1000.jpg100 000 manifestants à Mexico pour dénoncer un crime d’État, réclamer justice pour les 43 étudiants disparus

 

Article AC pour http://www.solidarite-internationale-pcf.fr/

 

Le Mexique a connu ce jeudi la plus grande manifestation depuis la révélation de la disparition – et sans doute de l'exécution, avec complicité des autorités publiques – de 43 étudiants au sud du pays. Les étudiants mexicains ne veulent plus vivre dans la terreur.

 

On a parlé de dizaines de milliers de personnes dans les rues de Mexico, ce jeudi. Les autorités ont d'abord parlé de 30 000 étudiants dans la rue avant de reconnaître que la place centrale Zocalo était pleine.

 

100 000 étudiants réclament « Justice » au jour anniversaire de la Révolution

 

protesta-ayotzinapa-en-zocalo_624x351.jpgOr, comme le reconnaît le secrétaire de la Sécurité publique du District Fédéral, Jesus Rodriguez Almeida, pour Televisa, la place était pleine, et elle peut accueillir 100 000 personnes : « Je n'en ai pas la certitude, mais oui, c'était une manifestation de grande ampleur », a-t-il admis.

 

Le défilé a vu converger trois cortèges distincts, un partant d'Ángel de la Independencia, l'autre du Monument d'hommage à la Révolution et le dernier de la Place des trois cultures, le tout convergeant vers la Place de la Constitution, dit le Zócalo.

 

Il faut rappeler que le jeudi 20 novembre marquait également le 104 ème anniversaire de la Révolution mexicaine.

 

Dans la rue, on retrouvait d'abord les étudiants de la Capitale, accompagnant les parents et les camarades de promotion des 43 étudiants de l’École normale d'Ayotzinapa. Enseignants, paysans, citoyens ont rejoint la marche pacifique réclamant justice pour les proches des 43.

 

« Justice », c'était le cri le plus repris par les manifestants, aux côtés de « Dégage Pena Nieto » (l'actuel président mexicain). Pour les manifestants, il est clair que l’État mexicain est non seulement complice des assassins, mais qu'il est lui-même responsable de ce crime.

 

Police, cartel de la drogue, pouvoir local : les liaisons dangereuses

 

Rappelons qu'il y a deux mois, le 26 septembre, 43 étudiants ont disparu, après avoir été arrêtés par la police municipale de la cité d'Iguala, au sud du pays. Partis de leur école de formation à Aytozinapa, les étudiants engagés politiquement à gauche se rendaient dans la ville d'Iguala pour récupérer des bus en vue d'une manifestation.

 

L'assaut par la police a fait six morts côté étudiants. L'enquête fédérale a révélé que la police locale les aurait livré ensuite à un gang de trafiquants de drogue particulièrement cruel (« Guerreros unidos ») qui les ont sans doute massacré.

 

Un charnier a été découvert depuis, rassemblant la plupart des corps calcinés. Les restes ont été envoyés en Autriche, pour passer des tests permettant de corroborer ou non leur identité.

 

L'enquête fédérale a aussi révélé la complicité du maire corrompu d'Iguala (120 000 habitants), José Luis Abarca, qui est désormais soupçonné d'être l'instigateur du massacre. Il a été arrêté et mis en examen ce mercredi.

 

Depuis 2006, et le début de la dite « guerre contre la drogue », on compte 100 000 personnes mortes en lien avec les affrontements entre la police et les cartels de la drogue. Dans les faits, la corruption, la complicité entre les deux appareils sont de plus en plus clairs, surtout localement.

 

On considère que de 2006 à 2014 20 000 personnes ont disparu, sans que l'on n'en sache plus sur leur sort.

 

Le Mexique est un Etat en faillite sur bien des aspects, un pays qui connaît désormais la misère de masse, la déqualification de sa main d’œuvre industrielle, la dépendance alimentaire, l'exil forcé (vers les Etats-unis), l'hypertrophie de l'économie informelle à caractère mafieux.

 

Des dizaines de manifestations à travers le monde en solidarité

 

B279VzpCQAA8gUR.jpg-large.jpgLa police a tenté ce jeudi de faire déraper la manifestation. Hormis quelques manifestants ayant essayé de vandaliser certains commercer, de lancer des projectiles sur le Palais national, rien de significatif. La police a néanmoins arrêté 31 personnes.

 

Les manifestations à Mexico n'étaient pas seuls. Il y eut aussi de cortèges, parfois de plusieurs milliers de personnes, à Colima, Puebla, Toluca, Cancun, Zamorra, Monterrey, Oaxaca, Cuernavaca.

 

Fait encore plus fort de symbole, le monde s'est solidarisé avec les 43 étudiants disparus. En Allemagne, Argentine, Australie, Bolivie, Brésil, Chili, Cuba, Danemark, Espagne, Etats-unis, France, Italie, Paraguay, Puerto Rico et même Thailande, il y eut des actes de solidarité.

 

Ainsi, aux Etats-unis, la manifestation s'est déroulée à Washington, devant la Maison Blanche, où plusieurs centaines de Mexicains ont dénoncé l'Etat criminel mexicain, et questionné le gouvernement des Etats-unis sur sa position dans l'affaire.

 

Les Etats-unis, avec la signature de l'ALENA (Accord de libre-échange nord-américain), est aussi responsable de la glissade de l'Etat mexicain vers un Etat de non-droit, un Etat en faillite économique, politique et morale.

 

Depuis la France aussi, il est nécessaire d'exprimer une solidarité ferme et fraternelle avec les 43 étudiants disparus, leurs proches. Il est aussi nécessaire d'informer sur les crimes passés sous silence ici, la vision biaisée du monde portée par nos médias.

 

Articles sur le thème, à lire :

 

Retour à l'accueil