Le peuple Irlandais sous pression(s)...

 

de Noël Murphy, membre de l'Exécutif National du Parti Communiste d'Irlande et Secrétaire national du Syndicat des Travailleurs Indépendants.

 

Traduction AC pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/

 

Le plus détonnant mélange d'organisations et de particuliers semble voir le jour afin de pousser le Peuple Irlandais à voter pour le Traité de Lisbonne. Pour les lecteurs qui pourraient l'ignorer, le Traité de Lisbonne est la nouvelle version de la Constitution Européenne rejetée par les peuples Français et Néerlandais en 2005. Bien que rejetée par les peuples, la constitution de Valéry Giscard d'Estaing n'a pas disparu. En fait, elle a été reformulée à Lisbonne en Décembre 2007 et a ensuite été proposée au vote dans les parlements respectifs de plusieurs états membres de l'UE.

 

Même si on revient à l'époque où nous faisions partie de l'Empire Britannique, l'Irlande a toujours été « l'enfant terrible ». Il semble que certaines choses ne changent pas. La Constitution Irlandaise rend nécessaire la tenue d'un référendum au cours duquel les Traités Européens sont soumis au verdict populaire avant que celui-ci puisse être ratifié par le gouvernement. Le Traité de Lisbonne a été soumis au vote populaire en Irlande en Juin 2008 et rejeté. L'establishment politique Irlandais a déclaré unanimement qu'il « respecterait la volonté du peuple » et juste après il se rendait à Bruxelles pour convenir de la tenue d'un second référendum afin d'obtenir le résultat qui était attendu de la « Démocratie ».

 

La date qui a été fixée est le 2 octobre prochain. Les deux partis gouvernementaux et les deux plus gros partis d'opposition se sont arrangés concrètement pour oublier la « volonté du peuple » et exercent désormais des pressions sur le peuple pour qu'il vote OUI. Ils laissent entendre qu'en cas de victoire du NON la crise économique que nous subissons actuellement ne ferait qu'empirer. Ils laissent entendre que nous serions ostracisés par les 26 autres états membres de l'UE et que nos souffrances économiques attendraient l'équivalent de la désolation dans laquelle était tombée le pays pendant la Grande Famine du milieu XIXème siècle.

 

Sachant la profonde défiance existant vis-à-vis des politiciens – de nouvelles forces ont fait leur irruption dans le camp du oui:

 

Le PDG de la compagnie aérienne Ryanair, Michael O'Leary est connu pour réprimer toute activité syndicale au sein de son entreprise et pour être un partisan acharné des politiques de privatisation. Il s'est engagé, au nom de son entreprise, à dépenser 400 000 euros dans la région pour assurer la victoire du OUI.

 

Intel est un des plus grands employeurs dans le secteur privé (près de 4 000 emplois industriels dans le secteur de l'informatique) et son PDG a de nouveau appelé le peuple a voté OUI insinuant qu'un deuxième vote négatif signifierait la fermeture de ses usines en Irlande et leur délocalisation.

 

Des « personnalités » européennes ont désormais rejoint activement le camp du OUI et nous avons reçu les visites du Polonais Lech Walesa et du Président de la Commission Européenne José Manuel Barroso. Le message que ces messieurs tenait à nous adresser, c'était que le Traité de Lisbonne créerait des emplois. Bien sûr, il n'y a absolument rien qui puisse le laisser penser au vu de ce qui est contenu dans le Traité de Lisbonne, mais cela sonne bien à l'oreille d'un travailleur qui a perdu son emploi.

 

Barroso a tenu un discours le 17 septembre dernier à Limerick, ville qui vient d'apprendre il y a peu la délocalisation des usines du géant de l'informatique américain DELL avec la perte de 2 000 emplois industriels.

 

Le Président de la Commission a annoncé qu'il donnerait 15 millions d'euros afin d'assurer la reconversion des travailleurs de DELL. Ce qui correspond à 7 500 euros par travailleur. Sur cette base, le président devrait donner 3 milliards d'euros pour permettre la reconversion des 400 000 chômeurs Irlandais.

 

Le Président de la Chambre de Commerce Américaine en Irlande a averti le peuple que les milliers d'emplois créés par les entreprises Américaines en Irlande seraient supprimés et qu'une vague de délocalisations serait la conséquence d'une deuxième vote négatif Irlandais. Il semble que ce ne soit pas le taux d'imposition sur les profits de ces entreprises, très attractif (12,5%), qui ait été la raison pour laquelle ils se sont installés en Irlande, mais plutôt parce que l'Irlande avait un vague « engagement européen ».

 

A côté de tous ceux cités ci-dessus nous avons les suspects habituels, l'organisation patronale IBEC et les différentes Chambres de Commerce Irlandaises dans tout le pays font toutes campagne pour le OUI.

 

Le nouveau Président de la Chambre de Commerce de Cork, M. Ger O'Mahony a avancé, dans son premier discours public, l'idée que tous les maux économiques de l'Irlande pourraient être résolus si le salaire minimum et les allocations chômage étaient revues à la baisse. Quand il a été interpellé dans un débat public sur le thème: comment est-ce qu'en appauvrissant les pauvres on pourrait résoudre le problème du chômage, il n'a pas daigné répondre.

 

Nous y sommes, les banques qui participent à la casse du pays, les multi-nationales qui payent peu ou pas de taxes et les capitalistes bien de chez nous qui veulent baisser les salaires sont les partisans du Traité de Lisbonne.

 

S'il y avait ne serait-ce qu'une raison de voter NON, ce serait sûrement de mettre en échec les plans de nos ennemis de classe.

 

Site du Parti Communiste d'Irlande: http://www.communistpartyofireland.ie/

 

 

 

 

Retour à l'accueil