GrevaForte mobilisation pour la première journée de grève générale illimitée en Roumanie contre un des plans d'austérité les plus durs de l'UE

 

 

 

Article AC pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net

 

roumanie5Des centaines de milliers de salariés roumains ont répondu à l'appel à une première journée de grève générale, et plusieurs dizaines de milliers ont manifesté dans les rues de Bucarest ce lundi 31 mai pour protester contre le plan d'austérité présenté au début du mois par le gouvernement de centre-droit en concertation avec le FMI et l'Union Européenne et qui devait être soumis à l'approbation du Parlement hier.



Ce plan prévoit une coupe drastique dans les salaires et les retraites ainsi que l'approfondissement de la casse du service public, avec entre autres:



  • 25% de baisse des salaires des salariés du public en attendant une baisse analogue dans le privé;

  • 15% de diminution de toutes les retraites ainsi que de l'ensemble des allocations-sociales;

  • suppression de 70 000 postes dans la fonction publique;

  • fermeture de centaines d'hôpitaux.



Dans le même temps, le gouvernement a refusé d'envisager toute réforme fiscale, dans un pays où les riches et le patronat bénéficient d'un traitement privilégié. En effet, l'impôt sur le revenu est fixé pour tous à 16% (aucune progressivité) et l'impôt sur les sociétés est parmi les plus bas en Europe, ayant été réduit récemment à 16% également.



Dans un pays où le salaire minimum n'est que de 150 euros et le minimum vieillesse de 80 euros, où le salaire moyen net s'élève à 375 euros et la pension moyenne à 180 euros, ces mesures plongent bon nombre de Roumains dans l'extrême pauvreté. Sachant, par ailleurs, que le prix de toute une série de biens de première nécessité en Roumanie, tels que l'alimentation ou l'essence, est comparable à ceux appliqués en France.



Le pire est que ces mesures ne touchent pas des fonctionnaires « privilégiés » comme tente de le faire croire le gouvernement, mais plutôt des fonctionnaires en grande difficulté. Le salaire moyen d'un enseignant à Roumanie n'est que de 180 euros par mois et, comme il se doit, le gouvernement leur avait bien sûr promis l'an dernier de les augmenter de 50% (sic). Au lieu de ça, c'est une baisse de 25% qui les attend dès maintenant!



roumanie2La duplicité de l'attaque du gouvernement qui cible les fonctionnaires comme victime expiatoire explique le fait que la journée de grève ait fait essentiellement le plein dans le secteur public: enseignants (en pleine préparation du baccalauréat, 35% de grévistes), fonctionnaires des administrations centrales et locales, chauffeurs de bus et de métro (85% de grévistes à la RATB – Régie des Transports Bucarestois), infirmiers et personnels de santé. Toutefois, la manifestation d'hier a pour une fois pu mobiliser une partie non-négligeable des salariés du privé.

 

 

 

Après le précédent historique de la manifestation du 19 mai qui avait mobilisé près de 50 000 salariés dans les rues de Bucarest (Article précédent sur la grève du 19 mai en Roumanie), la colère monte en Roumanie et le rapport de force semble se construire pour faire plier le gouvernement.



Surtout que ce dernier n'attend pas en rester là. Par la bouche de son ministre du Travail, il a déjà annoncé qu'il était prêt à baisser les salaires en 2011 de 50 à 70% (!) si les résultats en termes de déficits publics ne satisfaisaient pas les bâilleurs de fonds de l'UE et du FMI.



Tentant une pathétique diversion, le gouvernement a promulgué il y a une dizaine de jours une loi dite de « lustration », faisant référence à la chasse aux sorcières des anciens responsables communistes en République Tchèque. Un processus similaire sera mis en place pour la Roumanie avec interdiction d'accès à l'ensemble de la fonction publique, et de participation aux scrutins politiques en tant que candidats pour les anciens dignitaires de l'Etat roumain avant 1989.



roumanieC'est pour éviter la curée qui s'annonce, et sans mordre à l'hameçon des tentatives de diversion du gouvernement, que les syndicats roumains ont annoncé cette grève générale illimitée dont la journée d'hier marquait seulement le début.

Ils tentent difficilement de faire converger les luttes et les revendications des 1,3 millions de fonctionnaires roumains avec celles de leurs homologues du privé (3,6 millions), sans oublier l'armée de chômeurs que compte désormais le pays (800 000 chômeurs, dont la moitié depuis seulement l'an dernier, soit un taux de chômage de 15%) et que le gouvernement alimente avec les suppressions de postes de fonctionnaires et qu'il utilisera sans nulle doute pour faire pression sur les salaires des travailleurs.

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