240px-Sudanese Communist Party logoAu Soudan, la jeunesse mène la résistance populaire sur deux fronts: contre le coup d'Etat soutenu par l'impérialisme au Sud-Soudan et contre le régime dictatorial d'El-Bachir au Nord



Traduction MA pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/



Des comptes-rendus sur l'évolution de la situation au Soudan ont été envoyés par le camarade Fathi el-Fadl, responsable du secteur international du PC du Soudan, aux camarades du PC Britannique.



Nous reproduisons ici ces communiqués de grandes manifestations convoquées dimanche dernier à Khartoum et dans d'autres villes du Nord-Soudan pour demander la démission du Général Omar El-Bachir et la fin de son régime répressif:



Dimanche 30 janvier (matin)



« Depuis 11 heures du matin, aujourd'hui dimanche 30 janvier, les jeunes sont descendus dans les rues de Khartoum répondant aux appels de différentes organisations de jeunesse à manifester contre l'augmentation du coût de la vie, les limitations des droits démocratiques, l'absence de services d'éducation et de santé et surtout contre la dictature du Parti du Congrès national actuellement au pouvoir. Parmi les slogans montait l'exigence de mettre fin à ce régime, de se solidariser avec le peuple et la jeunesse d'Égypte et de Tunisie. Les attaques brutales de la police ont déjà fait leur première victime étudiante: Mustapha Al Noman, de l'université Ahlia, qui souffre de graves blessures à la tête. Des dizaines d'étudiants ont été arrêtés dans les alentours de Souque Al-Arabi, parmi eux l'étudiant Omer Maghoub. Au moment où vous écrivons, nous recevons des nouvelles selon lesquelles les manifestants ont atteint le centre de Khartoum.

 

Les manifestants sont des centaines, mais ils sont de plus en plus nombreux.

 

Il est 12h09, et la jeunesse héroïque du Soudan écrit avec ses poings et sa détermination le début d'une résistance dans la rue à la dictature des Frères musulmans. Ils suivent les pas de leurs frères et de leurs sœurs d'Égypte et de Tunisie. Parmi les slogans des manifestants: « Liberté, liberté, liberté », « Non à la vie chère! », « Libérez nos frères de prisons », « Non au Front islamique national, aux frères musulmans, non aux réactionnaires, nous voulons retrouver du pain », « A bas la dictature ».

 

On pense qu'un groupe de jeunes se trouve derrière le mouvement. Parmi eux a été arrêté Omer Maghoub, membre du secrétariat de l'Union de la jeunesse soudanaise. »

 

Dimanche 30 janvier (après-midi):

 

« Il faut continuer à nous soutenir et à être solidaire, notre jeunesse continue à se battre. Jusqu'à présent, nous pouvons dire que les manifestations se répandent petit à petit à d'autres secteurs de la capitale. Au moment où nous écrivons, a lieu une bataille acharnée autour de la faculté de la médecine entre les forces de police anti-émeutes et les manifestants. La même chose se déroule près de l'Université de Khartoum. Déjà à Omdurman, des manifestations se sont tenues près de Banet, à l'université Al-Ahlia et à l'université Omdurman. A Khartoum-Nord, des manifestations viennent tout juste d'être lancées près du principal centre commercial de la ville.

 

Des policiers en civil arrêtent les militants dans la rue. Hormis ses forces de sécurité régulières, le régime use de sa propre milice. Il existe cinq organisations de jeunesse derrière les manifestations d'aujourd'hui – Hope and Change, Resistance in the neighbourhood, Youth for Change, Grifna et First Change. Elles sont composées d'éléments de la gauche radicale et des forces démocratiques. Elles font partie du mouvement démocratique de masse, réalisent un travail d'avant-garde et poussent d'autres couches de la population à les rejoindre.

 

Selon les informations disponibles, près de 70 jeunes sont arrêtés. Plus d'une centaine de jeunes hommes et femmes sont blessés, certains très sérieusement. Trois sont dans un état critique. Depuis que les forces de sécurité assiègent les hôpitaux, de jeunes blessés préfèrent se soigner eux-mêmes ou solliciter des soins privés. Les docteurs démocrates et communistes traitent des personnes blessées dans des cliniques de fortune.

 

Les forces de sécurité utilisent la force brutale pour disperser des manifestations pacifiques.

 

Camarades: élevez la voix. Notre jeunesse attend votre soutien. Ce n'est qu'un début. »

 

Lundi 31 janvier:

 

« Les rues de Khartoum sont plutôt vides pour le premier jour de travail de la semaine. Les forces anti-émeutes, les voitures de sécurité, et les cars de police patrouillent dans toute la police, dans une tentative de démonstration de force. Les manifestations d'aujourd'hui ont atteint leur but. Il est temps de se regrouper, de tirer des leçons de cette expérience et d'envisager la prochaine étape. Les jours à venir seront importants.

 

Il a été interdit aux journalistes étrangers de prendre des photos ou d'interviewer des hommes politiques. Certains ont perdu leurs caméras confisqués par la police. Plus de trente détenus, y compris des étudiantes, ont été transférés au QG de la sécurité à Khartoum-Nord. Certains ont été battus sur le trajet de la prison. »

 

Mardi 1er février:

 

« Des échauffourées entre la police et les manifestants ont continué jusqu'à tard dans la nuit, en particulier autour de la faculté de médecine, du bâtiment principal de l'université de Khartoum et l'université Al-Ahlia à Omdurman. Les étudiants et le mouvement de jeunesse ont commémoré leur premier martyr Mohamed Abd Alrahman, étudiant à l'université Al-Ahlia. Des actions de masse à venir sont envisagées et sont à l'ordre du jour des forces politiques.

 

Le Forum du consensus national, regroupant 23 partis politiques et organisations, se réunit en ce moment en session. Comme cela est bien connu, le Parti communiste soudanais a déjà soulevé la question du renversement du régime par tous les moyens légaux y compris le soulèvement civil et la désobéissance politique. Depuis la fin août, ses organisations travaillent à mobiliser les masses dans différents secteurs de la population. A présent, dans le champ politique, une grande lutte est en train d'être menée pour remporter la bataille pour une nouvelle direction démocratique pour le mouvement syndical Soudanais. »

 

 

Cf l'article précédent du PC Soudanais avant le référendum sur l'indépendance du Sud-Soudan: Le PC Soudanais inquiet des conséquences du référendum sur l'indépendance du Sud-Soudan: un pays laissé dangereusement à la dérive)

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