arton172-de658.jpgMythologie européenne



Traduction JC pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/



par Jorge Cadima, membre du département international du Parti Communiste Portugais



Au cours des deux dernières années, de nombreux mythes ont volé en éclats. Il est clair que, comme en 1929, le capitalisme en fonctionnant conformément à ses principes a provoqué une gigantesque crise mondiale. Et que tout est bon pour sauver le grand capital financier – premier responsable des énormes proportions prises par la crise. Pendant que les travailleurs devaient faire avec le chômage, les Etats nationaux (confirmant au service de qui ils sont) devaient faire avec les déficits, dettes, « actifs toxiques » et les risques. Sans exiger rien en retour, sans modifier les « régles du jeu », sans limiter le pouvoir et les profits du grand capital. Aujourd'hui, on dit que la situation financière des Etats est insoutenable. Mais c'est le résultat direct du plan de sauvetage du grand capital financier. Et cela pas seulement en Grèce ou au Portugal, mais dans de nombreux pays – à commencer par les Etats-Unis et l'Angleterre.



Désormais, de nouveaux mythes s'effritent. Il est évident que nous « ne sommes pas sur le point de sortir de la crise ».



Ceux qui ont cru que « l'Europe serait avec nous » et que l'Euro était « ce qui allait nous protéger », au nom de quoi on devait sacrifier la souveraineté nationale, sont devant la réalité des marchés/spéculateurs.



Pour ceux qui ont cru au « modèle social européen » ou à la « solidarité de nos partenaires européens », il y a la Commission Européenne qui impose la baisse des salaires, la diminution des retraites, le licenciement de milliers de fonctionnaires, les coupes dans les services sociaux.



Non pour « aider » les pays en difficulté à payer leurs dettes, mais pour aider les banquiers créanciers, qui sont surtout français et allemands. Pour ceux qui affirment que l'UE et l'Euro sont « inévitables » et « irréversibles », il y a la nouvelle d'El Pais (14 mai): selon Zapatero, Sarkozy a menacé (tapant du poing sur la table) l'Allemagne d'un retrait de l'Euro, au cas où elle ne donnerait pas le feu vert au plus récent paquet de mesures. Ou les déclarations d'Angela Merkel selon laquelle certains pays pourraient être exclus de l'Euro. C'est un autre mythe qui s'effondre, celui de la « souveraineté partagée ». La « souveraineté » au sein de l'UE est celle des grandes puissances. C'est ce qu'on a vu quand il est arrivé à la fois à la France et à l'Allemagne d'être pénalisées pour avoir dépassé le seuil des 3% de déficit budgétaire: ils ont décidé de suspendre les règles.



C'est-à-dire que certains PIIGS sont plus égaux que les autres...



Il est aujourd'hui évident que la lutte de classe, loin d'être une chose du passé, est le mot d'ordre de la Commission Européenne, et de ses chiens de garde dans chaque pays. Ils profitent de la crise pour accélérer les mesures de classe qu'ils avaient déjà décidé de prendre et pour faire de nouveaux sauts qualitatifs dans une toujours plus tyrannique « intégration européenne » au service du grand capital des grandes puissances. Le capitalisme sénile de nos jours, loin d'être un système « efficace », « dynamique », qui « crée des richesses » et la « distribue du haut vers le bas » est un gigantesque aspirateur qui suce toute la richesse de la planète et, comme un nuage de sauterelles, détruit tout sur son passage: industries, régions, pays, continents. Aucun peuple n'est à l'abri de ce fléau – ni les pays de la périphérie, ni ceux du centre du système.



Que personne ne se laisse avoir par le mythe selon lequel « nous devons tous faire des sacrifices pour sortir de la crise ». Il n'y aura pas de sacrifices à faire pour le grand capital. Et il n'y aura pas non plus de sortie de crise. Les mesures prises en ce moment ne vont pas rassasier l'appétit du monstre. Il est déjà clair que le paquet de 750 milliards de l'UE et du FMI, adopté pour « rassurer les marchés » (qui la veille étaient encore « spéculateurs ») ne va rien résoudre (Martin Wolf, Financial Times, 12 mai). Si le problème est celui d'un excès de dette, un plus grand endettement, accompagné de la contraction de l'activité économique, ne va faire qu'amplifier le problème.



Ceux qui ont vendu l'UE aux portugais nous ont vendu l'illusion de nous voir être une petite Allemagne. La réalité, c'est que nous allons devenir une petite Argentine. Au lieu de la production nationale, nous nous trouvons avec les dettes. Au lieu de la souveraineté, nous allons avoir les contrôleurs de l'UE qui prendront la place de l'Assemblée de la République. Il est temps de rejeter ces mythes et d'affronter la réalité.



Les peuples n'ont qu'une seule voie: résister, lutter, se soulever.

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