Le Parti Communiste Grec reste la troisième force politique du pays et la principale force d'opposition aux politiques du capital





Article d'AC pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/


 

Une défaite électorale de la droite reflet de la mise en échec des politiques de droite dans les luttes


 

Sans surprise, les élections législatives grecques du 4 octobre ont débouché sur une victoire écrasante du PASOK (le Parti Socialiste Grec) qui s'est refait une virginité politique après cinq ans passés dans l'opposition. Avec 43,94% des voix contre 38,10% en 2007, et surtout avec 160 députés contre 102 en 2007, le PASOK dispose désormais de la majorité absolue à l'Assemblée. Mais plus qu'une victoire du PASOK, ce scrutin a offert au peuple l'occasion de sanctionner dans les urnes le gouvernement de droite de la Nouvelle Démocratie déjà vaincu dans la rue, par les luttes de masses menées par les étudiants, les fonctionnaires, les travailleurs dans leur ensemble contre la privatisation des services publics, la casse du système de retraites et la politique de gel des salaires, dans lesquelles s'insère l'explosion sociale de décembre 2008.

 

Parmi les autres forces politiques, on note la montée inquiétante du parti d'extrême-droite, le LAOS, qui obtient 5,62% des voix et 15 députés (contre 3,80% et 10 députés en 2007 et 2,19% et 0 député en 2004). Cette percée est toutefois à nuancer, car non seulement elle s'explique en partie par l'effondrement de la droite libérale-conservatrice, mais elle marque aussi un recul net par rapport aux élections européennes de juin dernier (7,15%).


 

SYRIZA: une force d'appoint pour la social-démocratie grecque


 

En profonde crise interne, coalition de forces hétérogènes (communistes liquidateurs, ex-socialistes, trotskistes, alternatifs, maoistes etc.) guidées par la boulosse de l'électoralisme et l'espoir de positions institutionnelles à prendre et donc menacée d'implosion par son incapacité à percer électoralement, la coalition de gauche radicale du SYRIZA recule encore (4,59% et 13 députés contre 5,04% et 14 députés en 2007), alors que les sondages et analyses politiques prévoient depuis longtemps des scores à deux chiffres et le dépassement inévitable du PC Grec qui s'éloigne toujours plus. Ce mauvais résultat s'explique notamment par un bon report de voix vers le PASOK. Ce qui confirme l'idée que SYRIZA est foncièrement un rabatteur de voix pour le PASOK, une façade politique destinée à recycler les voix des mécontents vers la gauche social-démocrate. Par ailleurs, il est à noter qu'avant les élections les Etats-majors des du PASOK et du SYRIZA négociait la constitution d'une coalition gouvernementale, devenue a priori désuète après que le PASOK ait obtenu la majorité absolue. Néanmoins, le leader du SYRIZA a été parmi les premiers à saluer la victoire de Georgi Papandreou (leader du PASOK), ouvrant toutes les portes à une collaboration ultérieure entre les deux forces social-démocrates.


 

Le KKE principale force d'opposition aux politiques du capital dd'où qu'elles viennent.


 

Toutefois, le principal enseignement de cette élection, c'est que le seul parti qui résiste de manière conséquente à la bipolarisation de la vie politique est le Parti Communiste Grec (KKE). Son très bon score de 7,54% avec 21 députés élus ne peut véritablement être comparé au score historique de 2007, meilleur résultat de l'histoire moderne du KKE dans une élection législative (8,15% et 22 députés), et mérite d'être mis en perspective, pour juger de la progression du parti depuis les élections de 2004 (5,89% et 12 députés).

 

En dépit des multiples pressions médiatiques et politiques, mêlant relents anti-communistes, valorisation de la gauche alternative (Verts et SYRIZA) et pression au vote utile pour le PASOK, le KKE reste donc toujours la troisième force du pays et surtout la principale force d'opposition aux politiques du capital d'où qu'elles viennent.


 

« Le navire a changé de capitaine, mais pas de cap »: changement d'équipe et non de politiques


 

Car la victoire du PASOK n'est pas synonyme de victoire populaire. La mise en échec dans les luttes des contre-réformes menées par le gouvernement de droite ne signifie pas leur abandon. Comme l'a déclaré Aleka Papariga, secrétaire-générale du KKE, après la publication des résultats: « Le navire a changé de capitaine, mais pas de cap ». Autrement dit, si la résistance populaire a vaincu une première équipe visiblement trop assimilée aux intérêts du patronat, celui-ci pourrait jouer la carte d'une seconde équipe, porteuse d'une certaine légitimité populaire, et donc capable de mettre en œuvre cette politique avec une moindre résistance espérée.

 

Il n'est pas inutile de rappeler qu'une des combinaisons imaginées par les leaders du PASOK (en cas de majorité relative) était une 'grosse coalition' à l'allemande ND/PASOK. Et Kostas Karamanlis (leader de la ND et premier ministre sortant) n'était pas loin de vendre la mèche quand il justifiait sa décision de convoquer des élections anticipées: « Mon objectif était initialement de procéder à des réformes structurelles nécessaires (contrôle des dépenses publiques, lutte contre l'évasion fiscale, etc.) d'ici à 2011 mais celles-ci nécessitent un climat politique propice (…) car la conjoncture impose stabilité et climat serein pour appliquer les politiques nécessaires ». Le gouvernement de Karamanlis ayant perdu toute légitimité populaire, la mise en œuvre des réformes nécessaires nécessite un gouvernement légitime dans un climat de stabilité sociale. Quitte à ce que le gouvernement sortant laisse le pouvoir à l'opposition. Le patronat ne laisse sous-entendre rien d'autre quand il déclarait souhaiter la victoire d'un « gouvernement fort et déterminé » à entreprendre les réformes nécessaires.


 

Le KKE en première ligne du rassemblement populaire dans les luttes


 

Et ce sous pression européenne, l'UE sous la voix de son commissaire à l'économie Almunia a récemment rappelé à l'ordre la Grèce, utilisant l'argument du déficit budgétaire et de la dette publique, et a sommé le gouvernement grec d'accélérer la mise en œuvre de la politique de privatisations et d'austérité salariale et budgétaire prônée par l'UE: « Il y a un plan européen – qui est aussi celui du PASOK et de la ND – pour la reprise économique, qui implique la mise en œuvre prochaine de mesures réactionnaires visant à intensifier l'exploitation des classes laborieuses. La Sécurité Sociale en sera la première cible ».

 

Face à « cette ouragan, cette vague de mesures anti-populaires qui s'annoncent », le KKE, loin de s'auto-congratuler de ce bon résultat électoral, se fixe ses objectifs pour les prochains mois: impulser et animer les luttes sociales de résistance aux contre-réformes menées cette fois par le gouvernement social-démocrate, sous l'égide de l'UE: « être en première ligne de la lutte pour le rassemblement populaire, pour l'unité dans les luttes, pour mettre en échec la politique du pire qui est à venir et trouver des solutions qui puissent soulager le peuple ».

 

Site du Parti Communiste Grec: http://inter.kke.gr/

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