logoLes jeunes communistes Autrichiens (KJÖ) interviennent au Congrès du Parti communiste autrichien (KPÖ) pour dénoncer la faillite de la ligne liquidatrice de la direction

 

 

Intervention de la Jeunesse communiste de l’Autriche (KJÖ) au 35e congrès du Parti communiste autrichien (KPÖ) :

 

« Le degré zéro de la pertinence sociale »

 

Traduction WW (transmise aimablement par nos camarades de la JC du 67) pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/

 

 

Le week-end du 26 et 27 février 2011 a eu lieu à Vienne le 35e congrès national du KPÖ. Un représentant de la KJÖ est intervenu dans le débat, exposant nos points de vue et profitant de l’occasion pour condamner avec véhémence la ligne de la liquidation du Parti et de l'affaiblissement du mouvement communiste. La KJÖ, pour sa part, se comprend comme une organisation de jeunesse indépendante, marxiste-léniniste et rassemblant toutes les forces révolutionnaires. Voici le texte du discours, expliquant nos positions et voulant contribuer à l'élaboration d'une ligne claire dans la gauche autrichienne.

 

http://www.kjoe.at/article.php?story=20110301163628236

 

Quiconque analyse sobrement et sans édulcorer l'état actuel du Parti communiste viendra inévitablement à la conclusion qu’il est en train de vivre les jours les plus sombres de son histoire nonagénaire. Voyons la vérité en face : le Parti communiste autrichien et le syndicat apparenté, le Bloc syndical de gauche (GLB), ont perdu ces dernières années presque tout ancrage dans le monde ouvrier. S’il y a encore du travail politique, c’est grâce à des initiatives individuelles de militant-e-s. Des réflexions pour renforcer et ancrer le mouvement communiste parmi les travailleurs font cruellement défaut, tout comme des stratégies pour soutenir la classe ouvrière dans sa lutte contre l'offensive capitaliste.

 

Le Parti a perdu presque tous ses élus au niveau communal ; son influence politique tend vers zéro. Même les sièges récemment gagnés au conseil municipal de la ville de Linz ou dans l’arrondissement viennois de Mariahilf ne peuvent pas cacher toute absence de stratégie pour sortir de l’impasse actuelle, vu qu’ils étaient déjà à portée de main lors des élections précédentes.

 

La base militante du Parti communiste, naguère formée par des centaines et des milliers de camarades, est aujourd'hui comparable plutôt à un cercle rétrécissant d'amis unis dans la souffrance qu’à un parti politique combatif.

 

Au sein de la gauche, le Parti communiste, déboussolé, ne joue aucun rôle, ses points de vue sont à peine remarqués, et encore moins est-il à même de fournir des points de repère dans ce moment de crise politique généralisée ou de rassembler les forces progressistes de ce pays.

 

Ayant provoqué la sécession d’une petite frange de l’Union des étudiants communistes (KSV), le Parti ne joue plus de rôle dans les universités. Lors du mouvement étudiant actuel, ladite liste fidèle à la direction du KPÖ est, au mieux, un spectateur, qui ne peut contribuer au renforcement de la résistance.

 

La vente d’une maison squattée par des autonomes à un extrémiste de droite notoire a porté gravement atteinte à l'image de parti antifasciste. Dans les collectives et alliances antifascistes, la présence du KPÖ est depuis lors plutôt tolérée que souhaitée.

 

Or, tout cela advient dans le contexte d’une crise capitaliste, où un parti communiste serait essentiel.

 

La direction national du KPÖ mène depuis de nombreuses années une politique de la division et de l’affaiblissement du mouvement communiste, dont les organisations de jeunesse KJÖ et KSV ont été frappées de plein fouet. N’étant pas prêts à soutenir la ligne du vide idéologique qui mène directement dans l’insignifiance politique, mais développant notre politique sur la base du marxisme-léninisme, nous étions la cible d’un certain nombre de mesures de la direction qui sont aux antipodes de tout rapport respectueux entre communistes. Il s'agit notamment de :

 

- l'expulsion de KJÖ et KSV de nombreux locaux du Parti, en particulier l’exclusion du KSV de son ancien bureau national à Vienne. Que cela fera un effet négatif sur le développement de perspectives communistes pour les jeunes et sur le déploiement d’une politique révolutionnaire en faveur des étudiants, élèves et jeunes travailleurs, il n’est pas besoin de le dire ;

 

- l’établissement d’organisations vassales du KPÖ (« young communists », « Junge Linke », « Linke Liste ») afin d’affaiblir KJÖ et KSV. Sans aucun débat, la direction du Parti a décidé de créer ces organisations de jeunesse, qui évidemment n'étaient que des mort-nés politiques ;

 

- le fait que le KSV n’a pas pu se présenter à deux élections universitaires sous son propre nom, séquelle de la création de la contre-organisation « Linke Liste », et qu’il a été contraint à un long litige judiciaire pour restaurer son statut associatif et son existence politique au sein du mouvement syndical étudiant.

 

Que nous recevions de ces messieurs un soutien financier pour la mise en œuvre d’une politique communiste en faveur des jeunes, nous ne l’attendons ni nous ne le voulons, encore convient-il de noter que la cessation des subventions accordées à KJÖ et KSV a entrainé de douloureuses coupes budgétaires.

 

Le refus de le part de dirigeants comme Walter Baier, Mirko Messner et Didi Zach d’organiser démocratiquement les congrès statutaires, ouverts à tous les membres du Parti, de mener les débats programmatiques à leur terme ou de tout bonnement rendre publique leur comptabilité financière comme l’exige le statut, tout cela a beaucoup contribué à l’affaiblissement et à la division du mouvement communiste en Autriche.

 

À l’instar du traitement peu aimable qu’ont subi les organisations apparentées, les voix critiques au sein du parti lui-même se sont aussi fait malmener. Ceux parmi les camarades qui ne pouvaient se faire à l’abandon du marxisme et à la transformation du Parti dans un parti de centre-gauche, idéologiquement interchangeable et politiquement insignifiant, se sont vu diffamer et souvent exclure. Le niveau le plus bas a été atteint quand Walter Baier a déféré à la justice le résistant antifasciste Otto Langer, qui n'a pas survécu au procès.

 

Voilà le résultat : là où il y avait des structures fonctionnantes du Parti, des fédérations régionales et des cellules locales, toute politique communiste a disparu ; au lieu de lutter tous azimuts pour les intérêts des travailleurs, on palabre pendant des heures entre soi ou on prend l’avion pour Bruxelles pour discourir de la « société solidaire ». En Autriche, nous avons déjà un parti qui prétend vouloir modérer les « excès » du système capitaliste — il s’appelé parti socialiste. Et il n'y en a vraiment pas besoin d’une pâle imitation.

 

Les camarades en Grèce, au Portugal ou en Belgique prouvent chaque jour que l'application à bon escient du marxisme-léninisme est la seule option pour surmonter le système en place. Tout le reste serait une acceptation de l'idéologie bourgeoise, une capitulation sans conditions.

 

La jeunesse communiste, cependant, connaît un essor considérable, notamment grâce à ses positions claires et à sa ligne marxiste-léniniste. Dans plusieurs capitales régionales et chef–lieux départementaux, il existe des fédérations de jeunes communistes dont le nombre de militants fait rêver même la Jeunesse socialiste. Or l’essor ne s'est pas seulement répercuté sur le nombre d’adhérents : la KJÖ a aussi pu reprendre ses activités de formation et les stabiliser à un haut niveau. Ainsi, les militants sont idéologiquement bien formés, ce qui facilite le travail politique quotidien et qui conditionne finalement le succès que connaît la KJÖ aujourd’hui : en 2009, elle a contribué avec une campagne nationale (brochures exposant une analyse marxiste du fascisme, CDs de chanteurs et groupes populaires) au renforcement des idées antifascistes parmi les jeunes ; la manifestation antifasciste traditionnelle à Braunau, la ville natale de Hitler, montre chaque année la capacité de la KJÖ de motiver des milliers de gens à descendre dans la rue et notre disponibilité à participer à des collectives antifascistes ; à Eisenstadt le 1er mai dernier, nous avons contribué à la large opposition qui a empêché le déroulement d’un meeting en présence de Heinz Strache, leader du FPÖ ; à Vienne, nous avons mené en 2009 une vaste campagne pour rétablir la protection des apprentis contre les licenciements abusifs ; lors des dernières élections de la chambre de travail, la liste Komintern, décidément communiste et combative, a obtenu un siège avec notre soutien actif ; pendant la campagne pour les élections régionales en Styrie, la KJÖ s’est très engagée, par exemple en occupant la tour de l’horloge de Graz, l’emblème de la ville.

 

Nous avons réussi à améliorer les activités de la KJÖ qui est redevenu un acteur de la gauche autrichienne, largement reconnu comme partenaire et allié fiable et solidaire.

 

Pour conclure, je ferai référence à cette grande question de l'humanité : socialisme ou barbarie ? Et de cette barbarie, on peut s’en rendre compte chaque jour : les capitalistes détruisent l'environnement, ils tuent pour leurs profits et ruinent nos systèmes d’éducation, de santé et nos acquis sociaux. Si nous ne les mettons pas hors d’état de nuire, ils vont causer la ruine du monde.

La KJÖ lutte pour une société socialiste dans laquelle ne prévalent plus les intérêts des banques et multinationales, mais les besoins de la classe ouvrière et des jeunes. Une société dans laquelle les richesses nationales n’appartiennent plus aux exploiteurs capitalistes, mais à ceux qui les créent. Une société qui garantisse à toutes et à tous un emploi et une existence décente, l'accès gratuit à l’éducation et aux soins. Une société dans laquelle tout le monde puisse s’épanouir librement, selon le principe « chacun selon ses capacités, à chacun selon ses besoins ». Une société qui mette les guerres, l'exploitation, le racisme et le sexisme enfin dans les poubelles de l'histoire.

 

D'un côté des barricades, les voleurs capitalistes et les assassins impérialistes, de l'autre côté sommes nous — et avec nous le mouvement ouvrier international, la Fédération mondiale de la jeunesse démocratique, nos organisations sœurs et les Partis communistes, les forces qui luttent en Europe contre la domination des financiers et généraux que représente l’UE, et bien sûr les pays socialistes, l'Amérique latine révolutionnaire et anti-impérialiste.

 

Adopté par le Conseil national de la Jeunesse communiste de l'Autriche, le 25 Février 2011.

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