L'anti-communisme, ce dernier recours du grand capital en temps de crise
21 août 2009 L'anti-communisme, ce dernier recours du grand capital en temps de crise
de Manuela Bernardino, membre du Secrétariat di Comité Central du PC Portugais (PCP)
dans le numéro d'Avante, hebdomadaire du PCP, du 20 au 27 août
Traduction JC pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/
De manière cyclique et récurrente, précisément dans les périodes décisives pour la vie des peuples, l'anti-communisme fait irruption de manière éhontée comme dernier recours pour éviter que les voies et les solutions qui nuisent aux intérêts du grand capital ne soient adoptées. Au Portugal – comme cela s'est passé récemment à plusieurs reprises – ou là où les peuples luttent contre l'exploitation et l'oppression, en construisant des alternatives de progrès et de justice sociale, comme c' est le cas dans de nombreux pays d'Amérique Latine.
La provocation éhontée de Alberto Joao Jardim [personnalité de premier plan du Parti Social-Démocrate, parti de droite portugais, à la réputation d'électron libre dans son parti], en pleine période de pré-campagne électorale, est particulièrement grave par le contenu fondamental de sa déclaration, qui met sur un même plan communisme et fascisme, et par le silence de son parti à ce sujet. Et – tout en s'insérant dans une offensive visant à une nouvelle révision destructrice de la Constitution – elle a comme objectif immédiat de chercher à contre-carrer la revendication d'un changement politique que la lutte des masses a exprimé et qui, sur le plan politique, se traduira par la croissance électorale du PCP et de la CDU, comme les résultats des élections européennes l'indiquent déjà.
Alberto Joao Jardim, qui aime passer dans les médias en adoptant une pseudo-indépendance truculente, se révèle dans ce cas un élève modèle des institutions européennes qui se sont battus dans les trois dernières années pour faire de l'anti-communisme une doctrine d'Etat.
En falsifiant l'histoire, l'Assemblée Parlementaire du Conseil de l'Europe a cherché à criminaliser non seulement l'action des communistes, mais aussi leur idéologie même. En omettant de dire que le nazisme et le fascisme fut la forme d'organisation de l'Etat à laquelle le capitalisme a eu recours, en période de crise, pour assurer sa domination, elle a blanchi le fascisme et a occulté le fait que des millions de communistes ont donné leurs vies pour la liberté et la démocratie. Mais, récemment, durant cette année, deux nouvelles résolutions – « La conscience européenne et le totalitarisme » (Parlement Européen) et « La réunification de l'Europe divisée: promouvoir les droits humains et les libertés civiles dans la région de l'OSCE1 au XXIème siècle » - dans une « opération de distorsion de la vérité historique, menée par les forces réactionnaires et revanchardes, les perdants de la Seconde Guerre Mondiale – les mêmes qui, par exemple, ont réhabilité dans leurs pays ceux qui ont collaboré à la barbarie nazie »2, ont à nouveau trouvé dans l'acharnement anti-communiste une manière de justifier les drames sociaux dont ils sont responsables, et qui vont en s'amplifiant. et les mesures anti-démocratiques qu'ils ont pris, tout en cherchant à éviter que ne se matérialise l'alternative politique pour laquelle les communistes s'organisent et luttent.
Aveu de faiblesse
Ces attaques incessantes envers les communistes, deux décennies après les défaites du socialisme dans les pays d'Europe de l'Est et que le capitalisme « triomphant » ait déclaré la mort du communisme, ce sont, en réalité, un aveu de sa faiblesse et de ses limites historiques, mais cela constitue dans le même temps un avertissement sur les dangers latents que recèlent le développement du militarisme et de l'autoritarisme, et les attaques contre les libertés et les droits fondamentaux.
La situation nous force à une vigilance de tous les instants. La campagne anti-communiste actuelle, contrairement à ce que ses promoteurs veulent faire croire, est intrinsèquement liée à un processus de réhabilitation du fascisme. Pas seulement au Portugal – où dans les deux dernières années on a cherché à mettre en avant le « côté humain » de Salazar et Caetano, et où ont proliféré les élaborations et spéculations théoriques sur la spécificité du fascisme dans notre pays et ont eu lieu des initiatives omettant, falsifiant ou salissant le rôle inremplaçable qu'ont joué les communistes dans la résistance anti-fasciste – mais aussi en Europe de l'Est3 où il y a encore deux semaines le vice-président des Etats-Unis a participé en Ukraine4 à une cérémonie anti-communiste, dans l'Italie de Berlusconi, en Autriche, en Grande-Bretagne et dans d'autres pays où les forces d'extrême-droite ont réalisé des progrès significatifs lors des dernières élections européennes.
Dans la campagne électorale qui s'annonce, nous militerons directemnet aux côtés des travailleurs et du peuple pas seulement pour pointer du doigt les politiques de droite comme étant responsables du drame du chômage et des inégalités sociales qui ne cessent de se creuser mais également les persécutions, intimidations et limitations des droits et libertés fondamentales auxquelles le pouvoir politique – en ce moment le gouvernement de José Socrates – a recours pour s'opposer au mécontement qui se généralise. Et, en mettant en avant les éléments fondamentaux d'une politique alternative, nous ne cesserons de montrer la voie de l'alternative pour laquelle nous luttons avec la confiance profonde que le futur n'appartient pas à ceux qui exploitent et oppriment mais à ceux qui luttent inlassablement pour défendre les travailleurs et les peuples.
Site d'Avante: http://www.avante.pt/
Voir en complément à ce sujet, l'article sur la résolution anti-communiste adoptée par le Parlement Européen d'avril dernier: Quand le Parlement Européen impose sa vision de l'histoire et la déclaration des PC européens en réponse à la nouvelle résolution anti-communiste adoptée cette fois par l'Assemblée de l'OSCE: Déclaration commune de 69 partis communistes et ouvriers sur la résolution anti-communiste de l'OSCE
1Organisation de Sécurité et de Coopération en Europe
2Extrait de la déclaration de Paulo Guerreiro, député européen du PCP, au Parlement Européen
3Encore en Juin, le parlement lituanien a introduit une modification du Code Pénal visant à criminaliser les anciens responsables soviétiques, pendant qu'il élevait au rang de héros nationaux ceux qui avaient collaboré avec le régime Hitlérien; les partis communistes sont interdits dans les Républiques Naltes, mais sont autorisés des défilés d'anciens SS à qui on rend des honneurs qui sont niés aux vétérans anti-fascistes; en République Tchèque et en Hongrie la propagande et les symboles communistes sont interdits etc., etc.
4Pays qui a aussi réhabilité ceux qui avaient collaboré avec l'occupant nazi.
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