jesus-iglesias-cayo-lara-y-valderasLes bases d'Izquierda Unida désavouent leur direction réformiste et refusent d'entrer dans un gouvernement social-libéral en Asturies

 

 

Article AC pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/

 

 

 

Nous avons relaté ces dernières semaines la situation en Andalousie (cf Des communistes en colère en Espagne : le gouvernement socialiste en Andalousie soutenu par Izquierda Unida annonce comme première mesure la baisse du salaire des fonctionnaires), avecla collaboration des directions d'Izquierda Unida dans un gouvernement socialiste dont la première mesure est de mettre en place un plan d'austérité draconienprévoyant baisses de salaires, augmentation du temps de travail et hausse des impôts.

 

En Asturies, la question de la participation au gouvernement régional s'est posée dans les mêmes termes pour Izquierda Unida. En effet, avec 13,78% et 5 sièges, Izquierda Unida a réalisé dans ce bastion communiste minier un bon score, sur la base d'une opposition au système « PPSOE », au consensus libéral dominant.

 

Or, la nouvelle configuration de la Chambre régionale a contraint la direction d'IU de sortir de leur posture d'opposition pour se ranger derrière le PSOE. Un PS qui, avec 17 sièges, avait besoin des 5 sièges d'IU pour espérer atteindre la majorité à 23 sièges.

 

Un « pacte de gouvernement » avec le Parti socialiste et les libéraux centristes

 

Cependant, à droite, le Parti populaire et les régionalistes de droite du Forum des Asturies (FAC) avaient eux aussi 22 sièges. C'est donc au petit parti centriste libéral UpyD, avec son seul siège qu'est revenu le choix décisif de soutenir un gouvernement de centre-gauche ou de droite. Après des négociations avortées avec le PP, les centristes se sont finalement ralliés à un gouvernement de centre-gauche, un gouvernement à la teneur plus libérale que sociale.

 

Car le candidat du Parti socialiste, Javier Fernandez, ne s'est pas caché à l'heure des négociations avec Izquierda Unida et les centristes de l'UPyD. Il a promis l' « austérité », de « respecter les objectifs du déficit » et s'est refusé à être une « arête » dans les flancs du gouvernement central de droite de Mariano Rajoy.

 

C'est dans ces conditions extrêmement défavorables d'une austérité annoncée comme inévitable et particulièrement dure que la direction d'Izquierda Unida a non seulement annoncé sa décision de soutenir l'investiture du gouvernement socialiste-libéral mais aussi d'entrer au gouvernement, en signant un « pacte de gouvernement » avec le PSOE.

 

Un « pacte de gouvernement » sans le moindre engagement programmatique mais qui répartissait déjà les places dans le futur gouvernement, IU récupérant deux des huit chancelleries.

 

Comme en Andalousie, le « pacte de gouvernement » a été soumis aux militants d'IU. Comme en Andalousie, le scrutin était bien contrôlé, verrouillé. Mais l'opposition des bases, ainsi que les tensions internes à la direction Asturienne, était trop forte.

 

Des directions réformistes mises en échec par leurs bases

 

Ce jeudi 24 mai, l'accord a donc été soumis aux quelques 4 000 militants officiels d'Izquierda Unida en Asturies. 1 300 ont participé au vote et le scrutin s'est joué à quelques voix. 648 ont voté pour la participation au gouvernement (48,72%), 664 ont voté contre (49,92%), 18 se sont abstenus.

 

Dans les grosses sections des villes, comme à Gijon où le Non a gagné avec 62% des votes, et dans le bassin minier comme à Lagreo, Mieres ou Lena, les directions réformistes ont donc été mis lourdement en échec par leurs bases.

 

Mais des voix discordantes se sont fait entendre au sein même de la direction, certains clans dirigeants saisissant l'ampleur de la fronde des bases, ont préféré prudemment appeler à un soutien critique du PSOE depuis l'extérieur plutôt qu'à un gouvernement avec les socialistes.

 

Il faut dire que la direction régionale d'IU en Asturies est réputée pour être une des plus droitières du pays. Dominée par les « gasparistes » [du nom de l'ancien secrétaire d'IU Gaspar Llamazares, favorables aux alliances sans conditions avec le PS], elle avait déjà participé à un gouvernement social-libéral en 2003, et elle mène une lutte sans merci contre les communistes au sein d'IU et jusque dans les rangs du Parti communiste des Asturies qui a connu des purges importantes au moment des élections locales de 2010.

 

Face à une aile-droite aussi prompte à la collaboration avec le PSOE et à l'anti-communisme, un courant plus à gauche n'a guère de difficultés à se manifester au sein de la direction, bien qu'il s'inscrive tout autant dans les alliances institutionnelles avec le PSOE.

 

L'essentiel est ailleurs. Comme en Extrémadure en 2011, les militants d'Izquierda Unida refusent les pressions exercées sur eux par les directions d'Izquierda Unida et n'acceptent pas de cautionner un gouvernement social-libéral.

 

La lutte de nos camarades en Espagne est éclairante pour tous ceux qui refusent de servir de caution de gauche à des gouvernements sociaux-libéraux, en France comme ailleurs.

 

Plus que jamais le peuple Espagnol a besoin d'un Parti communiste qui rompe avec le carcan institutionnel que représente Izquierda Unida!

 

Légende: le coordinateur général d'Izquierda Unida Cayo Lara avec les deux coordinateurs régionaux impliqués dans les pactes de gouvernement avec le PSOE: Diego Valderas (Andalousie) à sa gauche, Jesus Iglesias (Asturies) à sa droite

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