d5470-cartaz-marcha-763510En Colombie, 30 militants de la « Marcha Patriotica », opposition de gauche, assassinés depuis 2012 … qui en parle ?

 

Article AC pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/

 

Les médias occidentaux ont l'émotion sélective. Pendant que les émeutes violentes au Venezuela contre le gouvernement ont fait une dizaine de morts, le silence est total sur le massacre méthodique par le gouvernement colombien de l'opposition de gauche.

 

30 assassinats politiques ciblés depuis avril 2012, date de la création du mouvement politique et social de la « Marcha patriotica », réunissant sur initiative notamment du Parti communiste, partis de gauche, associations de paysans, d'autochtones.

 

Un véritable génocide politique. Selon l'ancienne sénatrice, figure de la paix en Colombie, Piedad Cordoba, au moins 15 leaders paysans et indigènes ont été assassinés par des agents de l'Escadron mobile anti-émeutes (ESMAD) de la Police nationale colombienne.

 

30 militants syndicaux et politiques assassinés depuis la création de la « Marcha patriotica »

 

Cinq autres sont morts lors d'affrontements avec l'ESMAD pendant la révolte agraire de 2013, enfin cinq autres sont tombés sous les balles de l'Armée colombienne. La quasi-totalité des victimes sont des leaders syndicaux et politiques du mouvement paysan, le dernier le 27 janvier 2014.

 

Selon Piedad Cordoba, c'est l'hypocrisie du gouvernement colombien, qui prétend entamer un processus de paix avec les FARC qui est en cause : « d'un côté ils parlent de la paix, de l'autre ils stigmatisent, persécutent et marquent ceux qui posent et cherchent à résoudre la question sociale ».

 

L'ex-sénatrice fait référence notamment aux déclarations du Ministre de la Défense, et de hauts gradés de l'Armée, stigmatisant la « Marcha patriotica » comme une simple vitrine politique légale des FARC.

 

Le spectre du génocide politique de l'Union patriotique : 6 000 militants assassinés dans les années 1980

 

Face à l'hécatombe sociale, Piedad Cordoba questionne : « est-on au début d'un nouveau génocide semblable à celui de l'Union patriotique (UP) ? ».

 

En 1986, les FARC avaient en effet décidé de poser les armes et de former un mouvement politique démocratique, l'Union patriotique. En quelques années, 6 000 militants, cadres, élus de ce mouvement étaient liquidés par les milices para-militaires liées au gouvernement.

 

Ces assassinats politiques se couplent à des menaces contre des dirigeants politiques nationaux. Des menaces de mort exprimées le 2 février dernier par un des groupe para-militaires les plus puissants lié au trafic de drogue (« los rastrojos ») contre 21 dirigeants de la Marcha patriotica.

 

Selon le groupe para-militaire, ils auraient reçu ordre et promesse d'une récompense de 50 millions de $ pour l'assassinat des dirigeants communistes Aida Abella, Carlos Lozano et Jaime Caycedo.

 

Ils auraient également reçu la promesse d'une prime de 35 millions de $ d'autres personnalités politiques de gauche, dont Piedad Cordoba justement.

 

La sénatrice communiste Gloria Inés Ramirez dénonce « une campagne de McCarthysation de la Marche patriotique, l'accusant de liens avec les FARC, orchestrée dans les hautes sphères gouvernementales, visant à tirer dans le dos de la paix ».

 

La Colombie, enfer des militants syndicaux et des défenseurs des droits de l'Homme

 

Elle a rappelé également que la Marcha patriotica est victime également des intimidations gouvernementales, 200 personnes sont actuellement arrêtées et poursuivies en justice pour lien supposé avec les FARC,parmi lesquels Huber Ballesteros leader paysan de la CUT et Francisco Toloza, dirigeant de la Marcha patriotica, dont nous avions relayé l'appel de solidarité.

 

Il faut savoir que la Colombie est le lieu le plus dangereux au monde pour les militants syndicaux et les défenseurs des droits de l'Homme. Pour la seule année 2013, au moins 110 militants syndicaux et 60 défenseurs des droits de l'Homme ont été assassinés en Colombie.

 

La Colombie est de très loin le pays le plus dangereux pour les militants syndicaux : deux syndicalistes sur trois assassinés dans le monde le sont sur ces terres.

 

 

Pourquoi personne ne s'émeut du massacre social en Colombie ? Pourquoi une telle indignation sélective ? Ne cédons pas à la désinformation massive sur le Venezuela et exprimons notre solidarité avec nos camarades qui tombent sous les balles des milices para-militaires, complices d'un gouvernement criminel présenté comme « démocratique » !

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