Après l'Irak, les USA s'apprêtent-ils à détruire l'Iran ?
26 févr. 2007Au printemps 2003, la population française, comme de nombreux autres peuples, se mobilisait massivement contre la guerre américaine d’agression en Irak. Le refus du Président Chirac de s’aligner sur les mensonges d’Etat et la politique meurtrière de Bush et de Blair est le seul acte majeur de son quinquennat que nous avons approuvé. On n’a pas encore fini de mesurer les conséquences dramatiques de la guerre d’Irak : des centaines de milliers de morts, un pays démantelé, une déstabilisation profonde et durable de toute la région.
Pour les dirigeants américains, il ne s’agit évidemment pas d’une erreur mais d’une stratégie mondiale de domination qu’ils entendent poursuivre, toujours au nom de la « lutte contre le terrorisme ». Après l’Afghanistan et l’Irak, la prochaine cible indiquée semble être l’Iran. Les Etats-Unis alimentent une vaste campagne sur les dangers du développement de l’armement nucléaire iranien, appellent à des sanctions. L’ancien conseiller à la sécurité du Président Carter, M. Brzezinski a affirmé devant le Sénat américain que « Bush pourrait organiser une provocation pour attaquer l’Iran ». La semaine dernière, Bush a affirmé que l’Iran arme les « terroristes » irakiens qui combattent l’occupation US.
Quel que soit le peu de sympathie que l’on peut avoir pour le régime islamiste iranien, la perspective de cette nouvelle guerre est intolérable. Elle est aussi injustifiable. On ne peut que demander que l’Iran respecte les dispositions du Traité de non prolifération nucléaire (TNP) qu’il a signé. Ce n’est pas le cas mais le rapport de l’AIEA du 23 février reconnaît que l’Iran est encore très loin de la bombe atomique dans ses activités d’enrichissement d’uranium. Mais l’objectif de désarmement nucléaire multilatéral ne saurait s’imposer uniquement à l’Iran. Il doit s’appliquer dans la région à Israël et au Pakistan, puissances nucléaires avérées et au moins aussi menaçantes que l’Iran.
Le débat sur l’Iran pendant la campagne présidentielle française ne peut que susciter d’importantes inquiétudes pour l’avenir de la politique étrangère de notre pays. M. Sarkozy s’est rendu en septembre dernier aux Etats-Unis. Il a ostensiblement prêté allégeance à Bush et a critiqué la diplomatie française pendant la crise d’Irak qu’il a jugée « arrogante ». Si Sarkozy avait été président en 2003, nous aurions donc été dans la situation de la Grande-Bretagne de Blair ou de l’Italie de Berlusconi ! La position de Mme Royal est floue. Elle s’est jointe cependant à la campagne contre l’Iran en affirmant sa volonté d’interdire à l’Iran jusqu’au nucléaire civil pourtant autorisé par le TNP.
Leur choix commun de faire campagne pour le Oui à la « constitution » européenne en 2005 pèse très lourdement sur leur proposition en matière de politique étrangère et de sécurité. Rappelons que ce texte prévoyait l’augmentation obligatoire des dépenses militaires de chaque pays, l’intégration des politiques étrangères et de défense des pays européens, alignées sur les positions de l’OTAN, la nomination d’un ministre européen des affaires étrangères, la perspective de dissolution des droits de veto français et britannique au Conseil de sécurité de l’ONU dans un droit de veto « européen ». En un mot : la constitution d’un bloc militarisé supranational aligné sur les Etats-Unis.
Le choix du gouvernement italien « de gauche » d’autoriser (et de financer) l’extension de la base militaire américaine de Vicenza a suscité une immense manifestation de protestation. L’annonce de l’installation de bases US de missiles « antimissiles » en Pologne et en République tchèque dirigés officiellement contre la Corée et l’Iran mais tout autant contre la Russie vont dans le même sens de militarisation US de l’Europe.
Le futur gouvernement français ne doit pas accepter cette perspective. Comme en 2003 au moment de la guerre en Irak, ou en en 2005 lors du référendum, le peuple doit imposer une politique extérieure nationale indépendante oeuvrant pour de paix.
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