10ème Congrès de la COSATU: renforcer les liens avec le PC Sud-Africain et mettre en avant un programme de transition vers le socialisme
01 oct. 2009
Article d'AC pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/
Du 21 au 24 septembre, Johannesburg a accueilli le 10ème Congrès de la COSATU. Syndicat de masse, représentant 1,9 million de travailleurs; syndicat de classe représenté massivement dans la classe ouvrière; syndicat de lutte qui n'hésite pas à rentrer en conflit avec l'ANC pour porter les revendications salariales de la classe ouvrière sud-africaine.
Rôle du syndicat (et du Parti Communiste) dans l'impulsion et l'animation des luttes sociales et politiques
Car si la COSATU fait partie – avec l'ANC et le Parti Communiste Sud-Africain (SACP) – de l'alliance tri-partite gouvernementale depuis la fin de l'apartheid, elle s'est inscrit depuis la fin des années 1990 dans une démarche d'opposition aux politiques néo-libérales menées par l'ANC et d'impulsion des luttes sociales. La COSATU et le SACP, proches idéologiquement et organisationnellement, ont joué un rôle décisif dans la nomination de Jacob Zuma à la tête de l'ANC, dans sa victoire électorale et dans le maintien, par conséquent, de l'alliance tri-partite. Désormais, la COSATU somme Jacob Zuma de mettre en oeuvre le programme sur lequel il a été élu. Tout en soulignant que l'élection de Zuma offre au mouvement ouvrier et révolutionnaire des conditions objectives plus favorables à leur lutte, la COSATU met en avant une série de propositions qu'elle présente comme un programme de transformation sociale et de transition vers le socialisme. L'intervention de Jacob Zuma lors du Congrès révèle les tensions latentes et les contradictions des relations entre ANC et COSATU: insistance sur le maintien d'une unité plus forte que jamais, nécessité d'un débat fraternel et achoppement sur les mesures économiques adoptées pour sortir de la crise.
Pour sortir de la crise, la COSATU met en avant un programme de transition vers le socialisme
Hormis un climat politique plus favorable aux luttes qui a favorisé le succès des grèves des ouvriers du bâtiment et des employés municipaux en début d'année, la politique économique du gouvernement Zuma n'est pour l'instant guère différente de celle de ses prédécesseurs. Pour sortir de la crise, la COSATU a présenté dans son document final ses propositions de rupture:
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Politique de relance industrielle et d'investissement public, impulsée par l'Etat qui doit se saisir des principaux leviers de commande économiques et financiers (ex: nationalisation de la Banque Centrale)
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Augmentation des salaires et lutte pour des emplois décents, qui ne pourront être acquis et conquis que par les luttes sociales telles que celles qui se déroulent en ce moment dans les secteurs des mines et du textile
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Constitution d'un système de Sécurité Sociale entièrement public, avec couverture maladie publique et universelle et centralisation des fonds de pension entre les mains du public, pour financer les politiques de développement et de relance industrielle plutôt que la spéculation.
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Une politique d'égalité raciale, ne pouvant reposer que sur l'amélioration des conditions de vie de la classe ouvrière – très majoritairement noire – et non sur l'hypocrisie des politiques de discrimination positive de l'ANC n'ayant abouti qu'à l'émergence une bourgeoisie noire.
Syndicat de lutte de classe, révolutionnaire et internationaliste
A la lecture de ses différentes propositions, on s'aperçoit que la COSATU est loin d'être un simple syndicat revendicatif. Il se définit lui même comme un syndicat révolutionnaire, porteur d'un « programme de transformation, fixant des objectifs à court, moyen et long-terme d'approfondissement de la révolution national-démocratique et de progression vers le socialisme ». Syndicat marxiste-léniniste, il met donc en avant la perspective du socialisme, le rôle de la classe ouvrière et des luttes sociales dans la progression vers cet objectif. Syndicat national mais aussi internationaliste, affilié à la Fédération Syndicale Mondiale dont le président George Mavrikos était à Johannesburg. Le document final du Congrès lance ainsi plusieurs appels de solidarité aux travailleurs en lutte au Mexique, au Zimbabwe, au Swaziland; aux peuples opprimés de Palestine, de Birmanie avant de terminer sur une condamnation de l'embargo Etats-Unien contre Cuba.
La nécessité de renforcer les liens entre la COSATU et le Parti Communiste
Particulièrement significatifs, les discours des Présidents de la COSATU – Sidumo Dlamini – et du SACP – Blade Nzimande ont insisté sur la communauté d'objectifs et de perspectives stratégiques entre le syndicat et le Parti Communiste. Tout en réaffirmant sa volonté ferme de maintenir l'alliance tri-partite et son soutien au Président Jacob Zuma, le président de la COSATU a néanmoins insisté sur la nécessité de renforcer les liens entre le parti communiste et le syndicat à travers cette phrase lourde de sens: « Nous sommes également touchés par la solidarité sans faille du SACP. Vous [membres de l'Assemblée des Travailleurs de la COSATU] nous avez dit que nous devions arrêter de soutenir du bout des lèvres la construction et le renforcement du SACP, mais que devions faire des pas en avant concrets afin d'aporter réellement un soutien matériel au parti ».
Alors que la révolution nationale-démocratique sud-africaine est à un tournant, les liens entre SACP et COSATU n'ont jamais semblés aussi forts, convaincus que seule la lutte permettra d'atteindre l'objectif du socialisme, comme le déclare le document rendu par le SACP à l'issue du congrès: « En tant que SACP, nous souhaitons garantir à la direction de la COSATU que nous serons, aux côtés des travailleurs, dans les tranchées avec eux pour combattre l'exploitation capitaliste, les délocalisations, les politiques d'austérité et pour renforcer le pouvoir hégémonique de la classe ouvrière dans la société. »
Site de la COSATU: http://www.cosatu.org.za/
Site du Parti Communiste Sud-Africain: http://www.sacp.org.za/
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