london-TRANSPORT-S_3162964b.jpgGrève massive et trafic paralysé à Londres : les chauffeurs de bus en colère contre le dumping social des compagnies privées



Article AC pour http://www.solidarite-internationale-pcf.fr/



Les syndicats britanniques ont réussi leur pari, les bus à l'impériale sont restés au dépôt mardi dernier : une grève qui a uni les chauffeurs pour mettre un terme au dumping social entretenu par les compagnies privés, et des groupes publics étrangers comme la RATP.



Les employeurs privés et l'agence régionale publique gérant les Transports de Londres (TfL) avaient crié victoire avant l'heure : la grève du 13 janvier devait n'être suivie que par une part infime des chauffeurs de bus. Ce fut la plus grande grève dans le secteur depuis les années 1980.



Le premier réseau de bus européen à l'arrêt : 70 % des bus au dépôt



sorry-for-web_3162986a.jpgBravant les intimidations patronales, ce mardi, les syndicalistes d'Unite ont plus que respecté l'appel à la grève : plus de 70 % des services de bus étaient à l'arrêt, dans la plupart des 70 dépôts de Londres, les jaunes n'ont représenté qu'une insignifiante minorité.



De quoi perturber le premier réseau de bus d'Europe en volume, chaque jour 8 800 bus assurent 6,5 millions de trajets.



Indicateur inattendu venant corroborer le succès de la grève, le Réseau londonien pour la qualité de l'air a signalé un niveau de pollution exceptionnellement bas dans la capitale, divisée par deux par exemple sur Oxford Street par rapport à un jour ordinaire (de 350 à 180 µg/m3 par heure).



80 grilles salariales dans le réseau privatisé : 500 € par mois de différence !



La bataille portait sur les inégalités salariales entre les chauffeurs de bus de la capitale. Il existe actuellement 80 grilles salariales différentes, entre les 18 principales compagnies de bus privées opérant dans le réseau privatisé dans les années 1990.



Une privatisation qui prend sa forme la plus crue dans les contrats publics pour la cession de lignes et trajets spécifiques à des opérateurs privés qui engagent une course au moins-disant social, au dumping salarial pour empocher l'argent de la collectivité.



Entre les nouveaux conducteurs, les différences peuvent être considérables, variant de 9,30 £ (12 €) à 12,3 £ (16 €) par heure, 4 € par heure, ce qui représentait une différence à la fin du mois de 500 € en début de carrière et bien plus après.



Le combat pour l'alignement salarial vers le haut



Le syndicat exige une unique convention collective pour le secteur prévoyant l'alignement des conditions de tous les chauffeurs et personnels de bus vers le haut, l'uniformisation de la grille salariale.



Le directeur des bus pour le TfL a affirmé que la hausse des salaires conduirait nécessairement à « une coupe dans les services de bus ou une hausse des tarifs, voire les deux ».



Un raisonnement difficile à tenir quand les compagnies privées – ou filiales de compagnies publiques étrangères – qui opèrent sur le réseau londonien ont réalisé en tout 225 millions d'€ de profits en 2014.



Parmi ces profiteurs, on retrouve la RATP qui gère une des 12 grandes lignes initialement privatisées en 1994 : la « London united » cédée à Transdev puis la RATP qui entre 2012 et 2014 a pris possession de trois autres lignes mineures.



london-bus-strike_3162963c.jpgSelon le responsable régional du syndicat Unite, « les opérateurs de bus privés peuvent très bien affronter la question de l'inégalité salariale. On va les pousser à se mettre tous autour de la table et à commencer à parler d'un accord juste pour les travailleurs des bus londoniens ».



Une grève avait déjà été lancée sur les mêmes revendications le 29 décembre, celle du 13 janvier a montré la détermination à gagner cette bataille décisive, pour leurs conditions de travail et le symbole politique. Mais ce n'est qu'un début.

Retour à l'accueil