Municipales en Israël : le maire communiste de Nazareth victime d’une « machination » pour empêcher son élection
27 oct. 2013
Municipales en Israël : le maire communiste de Nazareth victime d’une « machination » pour empêcher son élection
Article AC pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/
Mardi 22 octobre, élections municipales en Israël. Outre Jérusalem et Tel-Aviv, les yeux étaient rivés sur Nazareth, ville arabe la plus peuplée d’Israël, où tous rêvaient de déboulonner le maire communiste. Tous les moyens sont bons.
Nazareth n’est pas que le lieu saint de la chrétienté, accueillant 2 millions de touristes chaque année. C’est aussi une ville moyenne de 80 000 habitants, la ville arabo-palestinienne la plus peuplée d’Israël, partagée entre deux-tiers de musulmans et un tiers de chrétiens.
Depuis 1975 et l’élection du dirigeant communiste historique Toufik Ziad, la ville est un bastion des communistes et de leur alliance électorale le « Hadash ». Après la mort de Ziad, le maire actuel, le chrétien Ramiz Jaraisy, est élu en 1994, et depuis systématiquement réélu.
En dépit de la politique délibérée de sous-investissement, de ségrégation imposée par l’Etat israélien, le maire communiste est réussi d’une part à créer des relations harmonieuses entre chrétiens et musulmans. D’autre part, à financer avec des moyens précaires une éducation, une culture, des services sociaux de qualité et accessibles à tous.
Apprécié de ses électeurs, Jaraisy était indéboulonnable par un candidat extérieur du système dominant israélien. Par conséquent, la stratégie a été de créer une scission interne.
« Une machination contre le Hadash » pour le Parti communiste
C’est le jeu dangereux joué par Ali Salam, ancien maire-adjoint de la ville, qui a quitté cette année le « Hadash » pour créer son propre parti, et qui depuis ne cesse de pérorer sur lui.
Il a pu compter sur la manœuvre de division jouée par la députée Hanine Zoabi, membre du parti arabe Balad.
Personnalité mise en avant par les médias israéliens (comme une « extrémiste » naturellement), forte en gueule, elle devait lors de l’élection diviser les voix de la minorité arabe et prendre le maire communiste par la gauche.
Résultat, Zoabi – dont certains médias avaient déjà fait la prochaine mairesse de Nazareth – ne récolte que 9 %. Suffisant pour mettre en ballotage Jaraisy qui avec 43,3% obtient exactement le même score qu’Ali Salam.
Dans un premier temps, les médias avaient souligné la victoire de Jaraisy avec quelques centaines de voix d’écart avant que le Ministère de l’intérieur déclare le « vote incertain », recompte les voix, et annonce le lendemain que Salam aurait gagné avec … 21 voix d’écart !
Le Parti communiste a dénoncé les multiples manœuvres de fraude électorale, pointant du doigt « une machination contre le Hadash » à Nazareth. Ali Salam n’a pas hésité le soir du vote à parler « de la fin de la domination du Hadash sur la ville ».
Le Hadash prévoit de faire appel contre ces méthodes indignes. Ce dimanche, le tribunal administratif devrait statuer sur le recompte de 42 enveloppes rejetées lors du scrutin.
Les illusions sont minces face à la collusion patente entre un ancien renégat du parti, une « opposante officielle » et les pouvoirs publics israéliens, prompts à « recompter les voix » pour mieux faire accepter leur candidat.
Le Hadash ailleurs en Israël : toujours présent dans la communauté arabo-palestinienne
Les autres résultats de la soirée confirment, sans surprise, que le Hadash/Parti communiste résiste bien dans les villes à majorité arabo-palestinienne, ou avec des minorités chrétiennes, et reste un point de repère pour les couches laborieuses dans le pays.
C’est effectivement dans les villes arabes, petites et moyennes, du nord du pays, de Galilée notamment, que les résultats sont les meilleures :
10 % à Kafr Yasif ou Shefa Am’r, 11% à Sakhnine et Jadedi-Makr, 14% à Deir al-Assad, 15 % à Majd al Krum, 17 % à Mazraa, 19 % à Ein Mahil, 20 % à Turan, 22% à Abou Snan, Eliaboune, 24 % à Kakukab Abou-el-hija, 33% à Yafia, 37 % à Deir Henna.
Dans des villes majeures du centre du pays, soit les communes arabes du « Triangle » près de la Ligne verte, soit des villes israéliennes avec une forte minorité arabe, les résultats sont honorables :
6 % à Rehovot, 7 % à Rayna, 11 % à Tyr et enfin 15 % à Lod dans des villes comptant entre 60 et 100 000 habitants.
Enfin, dans deux des principales villes du pays, les candidats du « Hadash » maintiennent une présence solide, encore une fois essentiellement dans la minorité arabe : avec 6 % à Tel-Aviv-Jaffa et 7 % à Haifa.
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