Une majorité de Lettons contre l'entrée de leur pays dans l'Euro
02 janv. 2014Une majorité de Lettons contre l'entrée de leur pays dans l'Euro
Article AC pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/
Les médias européens tentent de refonder le mythe d'un élan irréstitible vers l'intégration européenne. On l'invente en Ukraine, à coups de financements occidentaux. Pour les pays d'ex-URSS déjà désintégrés dans l'Union européenne, le temps des illusions est passé.
On a parlé de l'entrée de la Lettonie dans la zone euro, peu de l'attitude de la population lettone à ce sujet. Pourquoi, aujourd'hui, plus de 60 % des Lettons s'opposent à l'entrée de leur pays dans la monnaie unique européenne, malgré les promesses de leurs dirigeants ?
L'effondrement du « tigre balte », du modèle ultra-libéral de l'UE à la cure d'austérité brutale
La Lettonie était pourtant le modèle tant recherché en ex-URSS par l'Union européenne.
Une région prospère (Riga était la « perle de l'URSS ») captée par des élites nationalistes, à la xénophobie sélective, anti-russe mais prêtes à vendre leur pays aux capitaux allemands, suédois, à les intégrer à l'Europe, tout en cultivant la nostalgie du temps béni de la Wehrmacht.
On a même parlé de « tigre baltique » à coups de flat tax (taux d'imposition unique favorisant les riches et grandes entreprises), de zones économiques spéciales (ZES), de bulles spéculatives dans l'immobilier alimentées par un crédit facile assuré par les banques suédoises ou allemandes.
Alimenté par l'entrée de la Lettonie dans l'UE, en 2008, ce modèle a explosé en plein vol : en deux ans (2009-2010), le PIB a chuté de 30 %, le chômage atteignant un pic de 22 % en 2010.
Les bases de ce château de sable, on les connaît : le démantèlement de l'industrie héritée de l'ère soviétique (on est encore en-dessous de la production de 1991!), de l'agriculture locale (30 % des terres sont passées entre les mains de capitaux étrangers).
C'est aussi une bulle spéculative qui a conduit à l'explosion du prix des loyers, mais aussi des produits de base avec des prix plus élevés qu'à Londres pour les vêtements, la nourriture !
Un décalage qui n'a tenu que par l'endettement massif des ménages d'abord, puis l'endettement public ensuite qui a été multiplié par sept depuis 2008 (de 7 à 50 % du PIB).
La piqûre d'austérité imposée par l'Union européenne, la BCE (en vue de l'entrée dans l'Euro) et le FMI a été d'une brutalité extrême pour le peuple letton :
baisse des salaires du public de 20 à 50 % (pour les enseignants), du public de 20 à 30 % en moyenne, baisse des retraites de 10 à 70 %, augmentation des impôts indirects les plus régressifs, comme la TVA de 19 à 21 %.
Les lettons contre l'intégration européenne
Que pensent aujourd'hui les Lettons de la construction européenne, qu'on leur a présenté comme un « faiseur de miracles », aujourd'hui mirage universel ?
Il suffit de voir les derniers résultats électoraux. Tous les partis, sauf un, adhèrent au consensus libéral-européen-nationaliste. Le fait qu'ils changent de nom tous les deux-trois ans révèlent autant leur insignifiance que leur manque de confiance dont ils bénéficient auprès des Lettons.
Le seul à refuser le consensus dominant, c'est le « Centre de l'Harmonie » dont les communistes jouent un rôle moteur, sous le nom du Parti socialiste letton. Rappelons qu'il est interdit de se dire communistes en Lettonie, pays membre de l'Union européenne.
Le « Centre de l'Harmonie », généralement catalogué comme le parti de la minorité russe, rassemble désormais tous les mécontents du « mirage letton », du mirage de l'intégration européenne.
En 2011, lors des dernières élections législatives, il est devenu le premier parti du pays avec 28,36 % des voix et 31 sièges (sur 100). Seule une « Sainte-alliance » des partis réactionnaires l'a empêché de prendre le pouvoir.
En juin 2013, aux élections locales, il remportait une victoire éclatante dans la capitale Riga, tout en emportant la tête dans la deuxième ville du pays, Daugavpils.
Ce qui convainc de plus en plus de Lettons, c'est le discours de refus de l'austérité prônée par l'UE, le refus d'une intégration européenne dans les intérêts d'une minorité, ce discours porté par les communistes et progressistes lettons.
Ainsi, en dépit d'un battage médiatique massif, des paroles gouvernementales sur l'Euro comme « rempart » face à Moscou, 60 % des Lettons s'opposent à l'entrée de leur pays dans l'Euro ce 1er janvier 2014. Ils étaient même 65% dans un précédent sondage, au printemps 2013.
Le refus de cette intégration européenne dans les intérêts du capital monte dans toute l'Europe. Quand les forces communistes, de gauche, ne refusent pas de mener ce combat, ce sont elles qui le mènent. Bravo à nos camarades lettons dans un contexte hostile !
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