L'unité des communistes ne se réduit pas à un moment électoral

 

de Fosco Giannini (Direction Nationale du PRC) et Vladimiro Merlin (Président du Groupe des conseillers municipaux PRC à Milan)



dans le numéro de Liberazione du 29 avril 2009



Traduction AS/LAS pour Solidarité-Internationale-PCF



Les élections européennes et municipales de juin prennent une valeur politique qui dépasse les implications normales d'un moment électoral aussi important soit-il.



Deux éléments entrent en interaction lors de ce moment électoral: la crise économique qui touche de plus en plus fortement la société et la tentative de renforcer le système bipolaire/bipartisan qui empêche les luttes et les forces de changement, et donc avant tout les communistes, de trouver un espace de représentation dans les institutions.



Le second aspect est lié au premier, à travers la tentative de « gérer » les contradictions que le système capitaliste engendre en les canalisant dans les limites de l'alternance ou en les confinant à des explosions périodiques de « rage sociale » faciles à circonscrire et à réprimer.



Les ouvriers qui dans une récente émission télévisée admettaient avoir voté Berlusconi dans l'espoir qu'il sauverait leur entreprise et donc leur emploi, ou ceux qui au nord votent Lega Nord, ou espèrent trouver une protection auprès du syndicalisme de droite démontrent que les contradictions sociales ne débouchent pas automatiquement sur une critique du système, mais, s'il manque un sujet politique en mesure d’amener à une prise de conscience, peuvent être instrumentalisées à l'avantage des classes sociales qui les ont engendrées.



Ce n'est pas une nouveauté de notre époque; le consensus social de certains régimes fascistes (tant ceux européens que ceux latino-américains), la manière dont les colonialismes ont construit un consensus interne tandis qu'ils exploitaient les couches populaires, pour massacrer et dominer les peuples d'autres pays, ce sont seulement deux exemples du fait qu'il n'y a jamais eu un quelconque caractère automatique de la relation entre la réalité sociale et compréhension de la nécessité du changement.



Mais la fausse alternative entre les pôles (ou partis) de l'alternance fait également partie de cette tentative de gérer ses propres contradictions tout en les insérant dans la continuité du système, faisant osciller le mécontentement entre l'un et l'autre des partis (ou pôles) qui ont en commun toutefois l'acceptation des rapports socio-économiques actuels; ou le poussant vers l'absention.



Vu l’enjeu et la dégradation du cadre social qui s'annonce, la capacité de la part des communistes et des forces anticapitalistes à construire une alternative, avant tout sur le contenu et dans les luttes sociales, mais également lors de ce moment électoral qui se présente devant nous est fondamentale.



C'est pour cela que nous considérons que la constrction d'une liste unitaire entre les communistes et les forces anticapitalistes pour les élections européennes est un choix juste et important, mais justement pour ces raisons-là un tel choix ne peut pas être (et ne peut apparaître comme tel) un choix motivé seulement par le barrage à 4%: notre crédibilité vis-à-vis de notre base sociale en serait entamée, nous manquerions de force et d'attractivité politique, nous ne nous distiungerions pas vraiment de tous les autres qui utilisent l'étiquette de gauche tout en y accolant le conept ambigu de « liberté ».



Ce choix ne serait pas non plus intelligible car ces mêmes forces politiques au moment des élections municipales feraient des choix différents, plus encore dans des situations où il n'existe pas entre elles de grandes différences politiques, de programme ou de choix d'alliances, ou quand elles se retrouvent finalement dans la même coalition électorale.



C'est pour cette raison que nous estimons important que, dans toutes les situations où c'est possible, on présente également au niveau des élections municipales une seule liste avec le même symbole qu'aux élections européennes.



Même un enfant comprendrait que, de cette manière, la perception de l'existence d'une alternative cohérente, vis-à-vis de la droite mais aussi vis-à-vis des positions du Pd, en sortirait énormément renforcée et serait bien plus claire pour les électeurs qui se trouveraient devant une proposition qui partirait de leur propre réalité territoriale et s'articulerait jusqu'au niveau européen, alors qu'au contraire ils auraient bien du mal à comprendre comment les mêmes forces qui leur proposent un vote unitaire au niveau européen se disputent leurs votes au niveau local.



Certains dans notre parti refusent cette proposition car ils ont peur que cela amorce un processus de réunification des communistes qu'ils ne partagent pas, mais c'est bien un préjugé idéologique qui risque de compromettre un projet politique.



Nous soutenons depuis longtemps la nécessité de la réunification des communistes, nous l'avons fait également lors du dernier congrès, mais nous savons bien qu'un tel processus ne pourra progresser ou au moins prendre forme qu'au niveau politique et dans la pratique des luttes sociales, un moment électoral (comme certains le pensaient pour l'Arcobaleno) ne peut pas seul emmener ce processus d'unification politique, mais par contre celui qui refuse de construire des listes unitaires aux élections municipales prouve qu'il continue à perpétuer cette même mentalité politique qui voit le cadre électoral comme le cadre principal dans lesquels se déroulent ces processus et pense les empêcher ou y faire obstacle lors de ces mêmes échéances électorales.



Personne, dans les discours, ne théorise la simple autosuffisance du Prc, c'est évident au vu de la situation difficile et complexe dans laquelle nous nous trouvons, mais comment peut-on penser construire des alliances et réunir des forces si on ne réussit même pas à produire des éléments d'unité à partir des communistes, et quand nous disons cela nous ne pensons pas seulement aux deux partis (PRC et PDCI), mais surtout à ces centaines de milliers de camarades qui sont passés pendant ces années par les deux partis et qui sont aujourd'hui le coeur des luttes sociales, des comités et des associations qui animent ce monde « en bas à gauche » auquel nous nous référons si souvent.

 

Traduit de l'italien depuis: http://www.lernesto.it/

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