Singapour, dictature capitaliste passée sous silence : la première grève depuis 26 ans conduit les meneurs du mouvement en prison
01 mars 2013
Singapour, dictature capitaliste passée sous silence : la première grève depuis 26 ans conduit les meneurs du mouvement en prison
Article AC pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/
Les médias porteurs de l'idéologie dominante ont leurs bonnes dictatures, celles qui favorisent la libre entreprise et les intérêts des puissances impérialistes dominantes, et ses mauvaises, celles qui ne rentrent pas dans les projets du capital mondialisé.
Singapour fait partie de la première catégorie. Plaque-tournante de la finance internationale, paradis fiscal, la cité-Etat asiatique est de fait un régime à parti unique qui réprime toute opposition, historiquement au nom de la lutte contre l'anti-communisme.
Elle continue de bafouer les libertés d'expression, de la presse, les libertés d'association mais aussi les droits élémentaires des travailleurs, en particulier des migrants victimes dans le travail domestique de conditions de semi-esclavage.
Parmi les droits élémentaires niés aux travailleurs de la cité-Etat, le droit de grève.
Les 26 et 27 novembre dernier, 171 conducteurs de bus chinois de la SMRT, l'entreprise publique en charge des transports urbains à Singapour, ont lancé un mouvement de grève contre leurs conditions de travail inhumaines et des traitements salariaux nettement inférieures à celles des nationaux.
Il s'agissait du premier mouvement de grève depuis la grève des dockers en 1986.
La réponse de la dictature singapourienne fut immédiate.
Le Ministre du travail a dénoncé une « grève illégale » constituant une « menace à l'ordre public ». La centrale syndicale officielle (National Trade Union Congress) a soutenu le gouvernement contre les grévistes.
Vingt-neuf des grévistes ont été tout de suite arrêtés, leur permis de travail révoqués, et renvoyés en Chine dès le 2 décembre.
Quatre des meneurs – He Jung Liang, Gao Yue Qiang, Liu Xiangying et Wang Xianjie – ont été condamnés ce 25 février à une peine de prison de six semaines pour incitation et organisation d'une grève.
Le juge See Kee Oon a expliqué le verdict qu'il veut exemplaire : « Il s'agit de s'assurer que les autres ne soient pas tentés de manifester la même attitude de mécontentement envers les conditions de travail fixés par leur patron ».
Comme le dénonce le responsable Asie de l'ONG Human Rights Watch, Phil Robertson : « Singapour a beau être une économie de premier rang, cela ne l'empêche pas d'avoir un passif remarquablement négatif en termes de respect des droits civiques et politiques ».
« Un singapourien en possession de tracts politiques, ou critique envers un responsable politique est passible d'amendes prohibitives, d'interdiction de voyage et de peines de prison ».
« Sinapour nie les droits fondamentaux des travailleurs en criminalisant les travailleurs migrants pour un arrêt de travail et en leur faisant subir des peines de prison, des amendes et la déportation »,a conclu Phil Robertson.
Vérité en-deça du détroit de Singapour, erreur au-delà ? Face aux dénonciations – de plus en plus timides au fur et à mesure de son ouverture à l'économie de marché – de la « dictature » chinoise se manifeste un silence complice à Singapour.
On peut toujours attendre de la part des puissances occidentale, promptes à l'ingérence humanitaire et démocratique, une dénonciation d'une dictature qui reste un pilier de la finance mondiale.
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