communist-party of-canadaA l'occasion de son 90ème anniversaire, le Parti communiste du Canada tire les leçons de son histoire et réaffirme son engagement communiste, loin de toute vélléité liquidatrice!

 

 

Communiqué par le Parti communiste du Canada via Solidnet repris par http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/



Résolution spéciale du Comité Central du Parti communiste du Canada

 

27 et 28 août, 2011

 

Leçons de notre Histoire

 

 

Cette année marque le 90ième anniversaire de la naissance du Parti communiste du Canada. Depuis son congrès de fondation tenu en 1921 dans une grange à Guelph en Ontario, jusqu'à aujourd'hui, nous nous sommes efforcés de rester fidèles à nos principes directeurs et théoriques qui reposent fermement sur le marxisme-léninisme et l'internationalisme prolétarien, et à les mettre en pratique en tant que parti révolutionnaire de la classe ouvrière du Canada dans nos activités quotidiennes et dans les luttes.

 

Alors que nous célébrons cet anniversaire, nous nous souvenons des nombreuses contributions et réalisations de notre parti au cours de ces 90 années. Que ce soit en organisant les inorganisés, en forgeant la plupart des syndicats des secteurs industriel et public qui existent aujourd'hui dans notre pays, en construisant et en dirigeant les mouvements de fermiers pour leur survie et leur dignité, en organisant les chômeuses et chômeurs au Canada pendant la Grande Dépression, en lançant la fameuse Grande Marche sur Ottawa, en mobilisant des milliers de jeunes volontaires pour lutter contre le fascisme en Espagne et plus tard à travers l'Europe pendant la Seconde Guerre mondiale et en construisant le mouvement pour la paix et le désarmement dans les années d'après-guerre, en menant la lutte historique du mouvement ouvrier au Canada anglais afin de reconnaître les droits nationaux du Québec, en aidant à construire le mouvement étudiant pancanadien dans les années 1970, en aidant à construire de  larges mouvements pour des réformes civiles,  pour les soins de santé publics et universels et pour la défense de la souveraineté canadienne, nous nous souvenons avec fierté de toutes ces luttes et de ces réalisations, ainsi que de nombreux autres épisodes de notre histoire.

 

Nous nous souvenons aussi que nous avons tenues nos activités révolutionnaires dans un contexte d’hostilité et d’incessantes attaques de la part de la classe dirigeante capitaliste du Canada et de son État. Que ce soit durant les périodes où notre parti était contraint de travailler dans des conditions d'illégalité, lorsque Tim Buck et d’autres dirigeantes et dirigeants ainsi que des membres de notre parti ont été condamnés et emprisonnés, lorsque des chasses aux sorcières digne du maccarthisme visaient nos membres et nos sympathisantes et sympathisants dans les syndicats dirigés par des communistes, lorsque fut élaborer ProFunc, le plan secret de l'État canadien pour arrêter et incarcérer des milliers de communistes et leurs familles, lors des attaques idéologiques et de propagande constantes, et même des attaques physiques contre notre Parti (perpétrées à la fois par la droite et par la «gauche») parce que nous avons refusé de succomber à l'antisoviétisme,  nous nous souvenons de tous ces jours difficiles, et nous honorons la mémoire de ces camarades qui ont enduré de tels outrages avec courage et détermination. Nous en sommes venus à comprendre – tant au niveau théorique qu’à travers ces expériences vécues en tant que parti – que l’intérêt de classe de ces attaques était non seulement d’affaiblir et de diminuer nos rangs, d'isoler les communistes et de couper leurs liens vivants avec la classe ouvrière, mais cela était également fait dans le but d’ébranler les communistes dans leurs assises de classe  et pour faire pression sur le Parti afin qu’il abandonne son idéologie révolutionnaire.

 

C'est dans ce contexte que nous soulignons un autre genre d’anniversaire cette année – puisqu’il a de cela 20 ans, une lutte interne a presque liquidé notre Parti. Vers la fin des années 1980, George Hewison devint le dirigeant du Parti et peu après, un groupe hétéroclite d’opportunistes de droite, d’arrivistes et de trotskystes ont progressivement gagné une certaine ascendance sur le Comité central du PCC. Ils ont été capables de le faire en cachant leur agenda liquidateur et en profitant de la confusion et de la désorientation qui régnait alors dans les rangs du Parti en raison des développements dans l'ancien Parti communiste de l'Union soviétique (PCUS), où, sous la direction de Gorbatchev, s'amoncelaient les nuages annonciateurs de la contre-révolution. Au moment opportun, la clique Hewison a entrepris de démanteler notre Parti morceau par morceau, en commençant par la dissolution de la Ligue de la jeunesse communiste et par la mise-à-pied de cadres du Parti, puis s’ensuivit la fermeture de l'imprimerie du Parti, de sa maison d'édition et de ses librairies progressistes à travers le pays.

 

Lorsque leur projet liquidateur eut gagné assez de terrain, ce groupe a commencé à rompre ouvertement avec les principes idéologiques et la ligne politique de notre Parti. Ils ont alors renié l'histoire de notre Parti (et celle du mouvement communiste international en général) en la dénonçant comme ayant été «sectaire», «avant-gardiste» et «doctrinaire». Ils ont avancé les idées réformistes du «changement progressif» pour remplacer le concept de la transformation révolutionnaire du capitalisme vers le socialisme-communisme. Ils ont même décrété que «l'impérialisme» était une notion dépassée (!) qui ne caractérisait plus le « capitalisme post-industriel ». Ils ont ensuite attaqué le centralisme démocratique, le principe organisationnel de notre Parti, et ont entrepris de démanteler les cellules du Parti et d'autres structures organisationnelles. Au fil du temps, leurs dénonciations du «stalinisme» a conduit à des attaques sur les idées léninistes, et finalement à une réfutation des principes du marxisme lui-même. Et ils ont proposé que le Parti change son nom et laisse tomber toute référence au «communisme» sur sa bannière.

 

En coulisse, cette faction liquidatrice a commencé à tenir des réunions secrètes avec des sociaux-démocrates et des «indépendants de gauche», pour dissoudre le Parti communiste dans le but de former un nouveau «parti unifié de la gauche socialiste», en utilisant les biens du parti pour financer leur nouvelle entreprise.

 

Suite au congrès de 1990, l'opposition à l'abandon de plus en plus évident par le groupe dirigeant d’Hewison de la théorie et de la pratique marxiste a grandi à travers le pays. Lorsque des preuves détaillées de leurs plans secrets pour dissoudre le Parti et voler ses biens ont fait surface et que les expulsions de membres ont débuté, la majorité des membres du parti ont exigé un congrès pancanadien de toute urgence pour résoudre la situation. Mais le groupe liquidateur a refusé et ont plutôt dissout les cellules et les comités provinciaux qui s’étaient opposés à leur conspiration. Les membres du parti étaient forcés de prêter un serment de loyauté à la direction d’Hewison sous peine de se voir refuser le renouvellement de leur statut de membres.

 

En fin de compte, ce sont les membres de la base du parti qui ont fait échouer leurs plans et qui ont sauvé le Parti communiste de la destruction, mais tout cela a eu sur les plans politique, organisationnel et financier un coût très élevé.

 

Nous n’avons pas été le seul parti communiste à vivre une telle expérience. D'autres partis à travers le monde ont traversé des épreuves semblables, et parfois pires, durant ces années difficiles. Au sud de chez nous, une faction liquidatrice a tenté de prendre le contrôle de notre parti frère, le Parti communiste des États-Unis d’Amérique, mais a été vaincue avec succès.

 

Les leçons tirées de cet épisode douloureux de notre histoire sont importantes pour les communistes au Canada – tant pour les vétérans que pour les nouveaux membres. Mais il y a des leçons qui peuvent également être utiles aux communistes internationalement, dans notre lutte commune pour l'émancipation sociale, pour mettre fin à l'exploitation de classe et à l’oppression – pour le socialisme.

 

C'est dans ce contexte que nous commentons maintenant les développements récents et les débats qui ont eu lieu au chez nos frères voisins, le PCEUA. Depuis maintenant plusieurs années, de nombreux membres de notre parti ont fait part au comité central de leur grande préoccupation à propos des changements politiques et organisationnels qui y ont cours, et de la renonciation par des cadres dirigeants de concepts fondamentaux du marxisme tels que « la dictature du prolétariat », « le centralisme démocratique » et « l'internationalisme prolétarien ».

 

Les préoccupations soulevées ont porté sur un certain nombre de questions interreliées, telles que diverses déclarations du PCEUA traitant de questions internationales, en particulier sur la lutte palestinienne, et sur les guerres américaines d'occupation en Irak et en Afghanistan; à propos de la politique syndicale, plusieurs pensent qu’elle n'est pas suffisamment critique de la collaboration de classe de la direction de l'AFL-CIO (ce qui a une influence directe au Canada étant donné la présence importante d’affiliés de l'AFL-CIO au sein du Congrès du travail du Canada); beaucoup sont critiques de l'évaluation que le PCEUA fait du rôle et de la position de classe de l'Administration Obama et du Parti démocrate, ainsi que de l'absence de toute présence électorale indépendante du PCEUA;  les déclarations de diverses figures de proue du PCEUA sur un possible changement de nom du parti, et leur façon de décrire les dépenses de millions de dollars par le  gouvernement pour le renflouer des banques comme étant «une dose de socialisme », etc. inquiètent; nous sommes aussi préoccupés par les décisions organisationnelles du PCEUA de mettre fin aux éditions imprimées de People’s Weekly Worldet de Political Affairs, de renvoyer des cadres payés pour l’organisation du Parti et de la LJC et la nouvelle approche de «porte ouverte» via Internet pour recruter de nouveaux membres.

 

Bien que profondément préoccupé par beaucoup de ces développements, notre Comité central s'était jusqu'à présent abstenu de tout commentaire. Toutefois, compte tenu de la publication plus tôt cette année de l'article «Un Parti du socialisme au 21e siècle»1(A Party of Socialism in the 21st Century) par le président du PCEUA, Sam Webb, notre Comité central estime qu'il est nécessaire de clarifier la position de notre parti sur certaines questions essentielles qui y ont été soulevées. Bien que les différentes thèses présentées dans cet article se réfèrent, en premier lieu, à une proposition de réorientation du PCUSA lui-même, le texte ainsi que son titre, semblent indiquer que ces idées devraient constituer le «modèle» de l'approche politique des partis communistes en général, ou du moins dans les autres pays capitalistes avancés comme au Canada. Cette hypothèse c’est vue confirmée lorsque le PCEUA a activement sollicité des commentaires de la part d’autres partis frères, une pratique très inhabituelle.

 

Nous avons pris connaissance des réponses officielles données à cet article par les partis communistes de Grèce (KKE)2et du Mexique3. Notre parti est d'accord avec les principales critiques exprimées dans ces documents par ces deux partis. Nous considérons que la ligne politique avancée dans «Un Parti du socialisme au 21e siècle»  constitue une rupture fondamentale avec la théorie et la pratique marxiste-léniniste. La poursuite d'une telle approche conduira objectivement à la liquidation du PCEUA en tant que parti révolutionnaire de la classe ouvrière au États-Unis.

 

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Basé sur nos 90 années de lutte, sur le programme de notre parti « Notre avenir au Canada : le socialisme!»4, notre Constitution5, et sur les décisions prises dans nos congrès, le Parti communiste du Canada comprend sa nature et son rôle, et exerce ses activités politiques, guidé entre autres, par les considérations et conclusions générales suivantes:

 

  • que la contradiction principale du système capitaliste aujourd'hui au Canada demeure la contradiction de classe qui se reflète dans la lutte de classes entre les deux principales – la classe dirigeante capitaliste (en particulier son coeur, le capital monopoliste) et la classe ouvrière de notre pays, une contradiction qui ne peut être résolue que par la transformation révolutionnaire de notre société pour passer du capitalisme au socialisme;

 

  • qu’en tant que parti révolutionnaire, la tâche principale du PCC est de défendre et de promouvoir les intérêts à long terme de la classe ouvrière et dans la poursuite de cet objectif ultime, de lutter « pour devenir le principal parti politique de la classe ouvrière, de toutes les personnes qui travaillent de leurs mains et de leur cerveau. Il est issu de la classe ouvrière et constitue le détachement politique organisée de cette classe. Le Parti  n'a pas d’autres intérêts que ceux de la classe ouvrière dans son ensemble. » [Chapitre 8 du programme de notre parti « Notre avenir au Canada : le socialisme! »];

 

  • que notre Parti soutient la lutte pour des réformes immédiates afin d’améliorer les conditions de la classe ouvrière et du peuple sous le capitalisme, et cherche l'unité avec toutes les autres forces qui soutiennent et qui acceptent de se battre pour de telles avancées. En même temps, notre parti ne perd jamais de vue l'objectif ultime du socialisme, ni le fait qu'il ne peut y avoir aucune autre voie vers le socialisme que  le renversement révolutionnaire de l'ordre existant. À cet égard, nous considérons qu’une compréhension correcte de la relation dialectique entre réforme et révolution est d'une importance primordiale;

 

  • que dans la poursuite de l'unité la plus large possible avec d’autres classes et d’autres forces sociales pour réaliser des progrès immédiats, il est absolument impératif pour notre Parti de préserver son rôle indépendant comme parti révolutionnaire de la classe ouvrière et de s'opposer à toutes tendances ou pressions – soit de l'intérieur ou de l’extérieur de nos rangs – pour effacer ou amoindrir notre rôle indépendant. Le PCC considère qu'il est vital de diffuser son point de vue directement, de manière visible et ouverte en son nom  propre, et de s'engager dans la lutte idéologique – la «bataille des idées» – contre la bourgeoise, les réformistes et les concepts de collaboration de classes qui affaiblissent, désarment et de divisent le mouvement;

 

  • que « la vision du monde du Parti communiste est basée sur le marxisme-léninisme, qui incarne la théorie du socialisme scientifique mise en évidence par Karl Marx, Friedrich Engels et Lénine. Le marxisme-léninisme n'est pas un dogme : c'est une théorie vivante en constant développement, un outil d'analyse et un guide pour l'action. Il incorpore l'expérience concentrée de toutes les luttes de la classe ouvrière, aussi bien au Canada que partout à travers le monde [chapitre 8 du programme de notre parti « Notre avenir au Canada : le socialisme »];

 

  • que le PCC est  imprégné d’une perspective internationaliste prolétarienne, qui se reflète à la fois dans notre lutte pour instaurer le socialisme au Canada, mais aussi dans notre solidarité active avec les luttes anti-impérialistes et révolutionnaires, et les efforts pour construire le socialisme dans le monde. Un aspect essentiel de notre responsabilité internationaliste est la lutte idéologique contre les calomnies et les distorsions que fait la bourgeoisie de l’histoire du mouvement ouvrier international et de ses efforts pour forger le socialisme, à la fois dans le passé et le présent; et.

 

  • que de nos principes d'organisation en tant que Parti communiste «sont déterminés par ses objectifs politiques. Afin de guider la classe ouvrière vers la  réalisation de ces buts et  mener victorieusement, en tête du peuple, la lutte commune, le Parti doit s’appuyer sur des bases idéologiques, politiques et d’unité organisationnelles fermes, et sur l'activité continue  et organisée de ses membres en étroit contact avec les travailleuses et les travailleurs, connaissant leurs vues et leurs besoins, et capables d'expliquer la politique du Parti. Le centralisme démocratique est le principe d'organisation qui assure cela. » [Constitution du Parti communiste du Canada].

 

C'est là notre position et ce sont les principes que nous sommes résolus à défendre.

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