hugo-chavez 11Nouvelles nationalisations dans l'industrie verrière, la sidérurgie et l'immobilier annoncées par Hugo Chavez au Vénézuela



Article AC pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/



Ce 31 octobre, dans le cadre de son émission dominicale « Alo Presidente », le président de la République bolivarienne du Vénézuela, Hugo Chavez annonce ses intentions vis-à-vis de l'entreprise-clé du secteur sidérurgie vénézuelien SIDETUR: « Je vais prononcer ces mots que l'opposition aime tant: exproprions-la! ». Jeudi 4 novembre, le décret présidentiel était promulgué et ce vendredi 5, la Garde nationale a pris possession des six usines du groupe au nom du peuple Vénézuelien.



Les travailleurs des six usines du groupe se sont aussitôt félicités de la nouvelle et ont occupé symboliquement leurs lieux de travail. En mai dernier, les travailleurs syndiqués à la CUT (Centrale unique des Travailleurs) avait déjà demandé avec insistance au président Chavez la nationalisation de la SIDETUR, appel relayé et soutenu alors par le Parti communiste vénézuelien (PCV).



C'est la deuxième nationalisation d'importance nationale en quelques jours.Lundi 25, Chavez avait annoncé la nationalisation de la filiale locale du numéro un mondial dans la fabrication de bouteilles, l'états-unien Owens-Illinois, qui compte deux usines et un millier d'employés au Vénézuela. Chavez justifie la nationalisation ainsi: « Owens-Illinois est une entreprise à capitaux américains qui exploite depuis des années les travailleurs, détruit l'environnement et vole l'argent des Vénézueliens ».




Plan « Guyana socialista 2019 »: nationalisation des industries-clés et transition vers le socialisme




Mais la nationalisation de la SIDETUR - aussitôt renommé Complexe sidérurgique bolivarien -  est d'une toute autre importance stratégique. En effet, les six usines de cette filiale du groupe privé vénézuelien SIVENSA produisent 835 000 tonnes d'acier par an, exportent dans 25 pays et fournissent 40% des barres en acier du pays. Or, depuis plusieurs années, l'entreprise pratiquait des prix démesurément élevés dans son pays d'origine pour mieux pénétrer le marché mondial. C'est la raison concrète donné par Chavez pour justifier cette nationalisation.



Toutefois, cette nationalisation se comprend dans un vaste plan d'appropriation sociale des moyens de production dans les secteurs stratégiques. En 2008, Chavez avait déjà nationalisé le groupe SIDOR qui possède la plus grande aciérie de la région. La nationalisation de la SIDETUR s'insère dans ce plan en prenant en compte le fait que « la SIDETUR n'est pas juste une entreprise », comme le rappelait le ministre vénézuelien des mines et industries fondamentales José Khan, « c'est une entreprise qui doit à servir à garantir des produits de base pour le logement, les infrastructures et les routes. »



Cette nationalisation s'inscrit plus globalement dans le « Plan Guyana socialista 2019 » présenté par Chavez en 2009 et qui prévoit une prise de contrôle de l'État sur les industries du fer, de l'acier et de l'aluminium. Comme le notait lundi le président de l'Industrie de l'aluminium vénézuelien (Venalum) Rada Gumuluch: « L'intégration des deux industries de l'acier et de l'aluminium est stratégique pour le pays et pour la construction du socialisme (…) pour assurer le socialisme, les moyens de production doivent être au service du peuple ».



La nationalisation démocratique, avec contrôle ouvrier, de ces industries-clés ne se conçoit que dans le plan global de transition au socialisme: « Ce conglomérat d'industries répondra aux besoins du peuple. Nous avançons vers une forme sociale, collective, indirecte de propriété. L'État administrera l'industrie, mais les travailleurs sont les acteurs fondamentaux », a-t-il ajouté.




La question du logement: une nécessaire intervention de l'État pour pallier aux défaillances du privé




L'autre versant de la nationalisation de la SIDETUR est celui de la question du logement. La production annuelle de la SIDETUR permettrait la construction de 135 000 logements par an. Dans un pays où le secteur immobilier est encore largement entre les mains du privé, l'état dramatique de la sous-production par rapport à la demande exponentielle de logements est, pour le président Chavez à mettre au crédit de la stratégie spéculative des grands groupes immobiliers.



« Les intérêts privés, les spéculateurs ne veulent pas une production massive de logements pour le peuple. Ils opèrent selon la notion capitaliste de l'offre et de la demande. Moins il y a de logements disponibles, plus élevée est la demande, et plus ils peuvent en tirer de bénéfices », a résumé dimanche le président de la République bolivarienne.



C'est pourquoi Chavez a accompagné la nationalisation de la SIDETUR de celle de six projets immobiliers au nord du pays, l'occupation temporaire de huit autres projets (temporaire puisque les logements seront ensuite remis aux résidents eux-mêmes) ainsi que la supervision étroite de dix-neuf autres projets.



Les communistes vénézueliens avaient conditionné leur alliance historique des législatives du 26 septembre à un « approfondissement de la révolution bolivarienne » dans lequel les nationalisations démocratiques occuperait un rôle central.



Après les premières nationalisations annoncées au mois d'octobre dans les secteurs agro-alimentaires et pétroliers (cf article d'octobre: Accélération de la « Révolution agraire » et de la politique de nationalisations: une étape dans l' « approfondissement de la révolution socialiste » au Vénézuela), ces nationalisations dans des secteurs aussi stratégiques que le bâtiment et la sidérurgie démontrent que l'appel des communistes vénézueliens a trouvé un écho du côté de l'allié socialiste.



Même s'il est trop tôt pour se prononcer définitivement – surtout dans un pays dans lequel 2/3 des richesses sont encore produites par le privé, soit le même niveau qu'en 1999, année de l'arrivée au pouvoir de Chavez – il semble que le gouvernement Vénézuelien, porté par l'alliance historique entre communistes et socialistes, suive désormais la voie indiquée par les communistes vénézueliens.

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