La candidate de Die Linke à l'élection présidentielle allemande, Beate Klarsfeld, soutient publiquement la candidature de Nicolas Sarkozy
13 mars 2012
La candidate de Die Linke à l'élection présidentielle allemande, Beate Klarsfeld, soutient publiquement la candidature de Nicolas Sarkozy
Article AC pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/
La baudruche médiatico-politique « Die Linke » en Allemagne ne cesse de dégonfler, révélant de plus en plus sa véritable nature.
En nette perte de vitesse lors des dernières scrutins, perdant aux régionales de 2011 entre 4 points au Bade-Wurtemberg jusqu'à 8,8 points à Berlin par rapport aux législatives de 2009, en passant par une baisse de 7 points en Rhénanie-Palatinat et de 5,8 points à Brême, Die Linke en est réduit aux coups médiatiques faisant apparaître ses propres contradictions.
Pour l'élection présidentielle de 2012, scrutin plutôt mineur étant donné le rôle honorifique du président fédéral et l'élection indirecte par le parlement, Die Linke a choisi une personnalité certes dotée d'une autorité morale incontestable mais aussi porteuse de positions politiques plus douteuses.
Face à Joachim Gauck, candidat du consensus CDU-SPD-FDP-Verts, pasteur et figure de l'opposition anti-communiste en RDA, « Die Linke » a choisi d'alimenter ce consensus en présentant Beate Klarsfeld.
Avec son époux Serge Klarsfeld, Beate est mondialement connue pour sa « chasse aux nazis » et son combat pour la reconnaissance de la Shoah. En Allemagne, elle reste aussi symboliquement comme celle qui a osé gifler le chancelier Kiesinger, ancien membre du parti nazi, en 1966.
Les positions politiques de Beate Klarsfeld sont pourtant très éloignées de celles historiquement tenues par les communistes, voire même d'une « gauche radicale » que voudrait désormais incarner « Linke ».
Beate Klarsfeld, une sioniste invétérée : incompatibilité ou convergences avec la direction de Die Linke ?
Proche traditionnellement du SPD, elle se distingue médiatiquement par son soutien inconditionnel à l’État d’Israël et son rejet de toute indépendance de la Palestine.
Sa fondation, la Beate Klarsfeld Foundation, est elle-même soutenue activement par le Congrès juif mondial, organisation instrumentalisant l'identité et la mémoire juive pour faire la promotion d'un sionisme inconditionnel.
La position de Die Linke vis-à-vis de la cause palestinienne est pour le moins ambiguë.
Gregor Gysi, qui a encore botté en touche lors de la conférence d'investiture, a déjà exprimé à plusieurs reprises son soutien à l’État d’Israël comme lors d'un discours édifiant lors d'une conférence à la fondation Rosa Luxembourg en 2008 pour le 60ème anniversaire de l’État d’Israël. Gysi y déclarait alors : « L’antisionisme ne peut, ou du moins ne peut plus, être une position défendable pour la gauche en général et pour le parti Die Linke en particulier ».
La seconde flottille de la Liberté en juin 2011, avait exacerbé toutes les dissensions internes dans le parti, et la direction avait alors adopté une résolution interdisant la participation d'élus de Linke au nom de la lutte contre l' « anti-sémitisme », ainsi que le« la solution d'un seul Etat pour la Palestine et Israel, ainsi que le boycott des produits israéliens ».
19 des 76 députés avaient alors exprimé ouvertement leur opposition. Les 57 autres députés ont voté cette résolution ignominieuse.
La famille Klarsfeld, premiers soutiens de Nicolas Sarkozy en France, candidats de la gauche pseudo-radicale en Allemagne!
Et Beate Klarsfeld a le mérite, elle, de ne pas jouer l'hypocrisie. Quand on lui demande lors de sa conférence de presse d'investiture de préciser quel candidat elle soutient dans l'élection présidentielle en France, la citoyenne franco-allemande répond sans hésiter :
« Sarkozy, oui le je dis publiquement, nous soutenons Nicolas Sarkozy en France ! »
Un « nous » qui englobe naturellement son époux Serge Klarsfeld, proche de la droite française, de Chirac à Sarkozy, récent soutien de la loi défendue par Sarkozy sur la négation du génocide arménien.
Un « nous » qui intègre assurément Arno Klarsfeld, son fils, conseiller proche de Sarkozy, défenseur inconditionnel d'Israel et de la politique des Etats-unis, soutenant notamment en 2003 l'invasion de l'Irak.
Comment un Parti comme « Die Linke », qui se prétend l'héritier du Parti communiste allemand, peut-il soutenir une candidate, sioniste invéritée, revendiquant ses convictions proches de la droite la plus dure, celle de Sarkozy et Netanyahu, une candidate aussi éloignée des positions historiques des communistes ?
L'opportunisme de « Die Linke », en particulier de la fraction dirigeante liquidatrice de l'ex-PDS, Gregor Gysi en tête, éclate de plus en plus au grand jour. Le « modèle » Die Linke, présenté comme tel dans le cadre des transformations en cours tant en France avec le Front de gauche qu'en Italie avec la Fédération de la gauche ou encore en Espagne dans la refondation d'Izquierda Unida, est en train de se fissurer.
Vitrine du PGE (Parti de la gauche européenne), « Die Linke » pousse, après le feu de paille électoral initial, ses contradictions jusqu'au bout. Qu'il constitue un modèle de transformation des « partis communistes » révolutionnaires en « partis de gauche » réformistes doit faire réflechir, surtout au moment où le candidat présidentiel du Front de gauche, Jean-Luc Mélenchon, ne cesse de louer son amitié franco-allemande avec Oskar La Fontaine, et le modèle donné Outre-rhin par le « Die Linke », horizon organisationnel du Front de gauche.
La maxime de Georg Buchner est toujours de vigueur : « Veillons et armons-nous en pensée ! »
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