Je pense que l'avenir offre la possibilité de la faire progresser, à cause de la crise économique. Je pense que Roosevelt a dit quelque chose du genre, il n'avait jamais vu une crise qui ne représentait pas une occasion pour le changement.
C'est un de ces moments uniques où une restructuration et une démocratisation radicale de l'économie est possible. Cela représente aussi une occasion unique pour les mouvements ouvriers et sociaux pour mettre en place un nouveau cadre d'analyse, une nouvelle vision du monde pour l'avenir et sur la manière dont l'économie peut fonctionner sur une base plus pacifique et plus juste et contribuer à un monde qui soit plus pacifique et plus juste.
Cela met évidence l'importance de construire un vaste mouvement contre le militarisme et contre la guerre; la guerre est tout simplement obsolète. Les plus grands problèmes du monde, que ce soient le terrorisme, les menaces à la sécurité nationale, la couverture maladie, la faim, le droit à l'eau potable, ils ne peuvent être résolus en fin de compte seulement par des moyens pacifiques, la coopération internationale, la collaboration, en partant du principe que nous formons un seul mondeavec un avenir commun.
Partie 3: Le Parti Communiste
S'organiser pour le changement
Cette semaine, elle nous parle du travail du Parti Communiste.
Le Parti Communiste
Le Parti a gagné du terrain et s'est renforcé politiquement en estimant très précisément et justement l'importance et la signification du mouvement né autour de la défaite de McCain et de l'élection d'Obama. Un immense fossé racial a été comblé pour permettre l'élection du premier président noir. Cela a été rendu possible grâce au rassemblement des forces communautaires et ouvrières qui ont comprises, qu'en réalité, ce qui nous unit est plus important que ce qui nous divise.
Ainsi nous avons pu nous renforcer et gagner du terrain dans cette lutte. Nous sommes un très, très petit parti dans un très, très grand pays avec une classe dirigeante très puissante. Nous entreprenons désormais de réorganiser complètement notre travail afin d'être capable de faire converger et de renforcer ces mouvements qui sont indispensables pour pouvoir occuper l'espace politique ouvert par l'élection d'Obama.
C'est un rôle crucial que le Parti Communiste et la gauche doivent jouer dans ces mouvements. Les mouvements actuels doivent se battre sur ces problèmes vraiment dramatiques auxquels les gens font face aujourd'hui, à la fois au pays et sur la scène internationale, tout en renforçant et en préparant à plus long-terme, l'adoption de solutions plus radicales et plus progressistes.
Construire la gauche
Nous avons une situation dans le pays où la majorité des gens comprennent et croient, comme nous, que le capitalisme ne fonctionne pas. Ce capitalisme est en crise et il y a des caractéristiques inhérentes au système capitaliste qui mènent inévitablement à ce type de crises. Quand vous avez un système qui est basé sur l'idée que les riches deviennent plus riches et les pauvres encore plus pauvres, on ne peut pas mettre fin à la misère du peuple.
Nous n'avons pas d'opinion majoritaire sur ce que nous devons faire de ce système en faillite et sur les alternatives qui existent. Donc nous avons besoin d'un Parti Communiste plus fort, plus visible, plus actif et d'une gauche plus unie. Nous voyons que les éléments de la classe ouvrière, de gauche, impliqués dans la campagne électorale d'Obama sont aussi très actifs dans les luttes communautaires et les luttes pour la paix. Il faut une plus grande collaboration et plus d'initiatives pour avoir un dialogue sur la manière d'avancer vers le développement d'un point de vue de gauche aux Etats-Unis.
Nous croyons aussi que le Parti Communiste doit être en phase avec le développement des nouvelles technologies par son impact sur la construction d'une conscience sociale et de mouvements sociaux. Dans le mouvement anti-guerre, dans le mouvement démocratique, il y a eu une utilisation massive de l'organisation en-ligne.
Organisation en-ligne
La campagne d'Obama a profité pleinement de cette occasion pour rentrer dans les foyers des gens, les toucher, les impliquer, les faire contribuer à la campagne pour permettre le changement social, lors des élections mais aussi dans d'autres domaines de la vie. La campagne MoveOn.org [en-ligne] est probablement l'exemple le plus visible et le plus excitant de la manière dont des millions de personnes ont été capables d'influencer tant les votes des Congressistes que l'opinion publique.
Donc nous pensons que le développement de l'organisation en ligne du Parti Communiste est d'une grande importance, par sa capacité à toucher les gens dans leurs foyers tout comme cela se passe pour les luttes locales et dans les mouvements ouvriers et communautaires.
Ainsi, nous avons en ligne – mis à jour quotidiennement – nos deux publications, People's Weekly World et Political Affairs, depuis quelques temps maintenant. Nous envisageons de faire, d'ici à Janvier, de People's Weekly World une publication exclusivement en-ligne. Nous nous préparons à ce que des sections locales soient capables d'avoir des éditions imprimées de People's Weekly World avec aussi bien des articles locaux que des articles nationaux et des éditoriaux.
Nous n'imprimerons pas de publications hebdomadaires. Cela libérera des ressources pour améliorer notre visiblité en-ligne, améliorer le contenu mis en ligne sur une base quotidienne en se basant plus sur des reporters qui sont volontaires, mais cela nous permettra donc aussi d'allouer du personnel et des ressources à des sections locales qui imprimeront ces éditions locales.
Construire le Parti
Nous n'avons aucune illusion sur l'organisation en-ligne. Nous comprenons que cela constitue une plate-forme qui nous permet d'atteindre des millions de personnes, mais nous continuerons à renforcer l'organisation du Parti Communiste et de la Jeunesse Communiste comme cela a toujours été le cas.
C'est vieux comme le monde; vous avez besoin d'un contact en face-à-face, de personne à personne, de porte à porte, dans le lieu de travail, dans les lieux de culte, dans les écoles pour construire un Parti Communiste et une Jeunesse Communiste fortes et actives. Donc l'organisation en-ligne ne remplacera pas ce qui est une nécessité absolue pour chaque communiste, celle d'être impliqué dans la lutte des masses, mais elle permettra à nos idées d'avoir une nouvelle diffusion.
Maintenant, les idées, l'agitation, la propagande sont un élément très important pour élever la conscience de classe. Mais un autre élément important, c'est quand les gens se mobilisent. Mais, dans le fond, les Communistes construiront le Parti dans les quartiers et dans leurs lieux de travail.
Je trouve que c'est très excitant car cela va impliquer de nombreux militants, de nombreux dirigeants de différents mouvements comme moi-même, cela va nous forcer à écrire. De nombreux organisateurs et de nombreux militants s'appuient sur la tradition orale des discours et de l'agitation. Mais la plupart des gens en fin de compte ont besoin d'analyses écrites pour développer une compréhension plus profonde de ces questions et de ce qui est en jeu, et de la stratégie et des tactiques pour permettre le changement social.
Political Affairs [qui a cessé son édition imprimée il y a quelques temps] a augmenté son nombre de lecteurs, le nombre de lecteurs atteint des sommets, la croissance est exponentielle. Nous avons tiré des leçons de cela. Nous allons aussi changer la nature de notre présence en-ligne. Nous allons avoir plus de blogs où des membres de la direction discuteront en direct, de l'actualité politique, des derniers événements politiques.
La plupart de nos souscriptions ont été obtenues en ligne, donc c'est un autre élément qui souligne l'importance pour nous d'utiliser cette technologie qui permet de toucher des millions de personnes. Etant donné la taille du parti, nous ne pourrons jamais toucher des millions de personnes en restant seulement aux coins des rues.
Partie 4: Militarisme et population Amér-Indienne
Judith est également une Amérindienne, membre de la tribu Caddo de l'Oklahoma. Dans cette dernière partie de l'interview accordé au Guardian, Judith nous parle de l'impact de la militarisation sur la population indigène aux Etats-Unis, ainsi que de la crise de l'assurance-maladie.
Un génocide basé sur le miltiarisme
Judith: Il y a un million d'Amérindiens, nous représentons 1% de la population mais pour chaque indicateur – couverture maladie, éducation, chômage – nous nous retrouvons en dernière position. Un exemple dramatique des conséquences du chômage de longue durée dans les réserves est que désormais un peu plus de la moitié des Amérindiens vit dans les villes et que le reste vit dans des réserves. La plupart des réserves ont des taux de chômage qui dépassent les 80%
L'employeur principal des Amérindiens est le gouvernement fédéral. Mais, en son sein, le s taux de recrutement de l'Armée dans les réserves sont incroyables. En ce moment, si vous rejoignez l'Armée, où que vous soyez, on vous envoie tout de suite au front, soit en Irak soit en Afghanistan. Depuis quelques années maintenant, les immigrés, les Amérindiens et la jeunesse ouvrière ont été achetés avec des primes de signature allant de 10 000$ à 20 000$.
« La conscription des pauvres »
Pour la jeunesse ouvrière, pour la jeunesse Indienne dans les réserves, il est difficile de résister à l'idée d'avoir 10 000, 15 000 ou 20 000$ dans sa poche, même si vous devez partir pour le front. Donc, nous avons commencé à parler, dans le mouvement contre la guerre, de la conscription des pauvres. Le chômage est élevé, et bon nombre d'Indiens et de jeunes issus de la classe ouvrière ont toujours vu dans l'Armée un moyen de se payer plus tard l'accès à l'université
Je sais que ma famille, mes frères ont fait la même chose, ils ont rejoint l'Armée avec l'espoir de continuer leurs études plus tard. Par chance, ils ont rejoint l'Armée à un moment où il n'y avait pas de conflit armé. Bien sûr dans ces années-là, après le Vietnam, beaucoup de vétérans ont pu aller à l'université grâce au GI Bill (programme fédéral d'aide à la réinsertion des anciens combattants – notamment à travers le paiement des études universitaires des vétérans)
Une des choses qu'Obama a proposé, c'est un nouveau GI Bill, plus ambitieux; ce qui est une nécessité à cause de tous ces vétérans qui vont revenir au pays. Donc, les réserves Indiennes sont une sorte de microcosme du militarisme et de la militarisation du budget fédéral.
J'ai participé à des initiatives de contre-information vis-à-vis des initiatives de recrutement de l'Armée à la Réserve Indienne de Pine Reach où j'ai vécu une année dans les années 70, à l'époque de l'occupation de Wounded Knee par le mouvement Amérindien. J'y suis retrournée il y a quelques années pour une nouvelle initiative de contre-information auprès d'une soixantaine de jeunes. La plupart de leurs parents avaient été au Vietnam. Nous y avions quelques vétérans de la guerre du Golfe là-bas. Le débat avaient été très passionnel et intense sur le fait qu'il fallait, et que nous devrions y avoir le droit, des alternatives, pour une vie meilleure, à l'entrée dans l'Armée.
Les Amérindiens ont toujours servi massivement dans l'Armée, même si on regarde en arrière, pendant la Deuxième Guerre Mondiale, avant que nous ayons la citoyennneté ou le droit de vote. Nous avons servi dans des unités séparées pendant la Deuxième Guerre Mondiale. Bon nombre des plus vieux disent que notre peuple est un peuple très patriotique. C'est notre pays, notre terre, notre terre natale, donc il y a toujours eu une tendance lourde à servir dans l'Armée, et à en être fier.
Notre peuple a une forte tradition guerrière, de lutte pour sauver nos terres pendant la période coloniale et cela a entretenu l'idée qu'il fallait protéger notre terre en rejoignant l'Armée, même sous la contrainte, même dans des situations de ségrégation, avant que nous ayons le droit de vote. Nous devons transformer cette tradition guerrière en une tradition de lutte pour la paix et pour le droit à une vie décente.
Les Horreurs de la guerre
Nous avons eu, d'une certaine manière, un example très émouvant des conséquences dramatiques de la guerre en Irak puisque la première femme [de l'Armée Américaine] à mourir en Irak a été une Amérindienne, une Navaho de l'Arizona qui avait confié ses deux enfants à ses parents et qui avait rejoint l'Armée avec l'espoir d'aller à l'école plus tard. Elle avait un don unique pour les langues. Elle avait étudié dans des écoles Arabes et a été envoyé en Irak, non comme personnel militaire mais à la prison d'Abu Gharib. Elle a été le témoin de tortures insoutenables.
Elle a été la première femme américiane à mourir. Cela a été une nouvelle qui a fait beaucoup de bruit au niveau national, et c'est seulement quelques années plus tard, l'année dernière, que ses parents ont appris par le Pentagone qu'elle s'était suicidée et qu'il y avait un mot. Elle avait été dans la prison, avait assisté à des séances de torture et était horrfiée, émotionnellement dérangée, et réagissant de manière normale et humaine et refusait de continuer à servir là-bas. Ils ont des services de conseil pour le personnel militaire dans les zones de combat qui pense au suicide. Elle y est allé pour se faire aider, elle voulait partir et a senti toutefois, en fin de compte, qu'il n'y avait aucun moyen de s'échapper et elle s'est suicidée.
Donc, en résumé, c'est un exemple de ce que notre peuple a à affronter. Ce n'est pas un génocide au sens originel du colonialisme américain et britannique. C'est un génocide d'un type diffrent, un génocide basé sur le militarisme, un génocide qui laisse le militarisme détruire l'avenir de nos jeunes. Donc, quand nous parlons de changer les politiques de l'Administration Obama, l'enjeu est considérable.
Un Amérindien a été nommé à la tête du Bureau aux Affaires Amérindiennes. La lutte pour un financement des services de santé publique pour les Indiens, des services d'éducation, universitaires et la création d'emplous verts dans les réserves sont des éléments essentiels du mouvement Amérindien pour la justice raciale.
Les mines d'uranium
L'industrie de guerre et les guerres menées ont eu des conséquences à plus long-terme sur un certain nombre de réserves où l'uranium est extrait. Il y a des dépôts importants d'uranium sur les terres Indiennes. Pendant des années, il y a eu une lutt pour obtenir des réparations de la part du gouvernement pour la mort et les maladies dont ont souffet les mineurs Indiens, et pour ceux que l'on appelle les « down-winders » [personnes contaminées par la proximité avec des zones radioactives]. Des civils, qui ne sont pas employés des compagnies minières, ont eu des cancers ainsi que d'autres maladies du même genre à cause de cette détérioriation de l'environnement qui n'est pas seulement dûe à l'extraction de l'uranium mais aussi au stockage de déchets d'uraniums et à la manipulation de matériaux radioactifs.
Voilà encore un example de la manière dont le mépris de l'environnement, l'extraction de l'uranium et le développement d'armes nucléaires est une menace pour la planète. Cela a eu des conséquences particulièrement tragiques pour les communautés indiennes dans de nombreux Etats. On en a peu parlé et quasiment rien n'a été fait par le gouvernement pour rectifier la situation.
Donc, la lutte pour la paix, la lutte contre les armes nucléaires et la lutte pour redéfinir les priorités du gouvernement sont au centre de la lutte des Amérindiens pour l'égalité et pour la justice.
La crise de l'assurance-maladie
Il y a près de 50 millions de personnes qui n'ont pas d'assurance santé, pas de couverture maladie. De nombreuses personnes avaient traditionnellement une couverture maladie par le biais de leurs employeurs. Avec la crise économique et la course au profit dans l'industrie de la santé, le coût de l'assurance santé a explosé.
Medicaid et Medicare, les programmes publics pour les plus âgés et les plus pauvres, n'ont pas augmenté le montant des remboursements en conséquence. Un nombre croissant de docteurs refusent de prendre ces patients dépendants de l'aide étatique.
Seulement ceux avec un revenu très faible sont éligibles au Medicaid. Tous les seniors ne sont éligibles au Medicare, pour un remboursement intégral. Il y a des remboursements partiels; certains doivent payer de leur poche pour des consultations et d'autres services médicaux.
La grande majorité des personnes sont poussées par leur employeurs à payer plus pour leur couverture maladie ou sont incapables de payer les frais complémentaires et donc n'ont pas de couverture. Les plus touchés sont, bien sûr, les enfants et les personnes agées.
L'administration Obama a proposé qu'il y ait une couverture médicale publique pour la grande majorité des personnes qui n'ont pas de couverture maladie en ce moment.
Ce qu'Obama dit, c'est que le choix d'une couverture publique créera plus de concurrence sur le marché, ce qui aboutira à une diminution des coûts. Nous savons que ça ne marche pas nécessairement comme ça. Donc, nous avons maintenant une lutte dans laquelle l'opportunité d'avoir une couverture publique, les possibilités que ces différentes options soient mises en place, sont débattues dans les mouvements pour une réforme de l'assurance-maladie.
Il y a une tendance, dans laquelle sont impliqués les travailleurs, qui en appelle à un système unique où tout le monde serait couvert par un système médical où les employeurs et le gouvernement paieraient, et qui éliminerait, donc, les prérogatives de l'industrie privée.
La plupart des grandes entreprises et des employeurs sont farouchement contre car ils ne veulent pas payer. Les docteurs et les pharmaciens ne veulent pas toucher à leurs profits. Donc la grande question est: est-ce que nous arriverons, oui ou non, à une couverture publique universelle?
C'est une example clair de la raison pour laquelle tout changement politique nécessaire, doit reposer sur un mouvement de masse capable de se faire entendre, fort, pour que les élus, Obama y compris, soient poussés à faire ce qui est juste.
Nous, Parti Communiste et Jeunesses Communistes, sommes vraiment engagés dans cette lutte. C'est unelutte décisive et un point d'appui, je pense, pour montrer ce dont le capitalisme est réellement porteur dans sa forme la plus pure. Le droit à l'assurance-maladie est un droit humain fondamental.
J'ai assisté au discours d'ouverture d'un bal dernièrement, c'était le Bal de la Paix. Harry Belafonte s'est adressé au public... et a dit quelque chose qui a réellement touché la corde sensible de la foule, quelque chose qui, pour moi personnellement, voulait dire beaucoup: « Si Obama échoue, cela signifie que nous aurons tous échoué ».
Site du Guardian, hebdomadaire du Parti Communiste Australien: http://www.cpa.org.au/guardian/
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