Solidarité avec les enseignants sud-coréens dont le syndicat KTU, puissant et combatif, est interdit depuis plusieurs mois !
13 mars 2014 Solidarité avec les enseignants sud-coréens dont le syndicat KTU, puissant et combatif, est interdit depuis plusieurs mois !
Article AC pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/
Cinq mois désormais, cinq mois que les enseignants sud-coréens – ainsi que l'intégralité des fonctionnaires pour la quatrième année consécutive – luttent dans la clandestinité pour défendre leurs droits syndicaux, dans un pays en pleine dérive autoritaire.
La Corée du sud, ce paradis des patrons, enfer des syndicalistes est souvent présenté par le « patronat décomplexé » comme modèle pour la France, malgré des contextes incomparables. De quoi s'intéresser à la situation du côté de Séoul.
La « chasse aux sorcières » de la Dame de Fer coréenne
Le gouvernement de droite de la dame de fer Park Geun-Hye, fille du dictateur Park Chung-Hee, mène une véritable « chasse aux sorcières » anti-communiste, anti-syndicale, en fait anti-opposition populaire.
Sous prétexte de lutte contre un complot pro nord-coréen, le gouvernement a lancé une procédure d'illégalisation du principal parti de gauche, seule opposition au pouvoir des chaebol (monopoles coréens) : le Parti progressiste unifié (PPU), regroupant communistes, socialistes, progressistes.
Dans le même temps, le gouvernement a tenté d'étouffer un scandale politique impliquant les services de renseignement (NIS) qui ont influencé les élections présidentielles de 2012, en manipulant l'opinion publique pour favoriser l'élection de Park Geun-Hye.
Cheminots, fonctionnaires, enseignants : au cœur de l'offensive anti-syndicale
Seconde attaque d'ampleur, en décembre, deuxième attaque massive, le gouvernement a entamé un bras de fer avec les cheminots sud-coréens, en grève pendant trois semaines pour empêcher le processus de privatisation de « KORAIL », la SNCF sud-coréenne.
Le 22 décembre, la police anti-émeutes du régime a pris d'assaut le siège de la confédération syndicale de classe KCTU, arrêté 138 membres du syndicat, dont le secrétaire-général et deux dirigeants centraux. « KORAIL » lançait en parallèle la révocation de 4 000 syndicalistes.
Enfin, la procédure de mise hors-la-loi du puissant syndicat des enseignants (KTU), moteur historique de la confédération syndicale de classe KCTU.
Le gouvernement a ainsi décrété le 24 septembre 2013 l'illégalisation du syndicat des enseignants pour la raison … que le syndicat avait accepté que 22 syndicalistes restent membres du syndicat après avoir été licencié de façon illégale par l'Etat sud-coréen.
Pour le président du KTU, cela représente un recul important : « Nous voyons cela comme la mort de la démocratie et de l'éducation coréennes », selon Kim Jeonghun.
Le syndicat des employés de la fonction publique (KEGU) avec ses 135 000 syndiqués est lui clandestin pour la quatrième année consécutive, avec son cortège de malheurs : non-reconnaissance légale, obligation de continuer la lutte dans la semi-clandestinité, en risquant le licenciement ou l'emprisonnement.
Si le droit syndical est fortement réduit, soumis à la reconnaissance donc au bon vouloir de l'Etat sud-coréen, le droit de grève est encore formellement interdit dans la fonction publique.
Cinq ans d'attaques ininterrompues contre le KTU
L'interdiction du KTU n'est donc pas un « coup de tonnerre dans un ciel serein ». Le syndicat des enseignants fondé en 1989 a dû attendre dix ans pour être reconnu par l'Etat, en 1999.
Depuis cinq ans, l'offensive est brutale contre le syndicat enseignant : licenciement abusif de syndicalistes, pression de la droitière Fédération des parents d'élèves, emprisonnement des militants et cadres les plus combatifs.
Le syndicat enseignant, sous les pressions et les intimidations, historiquement le plus fort de tous les syndicats de Corée du sud est passé en quelques années de 100 000 à 60 000 syndiqués.
Un exemple de pression assez effrayant, l'association de parents d'élèves de droite Gyohakyeon avait en 2011 envoyé une lettre aux 60 000 syndiqués du KTU les appelant à renoncer à leur adhésion au syndicat progressiste.
Le battage autour des derniers tests PISA a été une nouvelle occasion de vanter le « miracle coréen » y compris dans l'éducation, masquant sa face sombre : un mal-être record parmi les élèves, le formatage à une pensée unique, la course à la « compétivité » poussant de plus en plus d'étudiants au suicide, les parents à s'endetter auprès du florissant secteur privé des cours de soir.
Le 25 février, une grève générale massivement suivie : un espoir
Mais le peuple sud-coréen n'a plus l'intention de baisser la tête. Le 25 février, la grève générale contre la privatisation des services publics, pour exiger la démission de la présidente a été massivement suivie malgré les pressions, les intimidations.
100 000 manifestants sont réunis dans 12 villes du pays pour dénoncer la dérive autoritaire, droitière, anti-syndicale du gouvernement. Des initiatives de masse de plus en plus fréquents en Corée.
Ne nous laissons pas duper par les « mirages » capitalistes promus dans nos médias, solidarité avec nos camarades coréens dans leur combat contre la « chasse aux sorcières » anti-syndicale !
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