La jeunesse communiste allemande (SDAJ) souligne la nécessité de passer de l'indignation spontanée à l'insurrection organisée face à l'offensive anti-sociale de l'UE
08 oct. 2011De l'indignation à l'insurrection
Communiqué de la Jeunesse ouvrière socialiste allemande (SDAJ)
Traduction WW pour l'UEC Strasbourg repris par http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/
Partout en Europe, les peuples refusent de payer la crise du capitalisme et se révoltent. En Europe et dans les quartiers : structurez votre colère ! PROCHAIN RDV : SAMEDI 15 OCTOBRE avec la journée européenne de mobilisation de la Jeunesse.
« Ils ont besoin de notre solidarité », déclare, la bouche en cœur, la chancelière Merkel, se référant aux états « débiteurs ». Il est juste que les finances des pays qu’ils appellent les PIIGS (Portugal, Irlande, Italie, Grèce et Espagne) ne sont pas vraiment en bon état. « Dépenses excessives », c’est l’explication que les économistes bourgeois répètent comme un mantra. Souvent, on ressent des sous-entendus racistes, comme l'image du Grec qui danse le sirtaki, boit de l'ouzo et prend très tôt sa retraite de luxe.
Impérialisme européen
Les bourgeois ont l’intention de faire payer la crise du capitalisme à la classe ouvrière. De même, les principaux états impérialistes d'Europe veulent « exporter » la crise vers les pays périphériques, et à cet effet, l'Union européenne est un instrument d'impérialisme idéal pour l’Allemagne et la France, car elle dicte aux états endettés, au nom du prétendu intérêt commun, des mesures d’austérité plus qu’amères. En revanche, ces malheureux pays reçoivent des prêts avec lesquels ils doivent rembourser leurs dettes aux banques et multinationales françaises et allemandes. « Pour cela, ils ont besoin de notre solidarité, et nous sommes prêts à donner, à condition que les états concernés ne diminuent pas leurs efforts », comme l’exprime la chancelière allemande. Ces prêts sont à leur tour financés par la classe ouvrière allemande, ce qui signifie, au moyen terme, des coupes dans les services publics.
Les diktats impérialistes aux pays endettés ne prévoient pas seulement une réduction des dépenses publiques, c’est-à-dire des salaires et des allocations sociales, mais tiennent aussi généreusement compte des intérêts économiques des bourgeois, ce qui signifie des privatisations en masse et l'ouverture des marchés aux entreprises étrangères. En abaissant les salaires dans ces pays « pauvres », on crée également, selon le principe du moins disant, une pression sur les salaires en Allemagne. Un système perfide et sournois donc, conçu pour décharger le fardeau de la crise sur les travailleurs de tous les pays européens.
La recette des libéraux : l’austérité, jusqu’à ce que mort s’ensuive
« Des contre-réformes sociales pour donner encore plus de pouvoir aux capitalistes et libéraliser les marchés, licenciements à tout-va, augmentation de l'âge de la retraite à 67 ans, des coupes claires dans les dépenses sociales tous azimuts, ce qui signifie par exemple moins de bourses pour les étudiants, moins de financement pour la recherche, etc. », résume Roberto Barrios de la Jeunesse communiste d'Espagne (UJCE) les conséquences des diktats. En Grèce, un ménage sur quatre n’est déjà plus à même de payer sa facture d'électricité. En outre, des centaines d’hôpitaux sont voués à être fermés ou privatisés d’ici 2014 ; au total, le budget de l'État grec sera coupé d’un tiers, c’est-à-dire de 80 milliards d'euros, dont 28 milliards par la réduction de dépenses publiques et la hausse des impôts de masse, 50 milliards par la privatisation d’aéroports, de l’opérateur public d'électricité DEI, des chemins de fer et des ports ainsi que du fournisseur public de gaz et d'eau à Thessalonique. Au Portugal, la TVA sera rehaussée à 21 %, les salaires seront réduits de près de 5 % et les retraites gelées en 2012. Ce pays est, selon la logique farfelue des libéraux, considéré comme un « bon » débiteur, car comme en Irlande, le gouvernement a réussi à imposer ses mesures d'austérité.
Les indignés
Indignados, les indignés, s’appellent les manifestants en Espagne. Sous le slogan « Yes, we camp », ils ont construit des camps de protestation en plus de 50 villes. Le « Mouvement 15 mai », jour où des centaines de milliers d’indignés descendaient dans la rue, lutte contre le programme d'austérité du gouvernement Zapatero. Mais leur combat n’est pas seulement dirigé contre les représentants du Capital dans leur propre pays, mais aussi contre l'Union européenne comme instrument de la bourgeoisie. Ils organisent des « asambleas de barrio » (assemblées de quartier), où des milliers de personnes discutent sur les meilleurs moyens de protestation. Partout, on peut lire des tags comme « Ceci n'est pas une crise, c’est du vol à main armée ! ». Les jeunes se sont rassemblés pour former l’alliance « Juventud sin futuro » (jeunesse sans avenir). En Espagne, le taux de chômage a officiellement atteint plus de 20 %, celui des jeunes près de 50 %. « La question qui se pose n'est pas de savoir pourquoi la jeune génération manifeste aujourd'hui en Espagne, mais pourquoi elle ne le fait pas depuis longtemps », constate même le journal économique « Handelsblatt », pour avertir ensuite : « Les protestations de la jeunesse espagnole ne sont peut-être que le commencement de manifestations similaires partout en Europe. Un tiers des jeunes européens n'a aucune chance d'obtenir un emploi. »
Une vague de colère
Et pour cause : à Paris, la Place de la Bastille a été occupée. Au Portugal, la « Geração á rasca » (Génération en péril) manifeste depuis mars. Là-bas, plus d'un jeune sur trois est au chômage. Au total, il y a environ 5,2 millions de jeunes chômeurs en Europe. En Grèce par exemple, 36 % des jeunes se trouvent sans emploi ; des dizaines de milliers d’« Aganaktismenoi » (indignés) occupent les places centrales de plus de 60 villes. Depuis des semaines, le Parlement grec est assiégé par un camp de protestation. Il y a déjà eu trois énormes grèves générales en 2011. En Grande-Bretagne, plus de 750 000 personnes ont participé début juillet à une grève générale de 24 heures contre la retraite à 68 ans.
Les camps de protestation se ressemblent partout. Des structures d’auto-organisation apparaissent, on cherche à trouver un consensus qui soit le plus large possible. Les médias sociaux jouent un rôle important et permettent de communiquer les décisions et actions.
Les faiblesses du mouvement
Un problème se pose, toutefois : le fait que l’action de presque tous les partis et syndicaux est perçue comme de l’ingérence par les indignés et, du coup, rejetée, ce qui entraîne de nombreux dysfonctionnements organisationnels et idéologiques. « Il faut que notre combat soit coordonné et bien ciblé », déclare Alekos Arvanitidis, dirigeant du syndicat grec d’orientation communiste PAME. « L'ennemi a une stratégie, une organisation et un nom. Le mouvement des indignés a besoin de s’organiser de la même manière pour gagner la guerre qui lui a été déclarée », ajoute Aleka Papariga, secrétaire générale du Parti communiste grec (KKE). « Nous craignons que ce mouvement ne soit qu’un ébullition passagère, un effet de mode. Il n'est pas ancré dans le monde du travail, dans les entreprises. Évidemment, nous voyons avec sympathie chaque tentative du peuple de s'émanciper. Mais l’objectif de cette lutte ne peut être que l’expropriation des monopoles privés. »
Sur le chemin vers le socialisme
Le mouvement de protestation est réceptif à cette critique et est en train d’évoluer : au lieu de grands camps de protestation sur les places centrales, on organise aujourd’hui plutôt des assemblées dans les quartiers populaires, où l’on discute aussi de politique en général, mais surtout ce qui concerne les gens concrètement – qu’il s’agisse d’actions contre les expulsions forcées parce que les locataires ne pouvaient plus payer le loyer, ou de grèves dans les petites entreprises. Plusieurs de ces comités de base développent un programme commun du mouvement, qui comprendra toutes les préoccupations des classes populaires. En Grèce, le KKE a également présenté son programme de sortie de crise, qui servira de source d'inspiration aux indignés. Dans ce programme, des mesures concrètes et le chemin pour surmonter la crise sont expliqués – un chemin qui mène vers le socialisme.
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