communist-party-nepal.jpgÉlections au Népal : une gauche marxiste hégémonique dominée par les communistes dans une révolution inachevée

 

Article AC pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/

 

Le 19 novembre dernier avaient lieu des élections capitales au Népal, sept ans après une révolution à l'issue incertaine. Les résultats sont tombés, après des semaines d'estimations. Si la gauche marxiste est majoritaire, elle sort recomposée avec une prédominante communiste.

 

Où va le Népal ? Il y a sept ans, ce petit État entre Chine et Inde de 27 millions d'habitants était ébranlé par une révolution qui renversait une monarchie vieille de plus de 250 ans.

 

Cette révolution a été la conjonction d'une guérilla rurale de plus de dix ans menée par les maoïstes et d'un mouvement pacifique pour une transition démocratique menée par les deux principaux partis parlementaires : le Parti du Congrès et le Parti communiste du Népal.

 

Face à la crainte d'être renversé violemment, le monarque népalais – qui avait déjà du concéder la fin de la monarchie absolue en 1990 – abdiquait en 2008, laissant le pays devenir une République fédérale, avec un premier gouvernement dirigé par les maoïstes de Prachanda.

 

Depuis 2008, le pays connaît une instabilité permanente, les différents partis – maoïstes, communistes, congressistes – ne parvenant à se mettre d'accord pour écrire la Constitution, six gouvernements se succédant dans l'intervalle.

 

Les communistes renforcés, les maoïstes en chute libre

 

Ce 19 novembre, les élections à l'Assemblée constituante devaient dégager une majorité claire, elles marquent surtout un recul net des maoïstes : le Parti communiste unifié maoiste du Népal n'obtient que 15,2 % des voix et 80 sièges, une perte de 140 sièges (et 15 points).

 

Si le Parti du Congrès passe en tête avec 25,5 % des voix et 196 sièges, le Parti communiste du Népal marxiste-léniniste le talonne avec 23,6 % des voix et 175 sièges – gagnant 3 points et 67 sièges.

 

En termes globaux, bien que cette alliance n'ait pas nécessairement un sens au Népal, la « gauche marxiste » reste majoritaire avec 255 sièges sur 575, auxquels on pourrait rajouter 11 autres sièges remportés par des petites formations communistes.

 

Les raisons de la déroute maoïste : désillusion par rapport aux promesses d'une révolution inachevée

 

Selon la direction du Parti communiste maoïste, ce seraient la fraude électorale, la prédominance du clientélisme qui expliqueraient ce recul. Si il y eut indubitablement des irrégularités, elles ne peuvent expliquer seules cette défaite historique.

 

La principale raison réside dans la déception par rapport aux promesses de la révolution. Afin de participer à la « normalisation » du pays, les maoïstes ont fait beaucoup de concessions, trop.

 

Avec l' « Accord de paix » de 2011, le gouvernement maoïste a convenu non seulement de rendre les armes et d'intégrer les anciens guérilleros aux forces de sécurité héritières de l'Ancien régime, mais aussi de restituer les terres confisquées pendant la révolution aux anciens propriétaires.

 

Le démantèlement du système féodal dans les campagnes, la grande réforme agraire n'ont pas eu lieu, tandis que le gouvernement n'a pas non plus rompu les liens avec le FMI et la Banque mondiale qui continuent d'imposer leurs « programmes d'ajustement structurel ».

 

Des perspectives d'avenir dans le sursaut du mouvement révolutionnaire ?

 

Cette ligne, suivie tout particulièrement depuis 2011 par le Ministre de l’Économie Baburam Bhattarai, a rencontré une forte opposition au sein du mouvement maoïste, suscitant même une scission l'an dernier de l'aile radicale reprochant à Prachanda la « trahison de la révolution ».

 

Le nouveau parti maoïste, issu de l'aile révolutionnaire, a appelé au boycott des élections, une manœuvre qui n'a pas été une réussite, puisque la taux de participation a été supérieur à 70 %.

 

Les perspectives ne sont pas nécessairement sombres, en dépit des divisions au sein des forces révolutionnaires. La « révolution » de 2006 a ébranlé le système de castes, fait s'effondrer une monarchie, vaciller le système féodal.

 

Elle a surtout constitué une révolution dans les consciences, le début d'un processus de radicalisation à la base, dont pourrait profiter le Parti communiste marxiste-léniniste et l'aile radicale du mouvement maoïste.

 

Un pays pris dans le « Grand jeu » entre Chine et Inde

 

Les enjeux au Népal sont aussi, hélas, largement parasités par le « Grand jeu » entre les puissances de la région, en premier lieu les géants chinois et indiens, qui comptent 3 milliards d'habitants à eux deux, respectivement deuxième et dixième économies mondiales.

 

Il est de notoriété publique que l'Inde soutient le Parti du Congrès – et entretient des relations cordiales avec le Parti communiste – tandis que la Chine appuie, elle, les maoïstes « réformistes » népalais, dans l'espoir de contrer l'influence traditionnelle de l'Inde sur ce petit État tampon.

 

Dans un pays les plus pauvres du monde, l'enjeu pour la Chine et l'Inde est de contrôler un territoire-clé pour l'approvisionnement en eau de la région. L’État himalayen est considéré comme le « château d'eau » de l'Asie du sud, avec un fort potentiel hydro-électrique.

 

Dans le même temps, la Chine a développé de grands projets d'infrastructures au Népal pour permettre d'utiliser non seulement d'exporter ses produits chez son voisin mais aussi pour utiliser le pays comme territoire de transit vers l'Asie du sud.

 

Dans cette lutte entre géants, le peuple népalais ne demande qu'une chose : le respect de son droit à vivre dans la dignité, cela passe par la sortie d'une structure féodale inique et d'un capitaliste mondialisé qui collaborent pour le maintenir dans la misère.

 

Dans ce combat, avec toutes leurs contradictions, dans toutes leurs divisions, et en dépit des difficultés à obtenir des informations fiables, les communistes seront présents au côté des ouvriers et paysans népalais pour approfondir la révolution.

 

 

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