533px-Kosovo EU.svgKosovo: des crimes macabres occultés par les États-Unis et l'Union européenne


Article d'Avante, organe du Parti communiste portugais (PCP)



Traduction MA pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/



L'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe débat, ce 25 février, d'un rapport qui implique directement le premier-ministre du Kosovo, Hashim Thaçi, dans l'extraction et le trafic d'organes humains.



Le document de 28 pages, déjà adopté en Commission mi-décembre, confirme que le principaux responsables de l'Armée de libération du Kosovo (UCK) se sont consacrés au trafic d'organes prélevés sur des prisonniers serbes entre 1998 et 2000.



« Cette activité criminelle, qui s'est développée en profitant du chaos régnant dans la région et sous l'initiative de certains chefs des milices de l'UCK liés au crime organisé, s'est poursuivie, même sous autres formes, jusqu'à nos jours. »



Parmi les figures de haut rang du mafieux « Groupe de Drenica », dirigé par l'actuel premier ministre du Kosovo, Hashim Thaçi, le rapport inclut également le chirurgien Shaip Muja, aujourd'hui conseiller dans le gouvernement de Thaçi, et ancien membre de l'élite des « coordinateurs » de l'UCK.



Comme le souligne l'auteur du document, le sénateur suisse Dick Marty, l'enquête fut motivée par les « révélations publiées dans un livre par l'ancienne procureur du Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY) », Carla del Ponte.



Dans ce travail, publié en 2008, on dénonçait déjà l'existence de trafic d'organes et on identifiait même déjà une « maison jaune » qui aurait servi de clinique clandestine. Cependant, on a jeté le discrédit sur ces révélations et, après huit années d'activité, la magistrate fut écartée du TPIJ, envoyée comme ambassadrice de Suisse en Argentine en 2008. De toute évidence, sa voix était devenue gênante.



« Nos enquêtes », affirme le rapport du Conseil de l'Europe, « permirent non seulement de confirmer ces révélations [de Carla Del Ponte] mais aussi de les préciser et de dresser un sombre et inquiétant tableau de ce qui s'est passé et, en partie, continue à se passer au Kosovo. »

 

Atrocités impunies



Le rapporteur Dick Marty a identifié un ensemble de personnes et une série de localités du Nord de l'Albanie liés aux activités du réseau, notamment « un centre d'accueil moderne pour le crime organisé de trafic d'organes ».



« Cette structure fut conçue comme une clinique de chirurgie improvisée (…) où des détenus (…) furent soumis à des ablations de reins contre leur volonté. Les organisateurs transportaient ensuite les organes humaines hors d'Albanie, les vendant à des cliniques privées étrangères ».



Le rapport nous présente la description suivante: « Les modalités concrètes de ce trafic étaient relativement simples. Les prisonniers étaient conduits jusqu'à Fushë-Krujë (…), où ils étaient détenus dans le « refuge » (…). Une fois que parvenait la confirmation que les chirurgiens chargés de la transplantation étaient sur place et prêts à opérer, les prisonniers étaient sortis du « refuge » et sommairement exécutés d'une balle par un agent de l'UCK. Leurs corps étaient alors transportés rapidement vers une clinique où avait lieu l'opération ».



L'hypocrisie occidentale

 

Le contenu de l'enquête réalisée, comme d'ailleurs son auteur a tenu de le souligner, n'est pas une nouveauté: « Ce que nous avons découvert n'est certainement pas totalement inédit: des rapports d'importants services de renseignements et de police avaient déjà dénoncé et illustré en détails ces mêmes faits depuis longtemps. Mais on n'a pas donné suite, à partir du moment où les instances dirigeantes ont toujours privilégié la discrétion, et le silence, pour de prétendues considérations d' 'opportunité politique'. Mais quels intérêts pourraient justifier une telle attitude qui méprise toutes les valeurs qui sont constamment invoquées en public? »



L'indignation de Dick Marty, président de la Commission des questions juridiques et des droits de l'Homme de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe, provient surtout du fait, ce qu'il souligne également dans son rapport, que « toute la communauté internationale au Kosovo – depuis les gouvernements des États-Unis et d'autres puissances occidentales alliées jusqu'aux autorités judiciaires qui exercent leur activité sous tutelle de l'Union européenne – avaient sans le moindre doute les mêmes sombres informations sur l'extension des crimes commis par le « Groupe de Drenica », mais personne n'a paru disposé à réagir face à une telle situation et à poursuivre les responsables »



D'autre part, après deux ans d'investigation, le rapporteur suisse paraît avoir aujourd'hui une vision de la guerre qui a démembré la Yougoslavie bien différente de celle qui est habituellement véhiculée par les médias dominants:



« L'émotion suscitée par les crimes horribles commis par les forces serbes a créé, entre autres conséquences, un climat, que nous avons pu constater également dans l'attitude de certaines instances internationales, selon lequel les uns étaient nécessairement considérés comme les persécuteurs et les autres comme les victimes, et donc innocents. La réalité est plus nuancée et complexe ».

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