Article du Parti Communiste Suédois / SKP (Svenska Kommunistiska Parti) publié sur leur site le 18 mai 2022. Traduction LW pour Solidarité Internationale PCF.

L’adhésion de la Suède à l’OTAN ne tient plus qu’à quelques formalités et nous nous retrouvons désormais dans un nouveau contexte où l’impérialisme suédois a franchi un pas en demandant son adhésion à la plus importante et la plus puissante alliance impérialiste contemporaine.

En vue de la situation actuelle, nous aimerons rappeler un certain nombre d’éléments contextuels et théoriques relatives à l’impérialisme et à l’OTAN, qui sont fondamentaux pour comprendre notre combat et les raisons de notre opposition à l’OTAN.

• L’impérialisme est le stade suprême du capitalisme. L’impérialisme est un capitalisme monopolistique caractérisé par une concentration des capitaux ainsi que par un capitalisme financier fort et un accroissement de l’export de capital. 
• La recherche de croissance économique permanente des pays capitalistes les pousse hors de leurs propres frontières afin de trouver les investissements les plus rentables : lorsque ces derniers n’existent plus au sein de ses propres frontières, le capitalisme recherche le profit à l’étranger. Ceci est la base de l’export du capital. 
• Le fonctionnement du capitalisme est le même dans tous les pays, petits comme grands. C’est-à-dire que les capitalistes du chaque pays finissent par chercher à l’étranger les investissements les plus rentables. C’est lorsque les intérêts capitalistes des différents pays s’affrontent, que le monde se divise, à la fois entre les entreprises et entre les pays capitalistes.  
• Ceci est le contexte actuel. Le monde a été réparti entre les pouvoirs capitalistes, mais la soif de profit demeure importante. Une dernière solution existe alors : répartir le monde à nouveau afin de récupérer la richesse des autres pays. C’est pourquoi il y a désormais la Guerre en Ukraine.
• L’OTAN est actuellement la plus forte alliance des pays capitalistes. Sa raison d’être est de renforcer le capitalisme des pays membres par rapport à celui des autres pays. Les pays capitalistes peuvent ainsi agir ensemble contre des ennemis communs.
• Chaque alliance capitaliste est composée d’un certain nombre de pays ayant chacun leurs intérêts capitalistes. Cela signifie que chaque alliance impérialiste comporte des contradictions de telle sorte que renforcer les intérêts capitalistes de l’alliance est parfois contradictoire avec la volonté de chaque pays de renforcer ses propres intérêts capitalistes. C’est pourquoi chaque alliance impérialiste est éphémère, fragile, car c’est le capitalisme de chaque pays qui recherche ses propres avantages.
• En demandant leur adhésion à l’OTAN, la Suède et la Finlande n’ont pas été arnaqués, nos hommes politiques ne sont ni des vendus aux pouvoirs étrangers ni des « chiens de compagnie ». Ils agissent pour l’intérêt du capitalisme national. Ceci est inévitable, car les contradictions internationales se sont renforcées et le besoin de défendre les intérêts du capitalisme suédois et finnois est aujourd’hui plus fort. Mais cela ne peut pas être fait seul, ils sont obligés de s’allier à d’autres pays impérialistes. 
• Cela signifie des risques importants, non seulement pour les travailleurs finnois et suédois, mais aussi pour les travailleurs du monde entier, car l’adhésion de ces deux pays signifiera un renforcement des contradictions déjà existantes du système capitaliste. La guerre s’approche et le capitalisme suédois s’approche de la guerre.

Selon notre analyse, résumé dans ce texte, nous devons tirer quelques conclusions quant à la politique que nous menons contre l’OTAN et contre l’impérialisme :

• Nous ne pouvons pas mener un combat contre l’OTAN, en défendant l’alliance à tout prix avec les organisations politiques de gauche. Cela reviendrait à accepter des positions défendant le capitalisme national et étranger. Une mobilisation contre l’OTAN doit se fonder sur la conviction que la classe ouvrière n’a rien à gagner en s’alliant avec le capitalisme étranger et qu’une vraie mobilisation contre l’OTAN doit se fonder sur des principes anticapitalistes et anti-impérialistes.  
• Nous ne pouvons pas accepter les discours défendant le non-alignement, car ces derniers deviennent nécessairement illusoires dans le contexte capitaliste actuel. Le non-alignement que nous avons connu est irréversible, parce qu'il a existé dans un contexte historique spécifique d’opposition entre le socialisme et le capitalisme. Cela n’est plus vraiment le cas et c’est pourquoi les discours promouvant le non-alignement sous-entendent qu’une paix est possible dans le capitalisme. Cette possibilité n’existe pas, puisque chaque capitalisme national se trouve obligé de s’étendre en dehors de ses propres frontières et qu’il n’y a pas de possibilité de dire « stop », de s’arrêter ou de se contenter du niveau de profit actuel. C’est pourquoi l’idée de « non-alignement » est une illusion, car elle n’est tout simplement impossible. 
• Nous ne pouvons pas combattre l’OTAN en mettant en avant la perte de souveraineté nationale que cela occasion, parce que c’est notre propre bourgeoisie qui y adhère sur la base de ses propres intérêts capitalistes. Il ne s’agit pas d’une occupation d’un pouvoir étranger, mais de la bourgeoisie suédoise qui agit selon ses propres intérêts. Il ne s’agit donc pas d’une perte de souveraineté nationale, mais de notre pays qui adhère à une alliance impérialiste. L’argument de la perte de souveraineté nationale revient à mettre en avant les oppositions nationales plutôt que les oppositions sociales, c’est-à-dire mettre en avant la lutte nationale au détriment de la lutte de classe  

Notre combat contre l’OTAN doit être fondamentalement anti-capitaliste. C’est-à-dire que :

• Nous veillons à ce que l’analyse du fonctionnement et du développement du capitalisme ne soit pas mise à l’arrière-plan lorsqu’on parle de l’OTAN. 
• Nous refusons toutes alliances politiques où nous nous retrouverons derrière des mots d’ordre, créant de nouvelles illusions au lieu de dissiper les anciennes illusions.
• Nous expliquons comment le capitalisme est à l’origine des guerres et que la guerre sous le capitalisme est inévitable. Les alliances telles que l’OTAN sont des produits du capitalisme et, en même temps, elles sont inévitables sous le capitalisme – les pays capitalistes vont toujours s’allier les uns contre les autres.
• Pour nous, la solution réside dans un nouveau système sociétal, où le profit n’est plus la force motrice, mais où la planification rationnelle basée sur les besoins humains guide le développement économique – le socialisme est la seule solution à la barbarie capitaliste. 

Ce sont à partir de ces principes que nous menons notre combat contre l’OTAN. Le Parti Communiste Suédois (SKP) dit ainsi non à l’OTAN et condamne chaque action de l’impérialisme suédois visant à défendre ses propres intérêts sur le plan international au détriment des peuples du monde entier.