Des preuves du soutien financier et politique des Etats-Unis au coup d'Etat d'Hugo Banzer en Bolivie en 1971
19 juin 2010 Des preuves du soutien financier et politique des Etats-Unis au coup d'Etat d'Hugo Banzer en Bolivie en 1971
Traduction AC pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net
depuis le site Cuba Debate
Il existe d'excellents sites en anglais consacrés à la Bolivie et aux questions qui y sont rattachées. Un d'entre eux est Abiding in Bolivia, où nous trouvons un document exclusif sur la collaboration de Nixon et Kissinger au coup d'Etat d'Hugo Banzer en 1971.
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De ce document, nous traduisons quelques minutes d'une réunion du 8 juillet 1971 du Comité des 40 (un groupe émanant de l'exécutif, présidé par Henry Kissinger, et chargé de superviser les opérations secrètes), qui comprenait la discussion d'une proposition de la CIA de donner 140 000 $ à un groupe de politiciens d'opposition et de leaders militaires, de l'argent qui aurait été utilisé pour renverser le Président Juan José Torres(Le sous-secrétaire d'Etat, Alexis Johnson: « Ce que nous sommes en train de faire, c'est un coup d'Etat, n'est-ce pas? »).
Torres fut renversé par un coup d'Etat le 21 août 1971, dirigé par Hugo Banzer. Il partit en exil, d'abord au Pérou, puis au Chili et finalement en Argentine. Il fut séquestré et assassiné à Buenos Aires le 2 juin 1976, dans le cadre du Plan Condor.
Bien que le comité ait décidé d'entendre l'avis de l'ambassadeur Ernest Siracusa (qui s'opposait à ces mesures), le plan fut finalement adopté. Le même jour que commençait le coup d'Etat, à Santa Cruz, en Bolivie, un employé de la NSC [Conseil National de Sécurité] a informé Kissinger que la CIA avait envoyé de l'argent à deux membres de haut rang de l'opposition.
La proposition de la CIA avait pour origine une conversation en juin entre Richard Nixon et Henry Kissinger, lors de laquelle ils décidèrent que Torres étaient allé trop loin dans les concessions qu'il avait faites à la gauche bolivienne:
Kissinger: Nous avons un très gros problème en Bolivie, aussi.
Nixon: Je le comprends bien. Connally l'a évoqué. Que penses-tu faire à ce sujet?
Kissinger: J'ai dit à Karamessines [le Directeur-adjoint aux opérations de la CIA, Thomas Karamessines] qu'il mette en route une opération tout de suite. Même l'ambassadeur là-bas, qui a été un poltron, dit maintenant que nous devrions commencer à jouer avec les militaires là-bas, ou ça risque de sentir assez mauvais.
Nixon: Ouais
Kissinger: Ca devrait se faire lundi.
Nixon: Karamessines pense qu'on a besoin de quoi? Un coup d'Etat?
Kissinger: Nous verrons ce qu'il est possible de faire, en fonction du contexte. Dans deux mois, ils nous auront flanqué dehors. Ils se sont déjà débarrassés du Peace Corps, ce qui peut faire nos affaires, mais maintenant ils veulent se débarrasser de l'USIA [Agence d'information des Etats-Unis – institution de promotion des intérêts américians à l'étranger] et des militaires. Je ne sais pas si on peut même penser à un coup d'Etat, mais nous devons découvrir ce qu'il en est sur place.
La CIA avait certainement raison de dire que, indépendamment de toute implication des Etats-Unis, « une tentative pour déposer Torres dans les prochains mois, si ce n'est avant, était inévitable ».Mais, bien qu'ils reconnaissaient qu'appuyer le coup d'Etat était une « opération à haut risque », ils décidèrent que quant à être montré du doigt, autant l'être pour quelque chose que l'on a fait.
Le gouvernement des Etats-Unis sera le coupable logique dans les esprits des Boliviens. De plus, nous nous attendons à ce que la CIA soit attaquée, et que les accusations d'implication de la CIA paraissent inévitables. Puisque la CIA a été accusée régulièrement (et à tort) d'innombrables complots et activités en Bolivie, une accusation de plus ne devrait pas provoquer une réaction publique excessive.
Le 26 août, trois jours après que Banzer ait pris le pouvoir, Kisinger et Nixon se sont parlés au téléphone. Kissinger fit un compte-rendu au président de sa récente réunion avec les veuves des soldats morts au combat, au Viet-Nam, et le président dit à Kissinger que « le problème avec Reagan est plus qu'évident. Il est vraiment primaire ». A la fin de la conversation, Kissinger affirme qu' « en Bolivie, il y a eu un coup d'Etat. Il a porté au pouvoir un gouvernement de droite ».
La réponse de Nixon?: « Et à propos du Chili? »
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