Contre la stratégie libérale de l'Union Européenne, par Ilda Figueiredo, députée européen (PCP)
20 nov. 2009Contre la stratégie libérale de l'Union Européenne
par Ilda Figueiredo, député européen du Parti Communiste Portugais (PCP)
sur le numéro 1874 du 29 octobre 2009 d'Avante, hebdomadaire du PCP
Traduction MA pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/
S'est déroulée à Chypre, à la fin du mois d'octobre, une rencontre importante organisée par l'AKEL sur le rôle que la Stratégie de Lisbonne a joué dans l'évolution néo-libérale de l'Union Européenne, mettant en oeuvre le contenu des Traités qui, en particulier depuis Maastricht, se sont transformés en un instrument fondamental du renforcement du capitalisme en Europe.
J'ai participé à ce débat, au cours duquel les différentes analyses ont convergé sur la nécessité particulièrement urgente de rompre avec les politiques néo-libérales de l'Union Européenne, en particulier celles découlant de la Stratégie de Lisbonne, du Pacte de Stabilité et des orientations de la Banque Centrale Européenne. Une nouvelle politique économique et sociale est plus que jamais nécessaire.
Presque 10 ans après l'adoption de la Stratégie de Lisbonne (en mars 2010), quand la propagande officielle défendait une stratégie en mesure de créer le plein-emploi, de réduire la pauvreté et l'exclusion sociale, de maintenir des niveaux de croissance de l'ordre de 3% et de réaliser l'économie de la connaissance la plus avancée du monde, la réalité a mis en évidence la grande différence entre la propagande et les mesures concrètes qui ont concrétisé cette stratégie. Et parce que, comme nous l'avions dénoncé alors, ces mesures ouvraient la voie aux privatisations et aux politiques de précarisation du travail.
Ainsi, avec les orientations libérales de l'UE et les directives qui, entre temps, ont été adoptées, ce que nous avons aujourd'hui c'est une pauvreté qui touche 80 millions de personnes dans l'Union Européenne, parmi lesquels plus de 30 millions sont des travailleurs aux bas salaires, plus de 100 millions de travailleurs précaires, quand, en 2000, ils était près de 60 millions, et le chômage risque de dépasser la barre des 30 millions en 2010. Au lieu de la croissance et du développement, ce que nous avons c'est l'augmentation des inégalités sociales et régionales et également de plus grandes difficultés pour les jeunes à trouver un emploi avec des droits.
Avec la révision de la Stratégie de Lisbonne en 2005, son orientation néo-libérale s'est encore approfondie, ce que la majorité des pays a mis en œuvre avec les plans nationaux de réforme, où la priorité a été donnée à la compétitivité, à l'augmentation de la concurrence, y compris dans les services, c'est ce qu'ils ont appelé « l'amélioration de l'environnement des entreprises », mais qui, de fait, a juste débouché sur la casse du droit du travail, l'augmentation de l'âge de départ à la retraite, les attaques contre les droits sociaux et du travail, dont la « flexsécurité » et la proposition de modification de la directive sur l'aménagement du temps de travail ont été les deux exemples les plus récents.
L'accent mis sur les politiques de libéralisation, en particulier dans les services, comme avec l'infâme directive Bolkestein, de précarisation du travail et sur une vision étroitement financière qui a abouti aux politiques d'austérité budgétaire; tout cela n'a fait qu'empirer la situation.
Tout cela s'est déroulé dans un contexte de libéralisation croissante du commerce international basé sur les négociations à l'OMC, avant tout dans les intérêts des grandes entreprises du secteur des services insérées dans le commerce international, tout en contribuant à la destruction des secteurs productifs, en particulier dans les pays du Sud, des industries traditionnelles et des exploitations agricoles familiales. Maintenant, ils cherchent à ce que la Stratégie de Lisbonne s'impose également dans le domaine du commerce extérieur et pas seulement dans le marché interne.
La lutte est essentielle pour mettre en échec cette stratégie
La lutte des travailleurs et la défaite de la « Constitution européenne » lors des référendums en France et en Hollande ont contraint l'UE à faire marche arrière, tout compte fait plus en apparence que dans le fond. Les décisions gravissimes prises par la Cour de Justice Européenne, dans les affaires Laval, Viking Line et Ruffert, ont permis de mettre en évidence le fait que la libre concurrence, la liberté de circulation des entreprises et le droit d'établissement prévus par le Traité de l'Union Européenne qui est en vigueur, et qui sont réaffirmés dans le projet du Traité de Lisbonne, sont utilisés pour justifier des pratiques de dumping social, pour dévaloriser la négociation collective, pour délocaliser des travailleurs de pays où les salaires sont bas vers les pays où les salaires sont plus élevés, tout en maintenant la différence salariale du pays d'origine, pour mettre les travailleurs en concurrence entre eux.
C'est justement pour mettre fin à cette politique et pour changer de cap, en mettant l'accent sur des politiques fiscales justes et redistributives, sur le soutien à la production et sur les priorités qu'il est nécessaire de fixer: la garantie de l'accès aux services publics, la création d'emplois avec des droits, le respect des droits de l'Homme et le combat contre la pauvreté.
Les luttes des travailleurs, des populations et des forces progressistes sont essentielles pour réussir à changer de politique, pour mettre en échec cette stratégie du capitalisme dont la stratégie de Lisbonne et le Traité sont les dangereux instruments.
Site d'Avante: http://www.avante.pt/
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