iraqi cpLa lutte s’intensifie en Irak occupé après un mois de manifestations pour mettre fin à un régime corrompu et privatisateur et pour une véritable démocratie souveraine

 

Article AC (sur la base d’articles du Morning Star) pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/

 

En comparaison avec les événements en Libye, de nature et aux objectifs bien différents de ceux d’Egypte et de Tunisie, dont la large couverture médiatique constitue les préparatifs à une nouvelle agression impérialiste, les manifestations qui touchent depuis un mois l’Irak sous occupation états-unienne seraient presque passées sous silence.

 

Ils étaient pourtant encore plusieurs dizaines de milliers, hier vendredi 4 mars, lors de manifestations-monstres à Bagdad et dans plusieurs villes du sud du pays pour manifester leur colère contre l’état désastreux des services publics, la corruption généralisée et les conditions de vie misérables imposées à la population irakienne par le gouvernement au service de l’occupant.

 

Les raisons de la colère : un pays ravagé par les privatisations et l’occupation états-unienne

 

Déclencheur des manifestations, le rapport publié fin janvier par l’Inspecteur général à la reconstruction révélant publiquement ce que la population Irakienne endurait au quotidien : la faiblesse de l’Etat de droit et la corruption des officiels à tous les niveaux, le manque d’accès pour la grande majorité de la population aux services sociaux fondamentaux tels que l’eau potable, l’électricité ou l’évacuation des eaux usagées.

 

Ravagées par les deux guerres du Golfe, les infrastructures du pays souffrent en effet d’un sous-investissement public chronique qui a servi après 2003 à justifier la privatisation en particulier des secteurs de l’électricité et de l’eau via la signature de partenariats public-privé.

 

Dans l’industrie, alors que l’industrie pétrolière a subi un processus analogue avec la Loi sur les hydocarbures de 2007, le ministre de l’Industrie avait annoncé son intention en juillet 2010 de liquider entièrement ce qu’il reste de l’industrie publique irakienne.

 

Du 5 février au « jour de la colère », la radicalisation du mouvement avec remise en cause de l’occupation et appels à la démission du gouvernement

 

Les manifestations ont débuté le 5 février dernier, avec la descente dans la rue de plusieurs milliers d’Irakiens dans les rues de Baghdad mais aussi Bassorah, Ramadi, Mossoul and Diwaniya. Inspirés par le triomphe des révolutions en Egypte et en Tunisie, les  manifestations revendiquaient alors des augmentations de salaires et des rations alimentaires, la défense des services publics mais aussi la démission de certains politiciens locaux corrompus ainsi que la fin de l’occupation états-unienne.

 

« La révolution est à portée de main », déclarait Nidal al-Sarmad, professeur d’université à la foule rassemblée à Diwaniya ce 5 février. « Les gens ont le sentiment qu’ils ont été floués, ils sont frustrés. Les changements qu’ont apporté les Américains, ce sont une nouvelle série de voleurs qu’ils ont apporté avec eux, une nouvelle série de dictateurs, pas la justice ni la liberté ».

 

Des avocats aux quartiers déshérités de Bagdad en passant par les Kurdes : le mouvement s’amplifie et refuse sectarisme et divisions

 

Le mouvement a bénéficié même d’appuis attendus avec la manifestation inédite des avocats, avec plus de 3 000 membres du barreau dans les rues de Bagdad le 10 février, Bassorah et Mossoul non seulement pour défendre l’emploi et le service public mais aussi pour dénoncer les violations des droits de l’Homme dans les prisons de l’occupant.

 

Les 14 et 15 février, les mots d’ordre du mouvement se radicalise à Bagdad où la foule scandait : « Gouvernement, tire les leçons de ce qui s’est passé en Egypte et Tunisie. L’argent du pétrole au peuple, pas aux voleurs ! » tandis que les quartiers pauvres d’Al-Sadr rejoignaient le mouvement brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire : « Nous ne mendions pas, nous revendiquons nos droits ». A Bagdad comme à Falloujah, les manifestants demandaient désormais ouvertement la démission du premier ministre Al-Maliki.

 

A Kirkouk, les communautés Arabes, Turques et Kurdes manifestaient unies, tournant le dos au sectarisme, lançant un appel commun pour la défense des services publics et de l’emploi.

 

Un gouvernement de plus en plus illégitime : le déchaînement de la violence policière n’affaiblit pas le mouvement

 

Face à cette démonstration d’unité, le pouvoir Irakien illégitime n’avait plus que la force comme recours. Les forces de l’ordre ouvrent le feu contre la foule réunie à Kut, tuant 3 personnes et en blessant 27 autres. Au Kurdistan, confrontés à des manifestations quotidiennes mobilisant plusieurs milliers de personnes, la police ouvre le feu le 17 février faisant deux morts.

 

Pourtant, le mouvement ne faiblit pas. Il s’intensifie alors au Kurdistan ou dans la ville de Bassorah où les manifestants demandent la démission des autorités locales et contraint le gouvernement à lâcher du lest le 21 février sur la hausse prévue des taxes à la consommation ainsi que sur la rémunération des hauts fonctionnaires et élus.

 

Après les premières victoires du « jour de la colère » et de la journée du 4 mars, la lutte continue en Irak !

 

Le 25 février, baptisé le « Jour de la colère » par les manifestants eux-mêmes, fut le point d’orgue de la protestation comme de la répression policière. Plusieurs dizaines de milliers de manifestants ont exprimé leur colère dans les principales villes du pays, de Bagdad à Bassorah, tout en rejetant l’assimilation tant au mouvement religieux qu’à l’étiquette de nostalgiques du Baathisme.

 

Première victoire significative pour le mouvement, plus de 10 000 manifestants réunis à Bassorah devant le Bureau du gouverneur sont parvenus à faire plier ce dernier, le contraignant à la démission. Ailleurs, la répression fait taire par le fer les manifestants: cinq morts à Mossoul, quatre à Tikrit et quatre autres dans le reste du pays.

 

L’ampleur du mouvement ainsi que son haut niveau de conscience politique contraignent le pouvoir à des reculs, montrant que la victoire est possible, avec notamment la démission récente du maire de Bagdad ou encore l’appel à des élections anticipées au Kurdistan.

 

La colère et les frustrations accumulées par un peuple Irakien privé de sa souveraineté et de sa dignité après huit années d’occupation rendent chaque jour passant le gouvernement fantoche au service de l’occupant états-unien de plus en plus illégitime.

 

Nous apportons notre soutien franc et massif aux manifestations du peuple Irakien, auxquelles participent activement les communistes irakiens, pour sa liberté, sa dignité et sa souveraineté, pour mettre fin à l’occupation par les troupes de l’OTAN !

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