celticcircustigerLégislatives en Irlande: seuls les communistes portent à gauche une critique résolue et une alternative à l'UE du Capital face à l'adhésion des travaillistes et aux hésitations du Sinn Fein


Traduction AC pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/



La faillite politique et les alternatives


Il apparaît désormais inévitable que le Fianna Fail et le Parti vert connaîtront un effondrement lors des prochaines élections législatives.Les perspectives actuelles feraient de l'aile du consensus néo-unioniste (UE) de l'opposition, précisément Fine Gael et le Parti travailliste, les principaux bénéficiaires de cet écroulement.



J'utilise le terme « néo-unioniste » pour décrire ces intérêts, et en particulier ces partis, dont les politiques ont rendu le pays totalement dépendant de forces politiques et économiques extérieures: le capital étranger, les firmes trans-nationales, l'Union européenne, la Banque centrale européenne, et désormais le Fonds monétaire international. C'est la mentalité de l'idéologie dominante qui imprègne de vastes franges des élites politiques, économiques, syndicales et médiatiques de cet État. Inévitablement, cela influence de manière négative des secteurs de l'opinion de la gauche et des forces républicaines.



Des partis et groupes anti-establishment vont récupérer des voix de l'effondrement du Fianna Fail et des Verts. C'est inévitable, compte tenu de l'énormité de la crise, de la rigueur et de l'injustice patente de la réponse du Gouvernement, et de la nature flagrante des mensonges et des duperies utilisés pour la justifier – par exemple qu'il n'y aurait plus d'argent pour les clients aux distributeurs si les banques n'avaient pas obtenu une garantie de couverture de la part du gouvernement!



Les perspectives laisseraient au Sinn Fein au moins huit députés et à l'Alliance de la gauche unie de deux à trois députés après les élections législatives. Il y aurait également un certain nombre de députés progressistes ne s'alignant ni avec le Sinn Fein ni avec l'Alliance de la gauche unie.



Que pouvons-nous en attendre?



Après la rencontre capitale de Navan en Août 2009, Gerry Adams a déclaré que le Sinn Fein « ne va pas aux élections pour le plaisir d'y aller, mais pour parvenir à de véritables changements positifs dans les vies des citoyens ». Comment cela peut-il cadrer avec ses plus récentes déclarations selon lesquelles le Sinn Fein serait prêt à rentrer dans une coalition avec le Parti travailliste dans l'hypothèse improbable d'un score exceptionnel?



L'intervention d'Adams doit être vue comme un autre épisode dans ses efforts pour amener au « ré-alignement de la politique »auquel il a appelé à maintes reprises.



Il a affirmé après Navan que le Sinn Fein veut par un tel « ré-alignement »mettre fin à la « marginalisation »du parti. Si ce qu'il signifie par cela est accepter le consensus néo-unioniste, alors ce qu'il défend est du pur opportunisme.



En particulier, il y a eu un fléchissement prononcé de la position du Sinn Fein par rapport à l'Union européenne. Les documents du Sinn Fein – par exemple « Démocratie dans l'UE » et « Le soutien de l'UE à la réunification Irlandaise » – en disent long sur la « réforme » de l'UE sur des principes « internationalistes » et « socialistes », identifiant l'intégration européenne comme un moteur pour la réunification Irlandaise, et poussant à considérer l'Euro comme la monnaie d'une Irlande réunifiée. Aucune de ces formulations ne seraient déplacées dans la rhétorique la plus Euro-fédéraliste qui soit.



Tout programme politique qui ignore le sens commun économique de base selon lequel un État Irlandais indépendant doit avoir une monnaie indépendante et un contrôle sur ses taux d'intérêt et de change se base sur des illusions, ou sur une duperie. Un « socialisme » de l'Euro-zone est quelque chose d'aussi probable qu'un socialisme-CIA.



Il devient de plus en plus évident que l'adhésion à l'Euro a été la plus grosse erreur qu'ait jamais faite l'État irlandais – suivi par sa deuxième plus grosse erreur, la garantie de couverture bancaire de septembre 2008.



En adhérant à l'Euro en 1999, l'Irlande a divisé par deux ses taux d'intérêt, alors que l'économie était au beau milieu du boom du « Tigre celtique ». Le résultat en a été la frénésie de prêts qui a conduit les banques à la faillite. Du côté des taux de change, le fait de rejoindre l'Euro-zone nous a lié à la monnaie d'une zone avec qui nous faisions un peu plus d'un tiers de notre commerce.



La conséquence est que nous ne pouvons plus restaurer notre compétitivité économique perdue en dévaluant notre monnaie, car nous n'avons plus de monnaie à dévaluer, donc nous devons faire face au contraire à une « dévaluation interne », ce qui signifie concrètement transformer le pays en un désert économique.



La crise actuelle montre toute la pertinence des politiques visant à développer au maximum nos propres ressources, en particulier notre terre (qui en moyenne produit pour seulement moitié de son potentiel) et nos richesses minérales, tout comme des politiques d'intervention publiques afin, à la fois d'encourager les exportations et d'étendre et de développer le marché intérieure d'une manière planifiée afin que la croissance de la demande soit satisfaite par une production nationale accrue.



Le nouveau départ économique que rend nécessaire cette crise exige une position bien plus indépendant sur le plan économique de la part de l'État irlandais, une réforme radicale de nos structures étatiques, et une volonté de s'attaquer aux intérêts des puissants dans notre pays. Cela n'est pas la politique de la pensée dominante néo-unioniste.



Le programme de l'Alliance de la gauche unie est une version gauchiste du « socialisme » de l'euro-zone qui peut « rejeter l'économie de marché » mais ne fait pas la moindre référence au fait que près de deux-tiers des lois sont faites par une UE qui décide pour grande partie la politique économique et étrangère de notre État, dans les intérêts du grand capital.



Le document est plein de rhétorique sur la « construction de la solidarité entre travailleurs de toute l'Europe (…) pour placer les besoins des travailleurs et des chômeurs avant l'avidité des spéculateurs et des profiteurs », sans aucune explication si la « solidarité » suppose d'essayer de forcer les gouvernements des Etats-membres ou l'UE d'introduire ces mesures favorables aux travailleurs. Dans le premier cas, avant que cela puisse se dérouler, il faudrait que les Etats-membres, ou un groupe d'Etats-membres, regagnent les instruments économiques nécessaires perdus dans le processus d'intégration européenne; dans ce dernier cas, c'est une illusion.



Donc, pour certaines parties du programme, il n'est pas clair si ces revendications sont adressées à l'Etat Irlandais ou à l'UE. Par exemple, une section intitulée « Construire une véritable alternative de gauche en Irlande et en Europe » parle de « construire un nouveau cap », mais encore une fois il n'est pas clair si cela fait référence à un « nouveau cap » pour l'UE ou pour les Etats-membres. Après tout, le principal moteur des « politiques néo-libérales de restriction des dépenses publiques et de promotion de l'austérité »que toute l'opinion progressiste veut mettre en échec vient de l'axe UE-BCE-FMI.



Il est très difficile pour un petit pays de faire face à plusieurs problèmes colossaux en même temps. Ce pays est confronté à trois problèmes: surmonter la crise et développer une économie progressiste sur la base de l'indépendance nationale; enrayer l'érosion de la souveraineté nationale causée par l'intégration européenne; et développer l'économie de l'île par des politiques gouvernementales pan-irlandaises engagés au développement des 32 comtés.



Ces problèmes sont étroitement liés et constituent ce qui est aujourd'hui « la reconquête de l'Irlande ». Une « alternative » qui ignore cette réalité n'est pas du tout une alternative.

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