sevra-baklaci_545965.jpgReporter de guerre anti-impérialiste en Syrie et candidate communiste aux municipales : c'est Sevra Baklaci, en Turquie!

 

Article pour http://jeunescommunistes-paris15.over-blog.com/ repris par http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/

 

Ce 30 mars, ce sont les élections municipales. En France et en Turquie aussi où notre « ami » Erdogan est en pleine dérive autoritaire. Pour le Parti communiste turc (TKP), il s'agit moins d'éviter le moindre mal que de porter des candidatures indépendantes et rassembleuses.

 

Sevra Baklaci a 30 ans. Son nom n'est pas inconnu, même en France, à ceux qui ont suivi de près les événements en Syrie. Reporter de guerre en Syrie depuis près de trois ans, son honnêteté journalistique comme son courage politique lui ont permis de briser le mur du silence médiatique.

 

Originaire d'Antioche, ville multi-culturelle arabophone où coexistent Arabes, Turcs, Kurdes, Arméniens, Chrétiens, juifs et musulmans, elle décidait en 2011 de se rendre en Syrie pour perfectionner son arabe. Quelques mois avant la guerre civile.

 

Reporter de guerre en Syrie, option anti-impérialiste !

 

Au cœur du conflit fratricide, elle décide de ne pas rentrer au pays mais plutôt de participer à la résistance contre les interventions étrangères, les bandes djihadistes. Elle devient interprète en turc pour l'agence d'information syrienne, puis présentatrice du journal télévisé en langue turque.

 

Dans le même temps, à partir de 2012, elle écrit régulièrement une chronique depuis la Syrie dans le journal du Parti communiste turc (TKP), « Sol » (La gauche).

 

Depuis Sevra Baklaci est devenue une cible prioritaire des groupes islamistes qui ont multiplié les menaces de mort à son égard. Il faut dire que ses articles pointaient un certain nombre de massacres, d'exécutions sommaires, d'actes de barbarie commis par les rebelles.

 

Au début, Sevra comptait parfaire ses études linguistiques et journalistiques, ses trois années en Syrie lui ont permis brillamment d'achever sa formation sur le terrain … en ayant pris l'option anti-impérialiste !

 

Candidate communiste aux municipales à Antioche ...

« pour la paix, la fraternité, la lutte anti-impérialiste »

 

Sa proximité avec les communistes va plus loin que cette simple coopération journalistique. Ce 30 mars, elle sera la candidate du Parti communiste turc (TKP) pour la ville d'Antioche, dans la province d'Hatay (Antioche en turc).

 

Sa déclaration de candidature, émise par le TKP, insiste sur le combat anti-impérialiste, si vif dans la ville d'Antioche, dont on se souveint qu'elle fut au moment du mandat colonial français sur la Syrie l'objet d'un marchandage entre la France et la Turquie, retirant ce territoire à la Syrie, causant des discordes continus depuis l'indépendance acquise après-guerre :

 

« L'hostilité aux politiques de l'AKP a dépassé les frontières de notre pays. Les ennemis du peuple syrien, ces gangs armés, utilisent les frontières de notre pays pour semer la terreur, révélant chaque jour passant leur collusion avec le régime AKP turc, l'impérialisme américain, la nécessité d'être solidaire avec le peuple syrien face à cette criminalité organisée.

 

Les gens d'Antioche ne sont pas dupes, ils n'ont pas montré la moindre hostilité envers le peuple Syrien. Les gens d'Antioche, face à l'impérialisme, la barbarie, sont solidaires avec leurs frères syriens qui résistent.

 

Ce 30 mars, le TKP soutiendra une amie du peuple syrien, Sevra Baklaci, pour la mairie d'Antioche. La fraternité, la paix, la lutte contre l'impérialisme (…) couplés avec la lutte pour le travail, le bien-être social, voilà nos engagements pour rassembler à gauche.

 

Pour renforcer notre position contre la guerre : votez Sevra Baklaci ! »

 

Une déclaration qui a le mérite d'être clair. Ce scrutin municipal aura une valeur certaine en Turquie pour faire barrage à la dérive autoritaire, si ce n'est fascisante, du pouvoir turc.

 

« Ne baissez pas la tête », le slogan du TKP toujours d'actualité !

 

La censure grandissante, la répression brutale contre les mouvements sociaux, au milieu des scandales révélant une corruption généralisée : sanctionner, battre les « islamistes » de l'AKP est une nécessité.

 

Sans illusion sur la fausse alternative « de gauche », représentée par les républicains laics du CHP, tout aussi libéraux économiquement, pro-impérialistes, autoritaires politiquement que leurs frères ennemis de l'AKP.

 

Ainsi, à Istanbul, Mustafa Sarigul (CHP) manie le populisme, cela ne l'empêche pas d'entretenir une certaine proximité avec les milieux d'affaires stambouliote, et même avec la confrérie pro-américaine de Fetullah Gulen.

 

A Ankara, le CHP a réussi à se rallier au candidat du parti nationaliste d'extrême-droite MHP pour essayer de battre le maire historique de l'AKP dans la capitale.

 

La révolte populaire du printemps 2013 en Turquie a réveillé les consciences, abattu le poids de décennies de résignation. Le slogan du TKP « Boyun Egme » (« relève la tête ») a été repris dans le mouvement populaire.

 

Le TKP a gagné de l'audience, connu une vague de recrutements inédite, s'est imposé comme un point de ralliement dans une « gauche » turque, sans encore sortir de l'étiquette de « parti mineur » qui lui est affublé.

 

Il peut s'appuyer sur le quotidien fondé seulement en 2012 dans lequel écrit Sevra, « Sol », qui tire tout de même à près de 20 000 exemplaires par jour, des chiffres fort honorables si on les compare même à ceux de l'Humanité en France.

 

Dans beaucoup de villes du pays, le « vote utile » anti-AKP risque d'entraver les possibilités de faire entendre une voix alternative, réellement de gauche. Mais à Antioche, il y aura une voix alternative : voter Sevra Baklaci !

Retour à l'accueil