scorp-chute-mur.jpgScorpions, le groupe qui a chanté la chute du mur de Berlin en guest-star à la Fête de l'Huma : un symbole

 

Brève MA pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/

 

La Fête de l'Huma s'est achevée hier, elle reste la plus grande fête populaire du pays, une fête associée encore au Parti communiste français. Elle a choisi cette année comme « guest-star » le groupe Scorpions. Un symbole en ce 25 ème anniversaire de la chute du mur de Berlin.

 

2014 marque le 25 ème anniversaire de la chute du mur de Berlin et de l'annexion de la RDA socialiste par la RFA capitaliste. Cela marquera une nouvelle offensive de l'idéologie dominante pour légitimer le système capitaliste et tenter de discréditer la seule alternative, le communisme.

 

Or, la Fête de l'Humanité 2014 a choisi un groupe musical qui est un symbole politique mondial de la chute du communisme : le band allemand de hard rock Scorpions.

 

Scorpions au cœur de l'offensive culturelle occidentale vers le bloc socialiste

 

Scorpions a connu sa période de gloire au début des années 1980 avec des tubes qui connurent une audience planétaire, au-delà du monde du hard rock, dont Still loving you que tout le monde connaît.

 

Scorpions a participé à la mondialisation de la musique occidentale à cette même époque avec ses concerts aux États-Unis bien sûr, au Japon, au Brésil mais aussi Union soviétique.

 

Les Scorpions se revendiquent comme un groupe apprécié en URSS, ils décident alors non seulement de partir à la conquête d'un nouveau marché, mais de participer à une opération politique – celle de la « perestroika » de Gorbatchev mais aussi l'offensive économique et culturelle de l'Europe de l'est capitaliste vers l'Europe de l'est communiste.

 

« Avant, nous les allemands, on venait ici (en URSS) avec des chars,

on vient maintenant avec des guitares ! »

 

L'opération est un succès. En 1988, ils réalisent une dizaine de représentations en URSS. Un gouffre économique mais une victoire symbolique, se présentant en tant que résistants passifs face à la censure politique, les entraves du KGB à la « liberté artistique » du groupe.

 

Ils se seraient même adressé lors d'un concert en ces termes assez directs au public russe : « La dernière fois que les Allemands sont venus ici, c'était avec des chars, aujourd'hui on vient avec des guitares ! ». L'invasion allemande à visage humain ?

 

En 1989, ils reviennent pour un « Moscow music peace festival » qui se révèle un succès populaire avec Bon Jovi, Ozzy Osbourne, transformant ce spectacle en vitrine de la musique du 'monde libre'.

 

« Le vent du changement » : la chanson de la chute du mur de Berlin

 

imagesCAFM64XK.jpgD'après le chanteur du groupe, Klaus Meine, c'est ce voyage en URSS qui l'a inspiré pour sa chanson « Wind of change » (le vent du changement) qu'il interprète maintenant comme une ode à la fin de la guerre froide, la célébration de l'unité (allemande et européenne), un cri de liberté : en d'autres termes, la réunification de l'Europe dans le giron capitaliste.

 

Les paroles ne laissent guère d’ambiguïtés derrière le ton lyrique, la mondialisation avec ses idéaux libéraux est proche, celle dont nous rêvons et vous réaliserez :

 

« Le monde se rapproche, comme jamais vous n'auriez pensé si proche, comme des frères.

L'avenir est dans l'air, je peux le sentir partout souffler du vent du changement.

 

Emmène-moi vers la magie de ce moment d'une nuit glorieuse

où les enfants de demain rêvent dans le vent du changement.

 

En marchant dans les rues, les souvenirs lointains sont ensevelis à jamais dans notre passé.

Je suis la Moskva jusqu'au parc Gorki, en écoutant ce vent du changement.

 

Emmène-moi vers la magie de ce moment en une nuit glorieuse

Où les enfants de demain partagent leurs rêves avec vous et moi.

Emmène-moi vers la magie de ce moment d'une nuit glorieuse

où les enfants de demain rêvent dans le vent du changement.

 

Le vent du changement souffle en plein visage du temps.

Comme une tempête qui fera sonner la cloche de la liberté pour la paix des esprits.

Que votre balailaka chante ce que ma guitare veut dire ».

 

La chanson ne sort qu'en 1990, elle devient vite le symbole de la chute du mur de Berlin et de la réunification allemande, un tube en RFA et dans les pays d'Europe de l'ouest.

 

En 1991, le groupe est partie intégrante du concert organisé par Pink Floyd sur la Postdamer Platz à Berlin, pour célébrer le deuxième anniversaire de la chute du mur.

 

Scorpion's connaît grâce à cette opération politique un second souffle, alors qu'il était déjà sur la pente descendante à la fin des années 1980. Sa créativité au point mort, son temps passé, il entame un long et lent déclin.

 

Un signe d'ouverture … « le vent du changement » dans nos organisations ?

 

En 2014, le groupe de plus en plus oublié entame sa tournée d'adieu. L'ironie veut que ce groupe qui fut le symbole de l'anti-communisme – tout en se faisant passer un moment pour le groupe de l' « ouverture » à l'est, de l' « ostpolitik » ouest-allemande – a choisi la Fête de l'Humanité comme un des moments-clés de cette tournée !

 

Doit-on considérer cette invitation de la part des organisateurs de la Fête comme pur hasard, négligence, méconnaissance historique, c'est peu crédible. Une tentative voilée de tourner la page de son histoire, de s'ouvrir aux forces de gauche non voire anti-communistes, c'est pas impossible.

 

Die Linke reste le stand le plus mis à l'avant sur la Fête, faisant le commerce de l'ostalgie, comme elle s'en nourrit en Allemagne de l'est pour alimenter ses quelques pour-cent, ses milliers d'élus tout en liquidant toute perspective de re-construction du socialisme en Allemagne.

 

Lors de la campagne pour les élections européennes, la présidente de Die Linke avait osé affirmer aux Journées européennes de Hambourg en février : « C'est beau de voir qu'on a plus le mur dans nos têtes entre Allemands de l'est et de l'ouest ! ».

 

Die Linke et Scorpion's en guest-star, cela semble le grand écart, et si c'était l'expression d'une ligne cohérente : le « vent du changement », celui de la mutation des Partis communistes, du renoncement à la perspective révolutionnaire.

 

 

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